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Pierre Jourde (Directeur de publication)
EAN : 9782914453851
136 pages
L'Archange Minotaure (22/06/2006)
4.15/5   17 notes
Résumé :

A partir de la méthode développée par Queneaudans ses Exercices de style, mais avec quelques variantes, une équipe d'étudiants de l'université Stendhal, chaperonnée par Pierre Jourde, s'est livrée sans retenue à diverses voies de fait sur Le Petit Chaperon Rouge : réduit, allongé, vulgarisé, érotisé, psychanalysé, géométrisé, goûté, sitcomisé, litotis&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Idée de départ : proposer en atelier d'écriture à des étudiants en littérature de réécrire le Petit Chaperon Rouge à la manière des Exercices de style de Raymond Queneau, rassembler les textes, en faire un recueil.
Cette idée est indiscutablement bonne pour les étudiants, mais ma première impression à la lecture était plus dubitative, lire ces textes à la suite est très vite lassant. En effet il y en a 46, et l'histoire de départ est bien plus longue que celle qui a servi de prétexte aux exercices de Queneau. J'aurais dû m'obliger à ne pas en lire plus de trois par jour !
Reste qu'il y a une quinzaine de petits bijoux très variés : paysan, lipogramme a et o (sans a ni o), lipogramme en e version 1 (sans e), homéothéleute en ette, gustatif, recette, sportif, fantastique, bureaucratique, franglais, point de vue du loup, point de vue de la mère, succinct, lapidaire, copie de CE2. C'est peu dans l'ensemble du livre, mais en discutant avec la personne qui me l'avait prêté, elle m'a fait réaliser que nombre des textes qui m'avait semblé de peu d'intérêt à la lecture se prêtaient fort bien à la lecture à haute voix voire à une théâtralisation. Pourquoi pas ?
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Les Exercices de style de Raymond Queneau sont utilisés en atelier d'écriture et à l'école depuis bien longtemps (réécrire un passage en changeant de personne, de registre ou de point de vue). Mais ces activités d'écriture sont toujours négligées au profit d'une obsession idéologique morbide pour la lecture et l'analyse de textes du patrimoine... Pour Dominique Bucheton, la pratique de la réécriture en général serait une des activités les plus efficaces pour la maîtrise de l'écrit (cf. Refonder l'enseignement de l'écriture), car elle permet de prendre du recul sur sa pratique, de se libérer de la charge cognitive de première écriture (imaginer, respecter les consignes, sélectionner ce qui est à dire, choisir le point de vue, tourner correctement la phrase, trouver du vocabulaire, orthographier...), et de motiver le passage à un travail de précision sur la forme (un recopiage en corrigeant les fautes d'orthographe s'apparente à de la punition...), et sur la juste mesure des mots et de l'acte de parole (le maître d'atelier va ainsi relancer l'écriture après lecture du premier travail par une proposition de réécriture : ton texte n'est pas assez visuel, peux-tu faire une variante visuelle ?).

Utiliser les différents types de discours, c'est chercher à identifier leur fonctionnement, c'est devenir moins naïf devant les procédés rhétoriques, publicitaires ou jouant sur le pathos. La variante "maladroit" (directement repris de Queneau et de son célèbre "C'est en écrivant qu'on devient écriveron.") est fondamentale, tout comme par exemple la "Copie de CE2" (aux volontaires fautes d'orthographe), car elle permet de se rendre compte de ce qui est lourd ou futile. de manière générale, chaque version peut être considérée comme un outrage de procédé, une exagération maladroite à éviter. Réécrire était également un des conseils principaux proposés par Antoine Albalat, que ce soit par la pratique oubliée du pastiche - technique d'apprentissage d'un certain Marcel Proust - (cf. L'Art l'écrire) qu'on retrouve ici entre autres dans les styles "Sportif", "Rock n'roll", "Médical" ou "Mathématique" (où l'auteur a importé un style) ou celle de l'élagage - le Travail du style d'après les brouillons des grands écrivains - que l'on retrouve dans les "Succinct", "Haïku", "Lapidaire". L'exercice permet de se rendre compte par son écriture à soi, sous sa plume en action, de l'effet d'une figure de style, d'un mot, du rythme des phrases, d'un placement particulier de virgule... Cela entraîne ainsi une écriture, et par ricochet, une lecture plus attentive au détail, moins naïve, ce qui est le propre d'une littératie réelle (passage du déchiffrement des phrases et de l'encodage - alphabétisation illettrée -, à une compréhension en détail d'un acte de langage, dans ses finesses et nuances).

L'écriture de variantes, par exemple "Paysan", "Chaperon sanglant" ou même "Harlequin audace", permet de mieux comprendre le texte original, l'arrière-plan mental, le symbole sexuel, la valeur des actions et les décisions des personnages (aussi dans "point de vue du loup", "de la mère"). "Sitcom" rapproche le conte d'un genre contemporain et permet d'observer les différences de codes de valeur (naïveté, matérialisme). En maniant et en réécrivant l'oeuvre de Perrault, on se l'approprie, on en approche la couche de signification intime, on connaît si bien le conte qu'on en est l'auteur. Et c'est bien là toute la symbolique de l'exercice, réécrire un conte n'est pas un crime de lèse-majesté mais au contraire la démarche normale de la littérature et du conte par excellence : on nous raconte une histoire attrayante, on le reraconte à notre tour. L'exactitude des mots et des péripéties est un obstacle à ce libre passage des histoires, on raconte comme cela nous touche et comme on croit que cela va toucher (de même qu'on doit lire en déformant, en jouant). On active, on éteint certaines significations... on fait des clins d'oeil à l'auditeur, des références à ce qu'il connaît, on provoque sa réaction, on jour sur ses attentes et on les déjoue... Reprendre un conte, s'entraîner à le faire, c'est apprendre l'un des actes humains les plus primitifs et les plus socialement valorisés.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Une histoire ... On la connait tous : le Petit Chaperon Rouge.

Oui mais pas seulement.
Un texte de conte, tout simple, mais raconté chaque fois de manière différente.
En argot, en télégramme, avec litote, de façon synthétique ou au contraire avec beaucoup de détails ...
Bref, c'est un véritable jeu d'écriture et de style que nous découvrons ici.

Un peu à la manière des Exercices de Style de Raymond Queneau !
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Pour tous les theatreux ou ceux qui aiment les jeux de mots et de langage : ce petit livre, issu d'ateliers d'ecriture, présente toutes les versions possibles du conte célèbre du petit chaperon rouge.
C'est souvent très drôle , avec la version "gouailleuse", "publicitaire" ou autres ...

On peut l'apprécier seul mais c'est surtout une lecture à partager, qui gagne à être lue à haute voix.
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Il y en a pour tous les goûts !

Certains m'ont fait beaucoup rire, ils sont très bien écrits.
Mes préférés ? --> Paysan ; Homéotéleute en -ette ; Visuel ; Sportif ; Space opera ; Sitcom ; Harlequin audace ; Bureaucratique ; Franglais ; Psychanalyse.

Une très bonne base pour un travail d'écriture, ou pour offrir une lecture à voix haute.
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Vidéo de Pierre Jourde
Une version scénique et inédite de « Bookmakers », par Richard Gaitet, Samuel Hirsch & Charlie Marcelet
Avec Télérama et Longueur d'ondes
En dialoguant avec 16 auteurs contemporains qui livrent les secrets de leur ecriture, decrivent la naissance de leur vocation, leurs influences majeures et leurs rituels, Richard Gaitet deconstruit le mythe de l'inspiration et offre un show litteraire et musical.
Avec les voix de Bruno Bayon, Alain Damasio, Chloe Delaume, Marie Desplechin, Sophie Divry, Tristan Garcia, Philippe Jaenada, Pierre Jourde, Dany Laferriere, Lola Lafon, Herve le Tellier, Nicolas Mathieu, Sylvain Prudhomme, Lydie Salvayre, Delphine de Vigan et Alice Zeniter.
En partenariat avec Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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