Petit déjeuner chez Tyrannie suivi de Le crétinisme alpin

C'était si beau, le temps de "L'Esprit des Péninsules"...
Eric Zemmour n'existait pas encore (je veux dire : en tant que créature média/maléfique)...
Eric NAULLEAU était éditeur et tenait sa toute petite entreprise dans le XIème arrondissement parisien (si je m' souviens bien, puisqu'ayant demandé à être reçu dans sa tanière, il reçut "l'obscur" - et fort bien !).
C'est que... La vérité ? Une expérience (malheureuse) avec une même dame (Josiane Savigneau) nous avait rapprochés.
Allons... L'anecdote ? Le bouseux (que je reste) avait écrit une petite carte ironique à l'alors-patronne du supplément hebdo du "Monde", dit "Le Monde des Livres", pour s'étonner de l'écho curieux et volumineux [une pleine page signée de sa main] donné par elle à la production (parfaitement insignifiante) de l'alors-fille cachée de François Mitterrand... Bref, le "premier roman" de la demoiselle.
Mal m'en avait pris : je reçus une carte insultante (et vaguement intimidante) de la dame... qui visiblement ne comprenait point ma "méfiance" de bouseux (car elle avait bien noté que j'habitais alors "Tourtrol", faisant succéder - sur sa petite carte à "en-tête" griffonnée - le nom de ce village de 3 points d'exclamation... Arf, arf, c'est d'un plouc, "Tourtrol"... [étymologiquement : vient de "tourterelles"]). Bref, j'avais commis le crime d'exprimer une méfiance instinctive (d'ailleurs argumentée mais horriblement plouqueuse) envers la production "normale-parisienne".
A Eric Naulleau, il était arrivé à peu près la même chose : il avait "manqué de respect" à la dame et s'était fait dûment voler dans les plumes par "La Patronne"... "La Donna", quoi ! (Cf. Vito Corleone, en moins sympa).
Eric Naulleau relate l'épisode en ce livre très court : il se trouva accueilli non par une mais par TROIS personnes en prenant rendez-vous avec Josiane... Damned, un guet-apens ! Et il s'en sort vivant (tel Mykie Corleone, au fond) mais voilà, il se venge dans ce bouquin.
Il relate. Il l'ouvre. "Finita la omerta".
Et il fait bien.
Il a du talent dans son pamphlet.
Ca crachouille, ça percute, c'est (presque) du Guillaume Meurice écrit...
Bref, c'était bien avant le (si triste) Cirque médiatique Zemmour-Naulleau...
Ah, c'était l' Bon Temps, tiens ! Et tiens, vive Josiane [!!!], avec tout l' recul nécessaire (état de stress post-traumatique, sors de nos corps !) :-D
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« Bon Appétit, Messieurs ! »

« En tout cas, dites bien à ce crétin des Alpes que si je le croise un jour, je lui mets mon pied dans les couilles". C'est ce que confie la charmante Josyane Savigneau à Eric Naulleau, en visant Pierre Jourde, l'auteur de la Littérature sans estomac, qui lui a valu le prix de la critique De l'Académie Française. A l'honnête critique, la gentille créature souhaite également la tuberculose et la mort. Rien que cela. Et lui trouve une mine de sidéen. Est-il bien normal qu'il porte aussi des lunettes noires ? Eric ne pouvait en entendre davantage. Il écrivit ce petit livre, pour défendre son ami.

L'ouvrage de Jourde déplut au Monde des Livres, parce que s'y lisait une certaine dénonciation littéraire et médiatique, en mentionnant Josyane Savigneau, sa directrice, et Philippe Sollers, collaborateur gaillard et prolixe... Il y eut donc un fameux déjeuner, réunissant entre autres Savigneau et Jean-Luc Douin, auteur d'un article dans le Monde révélant "la respiration catarrheuse" de Jourde. Décidément, tous les moyens étaient bons pour étouffer le pauvre critique !

Le titre rappelle avec humour, sans doute, "Petit déjeuner chez Tiffany" de Truman Capote. le lecteur est ainsi mis au courant des diverses polémiques surgies tout autour du livre de Jourde, de l'agitation et des raisons précédant l'origine de ce petit déjeuner. Tout y est enfin révélé et se lit avec intérêt, bien servi par la verve reconnaissable entre mille de Naulleau, acide et franche, avec des remarques fort justes, et toujours cette culture littéraire qu'envient sûrement la plupart des auteurs de romans contemporains. Une bonne leçon pour tout un petit monde de gensdelettres dévitaminé et asthmatique.

A sa suite, se lit "Le crétinisme Alpin", où Pierre Jourde s'explique, ne mâche pas ses mots, revient sur le problème du critique qui doit avoir la bouche cousue pour plaire et survivre, et il dénonce alors cette dérive. Il dévoile par la même occasion certains remous et affaires pénibles, toujours sur le ton personnel que vous lui connaissez, désormais. Un grand moment de plaisir où l'humour n'est pas absent. L'empathie s'installe. On se dit qu'on rêve, qu'une certaine frange du monde du livre est en état de décomposition avancée ou qu'elle a bu un coup de trop.

En fin de livre une annexe : des extraits de presse, un fait divers déroutant. Vous serez médusés. Enfin une lettre de l'avocat Emmanuel Pierrat, incriminant P. Jourde : vous rirez. Sans aucun doute. Et Pierre Jourde lui répond. Et comment !

En résumé, un petit livre délicieux pour bien comprendre cette "ténébreuse affaire".
Et les héros triomphent, comme il se doit. Leur probité nous émeut.
A lire ! D'urgence !

Un pamphlet virulent et souvent d'une justesse hilarante visant le petit monde médiatico-littéraire parisien, et notamment les grands prêtres du supplément littéraire du journal le Monde,"Le Monde des Livres", du moins celui de l'époque de Josyane Savigneau et de l'immodestie et insupportable Philippe Sollers, dont le portrait caricatural est un morceau d'anthologie...Sont dénoncés les petits arrangements entre amis, les "renvois de monte-charge" et auto-congratulations hypocrites... Cela venge le lecteur naïf du célèbre supplément, qui a lu tant de mauvais livres sur la foi d'éloges aussi dithyrambiques que de complaisance, et vu passer des chefs d'oeuvre juste pourvus d'un entrefilet méprisant (je pense à Makine).
Éric Naulleau n'était pas à l'époque une vedette médiatique et son duo avec Pierre Jourde gardait une sincérité iconoclaste et réjouissante... On sait ce qu'il en est advenu. Mais le livre reste un morceau de bravoure à déguster sans modération, les maux décrits étant récurrents...

Retour sur les réaction suite à la parution de la littérature sans estomac, par l'éditeur (Eric Naulleau) et l'auteur (Pierre Jourde) du livre. En particulier, le comportement de l'équipe du Monde des livres est analysé pour ses ressemblance avec le fonctionnement des régimes politiques de l'ex bloc de l'est.