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EAN : 9782923896168
Marchand de feuilles (12/09/2012)
3.9/5   5 notes
Résumé :
« Dans le dénuement j'ai trouvé l'abondance. » raconte Bianca Joubert parachutée à la lisière du Sahel dans un lieu sans miroirs, fenêtres ou vitrines pour lui rendre son reflet. Elle se retrouvera dans les gestes taciturnes d'un brodeur coincé entre ses croyances et la modernité au creux d'un village où les femmes marchent un enfant au dos, un plateau sur la tête en tricotant. Par delà les nuits où le silence est d'une telle qualité qu'on croirait entendre le scint... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une jeune femme nous raconte son immersion dans la vie d'un village africain sous le regard amusé et curieux de ses habitants. Elle ne nous dit rien de son action au sein du programme de coopération internationale qui l'a menée à Bokin mais relate sa découverte d'un mode de vie aux antipodes du sien. Ignorante de tout, de la langue , des us et coutumes , elle est incapable de participer aux tâches les plus simples mais se laisse si bien imprégner par la culture mossi, qu'elle aussi finit par développer milles et une superstitions. Car la sorcellerie est omniprésente, elle se cache partout et il faut prendre garde au mauvais sort. Son regard, même s'il est émerveillé, n'en est pas complètement naïf pour autant. Elle voit bien que que tout n'est pas idyllique. Elle sait que la violence peut éclater à tout instant, que les femmes sont loin d'être les égales des hommes et que le dénuement extrême des villageois n'est pas un choix .
SI elle est séduite par la magie des paysages et la bienveillance de ses hôtes, elle l'est surtout par le charme d'un homme aux yeux de chat, un mystérieux brodeur qu'elle aime malgré les différences et les convenances. C'est cet homme qui sert au récit de fil conducteur.
Dans une première partie consacrée à son séjour en pays mossi, la langue de Bianca Joubert est claire et lumineuse comme un ciel africain. Elle devient plus journalistique dans la seconde partie, quand de retour chez elle, elle évoque la politique du Burkina Fasso et le sort des candidats à l'immigration clandestine à travers le récit d'un homme venu lui apporter un message de celui qu'elle a laissé en Afrique.
Comme celle des ancêtres qui flotte partout dans l'air et dans l'eau, l'âme de Thomas Sankara plane sur ce récit. Cet ancien président qui a conduit une politique d'affranchissement du peuple burkinabé a été assassiné en 1987. Depuis, il a élu domicile dans les coeurs des villageois de Bokin.
Ce roman de Bianca Joubert a été pour moi une fort belle découverte. Celle d'un homme, d'un peuple , d'un auteur et d'une maison d'édition que je ne connaissais pas.
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Dès les premières lignes du Brodeur, le premier roman de Bianca Joubert, lauréate du Prix de la nouvelle de Radio-Canada en 2008, tout lecteur qui n'a jamais mis les pieds en Afrique se trouve dépaysé, voire même déstabilisé. C'est ce qui est arrivé à l'auteure, journaliste pigiste, qui a eu l'occasion de fouler le sol africain plus d'une fois, en commençant par le Burkina Faso où se déroule ce roman empreint de poésie, où la lumière domine, où les couleurs vous font cligner des yeux, où les images s'additionnent et créent une toile dans laquelle s'insèrent les différents personnages.

La narratrice, le temps d'un programme de coopération internationale, à l'instar de l'auteure, débarque au Burkina Faso. Nous ne savons pas exactement quel sera son rôle au cours de son séjour et nous ne le saurons pas non plus. L'histoire se passe ailleurs. En dehors des raisons pour lesquelles elle est là. Dans les liens qu'elle tisse malgré la barrière linguistique, malgré les différences culturelles et sociales, comme la polygamie. Parce que l'émerveillement est plus fort que ces écarts. Parce que la générosité est là, partout, probablement plus grande parce que le dénuement est grand.

Roman poétique et composé de deux parties sans chapitres, lesquelles sont divisées en sections portant des titres qui annoncent le contenu — « le temps n'existe pas », « Lire le ciel », « L'enregistreuse », « le baobab », « L'atelier de couture », etc. —, le brodeur est aussi l'histoire d'un homme. Un homme secret, taiseux, mais jamais avare de gestes ou de présence. Un homme dont la narratrice s'éprendra en mesurant l'immense fossé qui les sépare et en demeurant consciente que tout ce qui se passe en Afrique ne sort pas d'Afrique.

« le brodeur est une ombre fugitive qui m'auréole. Qui donne du relief à ce qui n'avait pas de contour. » C'est peut-être la raison pour laquelle il a tant d'importance et pourquoi tout s'articule autour de lui. Même ce que la narratrice vit avec les autres personnages, cette forme de « tribu » qui devient la sienne, même si elle est une étrangère. Or, elle ne juge pas, ne cherche pas à modifier les comportements. Elle n'est pas là pour ça. Peut-être même va-t-elle plutôt apprendre plutôt que transmettre son savoir.

Mais le séjour un jour prend fin, ce qui donne lieu à la deuxième partie, laquelle se déroule deux ans après le retour de la narratrice alors qu'elle accueille un ami du brodeur venu lui raconter ce qui est arrivé à celui-ci, comme il avait promis de le faire s'il lui arrivait quelque chose.

Ces pendant et après de l'aventure africaine donnent un très beau roman tissé à même l'addition d'épisodes. Un roman qui porte sur la vie, sur ce qu'elle a de beau, sur ce qui anime les uns et les autres et les lie. Un roman qui fait montre d'une grande maîtrise d'écriture et d'un talent pour créer des atmosphères. Un roman qui prolonge le voyage entamé avec L'invention de la tribu de Catherine-Lune Grayson.

Il est loin le temps où on reprochait aux écrivains québécois de camper l'action de leurs romans ailleurs qu'au Québec. Enfin, pas si loin. C'était en 1986. L'hiver de Mira Christophe de Pierre Nepveu se déroulait à Vancouver, Une histoire américaine de Jacques Godbout, en Californie. Les critiques avaient souligné la chose. Comme s'il était interdit à une jeune littérature de sortir du pays de ses racines.

Heureusement, nous n'en sommes plus là.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Je vous propose de découvrir le premier roman de Bianca Joubert. J'avais beaucoup aimé le second "Le léopard ne se déplace pas sans ses taches" lu l'an dernier. Direction le Sahel, le Burkina Fasso.

La narratrice qui s'adresse à nous à la première personne arrive pour un séjour de coopération dans un village de brousse à Bokin, elle nous emmène avec elle à la rencontre des habitants et des traditions du Sahel.

Le livre se partage en deux parties. Dans la première, Bianca Joubert nous propose à travers de courts chapitres de nous imprégner de la lumière du Sahel et du village de Bokin, de la générosité des habitants vivant dans un grand dénuement par rapport à notre mode de vie et notre société de consommation, des paysages enchanteurs à la terre rouge craquelée attendant que la pluie tombe. Elle nous invite à boire un thé autour des cendres du charbon, à regarder la télé avec une quarantaine de villageois tous pressés autour de la boîte magique..

Elle s'imprègne peu à peu du village, de ses habitants, des us et coutumes malgré la barrière de la langue. Elle nous parle de la polygamie, des femmes, de la religion mais aussi beaucoup de la sorcellerie et des fétiches très présents.

Elle vit au rythme de là-bas, s'intégrant et s'attachant de plus en plus à ce pays où plane encore l'ombre du Président Thomas Sankara assassiné en octobre 1987, il reste le symbole de la jeunesse.

Un homme la charme et la séduit, elle passe beaucoup de temps avec lui, il nous conte son métier, c'est le brodeur.

Dans la seconde partie, la narratrice est de retour au Québec depuis deux ans lorsqu'un messager, Salaam, vient à sa rencontre pour lui raconter son long voyage et l'histoire du brodeur. Bianca Joubert apporte ici un regard plus politique, plus journalistique en s'intéressant à l'immigration, à ce qui pousse le peuple à fuir le régime, à la répression et aux assassinats du pouvoir qui a commandité la disparition brutale de Thomas Sankara. aux conditions de voyage et la difficulté de trouver refuge ailleurs. Il faut dire que trente ans plus tard le peuple attend encore la justice.

Avec beaucoup de charme et de poésie, Bianca nous livre ici une écriture claire et lumineuse. C'est visuel, elle nous propose un vrai voyage.

Un premier roman très réussi.

Ma note : 8.5/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C’est ce qui m’a pris : l’envie de laisser cet amour sous verre, pour qu’il respire de lui-même, pour ne jamais le perdre dans la lassitude.
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Ce qui est inachevé reste pour toujours merveilleux. Inépuisable. C'est ce qui m'a pris : l'envie de laisser cet amour sous verre, pour qu'il respire de lui-même, pour ne jamais le perdre dans la lassitude.
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La grande traversée qui m'attendait, cette fois, c'était le passage non seulement d'une rive à une autre, mais d'une vie à une autre.
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La chambre est devenue notre extension, le seul lieu où nous pouvons exister pour ce que nous sommes vraiment, deux naufragés qui plongent l’un dans l’autre à chaque nouvelle pluie. Comme des aveugles, s’abreuvant à tâtons de tout ce qui les sépare.
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Au fond, ses doigts ne m’ont jamais vraiment laissée partir, seulement prêtée au monde extérieur. Il me garde et m’emmêle dans les fils dorés qui dessinent l’horizon de son quotidien.
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L'Amérique n'est blanche qu'en hiver, Bianca Joubert
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