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EAN : 9782915018738
68 pages
Quidam (07/05/2012)
4.08/5   13 notes
Résumé :
Il se tient à la fenêtre. Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.

Bribes de conversations, fragments de vie... Dans une pièce vide et devant une fenêtre au carreau fêlé, Felix se souvient. Puzzle d'une existence dont l'amour, l'amitié, les enfants, l'art et une expérience de «mort approchée» constituent le vécu. Une vie passée en revue où le temps jadis et le temps présent renvoient l'un à l'autre, semblent p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Soixante pages de grandeur pudique : la belle et terrible solitude de l'intellectuel.

Publiée en 2006 (en 2012 en français chez Quidam), la dix-huitième oeuvre de fiction du Britannique (vivant à Brighton) Gabriel Josipovici, découverte grâce à la chaleureuse présence de l'éditeur Pascal Arnaud chez Charybde, et au relais enthousiaste de Claro, propose 60 pages d'une densité exceptionnelle, quasiment magique.

Dans une pièce, un homme se tient debout à la fenêtre. Par petites touches successives étrangement poétiques, alternées de sourds flashbacks, le lecteur découvre peu à peu, entrevoit, devine qu'il s'agit d'un intellectuel, écrivain, divorcé, peut-être même veuf, maintenant plutôt âgé, sans doute atteint désormais d'une maladie incurable, que ses deux grands enfants viennent visiter, dans sa retraite presque monacale...

En peu de phrases, toutes en discrétion et en pudeur, Gabriel Josipovici réussit à atteindre la pureté analytique du dévoilement d'un drame intime, qui est celui de la pensée, de la création et de l'obsession.

"Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher."

Les quatre vers de Baudelaire dressaient le constat de l'incommunicabilité qui est le lot du créateur "au sol", hors de sa sphère propre. Gabriel Josipovici explore ce gouffre avec une magnifique retenue et une effrayante clarté, donnant à percevoir en profondeur à quel point l'exigence intellectuelle secrète inévitablement le risque du vertige et de l'enfermement dans un ailleurs privé...

Une très belle découverte, qui résonne de surcroît intensément avec le "Moo Pak" du même auteur (1994).
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«Une pièce.
Il se tient à la fenêtre.
Et une voix dit : Tout passe. le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe

Gabriel Josipovici arrive à créer du silence avec des mots.
«Tout passe» est un texte si épuré qu'il semble être en creux, comme une dépression remplie de la difficulté d'exister, qui déborde en même temps de la plus grande exigence.

Un homme est seul dans sa maison, face à sa fenêtre, fêlée. Il ne se passe rien dans cette pièce et dans ce texte nus, si ce n'est que cet homme, âgé, vient toucher du doigt les fêlures de sa vie. le téléphone sonne, les enfants viennent le voir pour s'assurer que leur père va bien, mais c'est comme s'il ne se passait rien. Dans un présent rempli de ces événements vides, effet de la vieillesse ou de la maladie, quelques souvenirs pleins émergent, les histoires d'amour de cet homme aujourd'hui veuf, et les souvenirs de ses enfants, petits, dans un récit qui mêle passé et présent entremêlés comme les éclats de cette bombe à fragmentation qu'est la mémoire.

Le dénuement de l‘être, et en particulier de celui qui se confronte à l'exigence de l'écriture, semble être surmonté quand le narrateur pense littérature, évoque les écrivains ses prédécesseurs dans la solitude. Alors, avec Rabelais qui avec l'imprimerie était devenu le premier à n'écrire que pour lui-même, le récit devient libre, et tout à coup remplit tout l'espace de la page.

Et, curieusement, ce plein est moins dense, plus léger, comme si tout prenait vie avec la littérature.

Gabriel Josipovici est un vrai magicien.
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Tout passe est un petit livre plein de poésie - épurée de surcroît. Gabriel JOSIPOVICI se livre ici à l'écriture de bribes de textes, maîtrisée et délicate, qui se déguste au fil des pages.



Le titre de ce petit texte est sans doute l'un des meilleurs possibles. En effet, ici, Tout passe est ce qu'on pourrait qualifier de performatif. La plume est courte - sans toutefois être dénuée de vivacité - et transpose l'indicible. L'apparence quelque peu simple que l'on pourrait prêter au texte n'est en réalité que le masque d'un livre bien plus profond. À s'y pencher de plus près, Tout passe regorge de petites pépites stylistiques.



Les dialogues ont la place principale au sein du texte. Il permettent à l'écriture d'évoluer avec réalisme. Transposant le contenu sémantique dans un milieu proche, accompagné par des personnages, Gabriel JOSIPOVICI place son livre dans une dimension accessible et pointue à la fois - les phrases très courtes et la profusion de la ponctuation aidant.



Traduit de l'anglais pas Claro, Tout passe est un petit livre aux allures modestes, mais qui ne laissera sans doute pas le lecteur indifférent. le caractère clairement dépouillé de l'écriture confère au texte ce style décalé qui réside souvent dans les bons livres.


Lien : http://actulitteraire.canalb..
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Un homme, seul face à une fenêtre fêlée. Répétitions incantatoires. Des bribes de vie. Des enfants qui ont grandi en arrière fond. Bref, et épuré.

C'est fascinant, une perfection formelle. Je suis un petit peu plus réservée sur le contenu. Il y a quand même un côté exercice de style. Très abouti dans son genre. Mais tellement pensé et maîtrisé. Cela fait aspirer à quelque chose d'un peu moins cérébral à la suite de cette lecture.
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Dans une pièce vide au plancher nu, un homme regarde par une fenêtre au carreau cassé. Et c'est tout. Voilà l'histoire de Tout passe, minuscule roman (par le nombre de ses pages), mais grand roman (par la beauté de son texte). Tout passe est un petit objet minimaliste, pointilliste, impressionniste dans le sens où il “impressionne” l'esprit du lecteur, il le marque d'images, de musique et de mots.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/07/chronique-livre-tout-passe/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Rabelais, dit-il, est le premier écrivain à l'ère de l'imprimerie. Comme Luther est le dernier écrivain de l'ère manuscrite. Bien sûr, dit-il, sans l'imprimerie Luther serait resté un simple moine hérétique. L'imprimerie, dit-il, en ôtant la mousse à la surface de sa tasse, a fait de Luther le puissant qu'il est devenu mais c'était essentiellement un prédicateur, et non un écrivain. Il connaissait son public et écrivait pour lui. Rabelais, lui, dit-il en suçant sa cuiller, a compris ce que signifiait pour l'écrivain ce nouveau miracle qui était l'imprimerie. Ça signifiait avoir gagné le monde et perdu le public. Ne plus savoir qui vous lisait ni pourquoi. Ne plus savoir pour qui vous écriviez. Rabelais, dit-il, trouvait ça insupportable, comique et délectable, tout ça en même temps.
- Tu comptes écrire sur Rabelais ? demande-t-elle.
- Oui, dit-il. Je crois que oui. Je voudrais expliquer aux gens sa modernité. Ce qu'il signifie et devrait signifier pour nous tous, maintenant.
Il la regarde. Elle sourit.
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L’ennui, avec la plupart des œuvres littéraires, dit-il, c’est qu’elles vous abordent frontalement. Ça ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie. Les choses se contentent de nous passer devant et nous en avons à peine conscience que déjà elles sont parties.
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Une pièce.
Il se tient à la fenêtre.
Et une voix dit : Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.
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