un livre interessant, une histoire prenante. Bons moments de lectures
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Ceux qui meurent laissent derrière eux de petits dépôts, telles des cendres ou de la poussière, qui hantent l’existence des survivants. Impossible de s’en débarrasser. Les souvenirs s’agglutinent dans des endroits reculés, derrière les meubles et sous les radiateurs, gisent sur les étagères ; ils sont là, tels des fragments de verre brisé, attendant le moment où ils pourront se ficher dans une portion de chair vulnérable.
C’était, et c’est toujours, le nombril de la terre. C’est l’endroit d’où jaillit la puissance. Tout comme la graine reste dans la mémoire de la plante qui l’a créée, cet endroit est enchâssé dans le souvenir de ses origines. Les hindous ont un nom pour ce genre d’endroit : un « chakra ». Les Aborigènes l’appellent « jiva ». C’est le berceau du djinn.
La ville de Jérusalem est construite par-dessus. Mon peuple dit que la pierre sous le Dôme doré est en fait une immense résistance qui empêche l’énergie de cet endroit de se répandre sur la Terre.
Jérusalem, un rêve éveillé, un cauchemar, la ville du djinn, vérité au creux d’un mensonge, creuset, axis mundi, fantaisie et hologramme, lieu de massacre et de rédemption, promesse de paix. La ville était un emblème représentant la source de tous les maux : le cœur humain, avec son pouvoir infini pour se tromper lui-même et son imagination qui, un jour, serait peut-être l’instrument de sa salvation.
Tu vois les juifs face au mur des Lamentations ? La plupart d’entre eux ne savent même pas ce que c’est. Ils pensent que c’est le mur du temple de Salomon. Tu les as vus fourrer dans les fissures des papiers où sont écrites des prières ? Ils croient que Dieu est une araignée, peut-être ? C’était non pas le mur du temple, mais la fondation du mur de soutènement de la muraille d’Hérode. Hérode, pas Salomon.
Pour les croisés, Jérusalem était le centre de l’univers et avait donné naissance aux religions monothéistes qui avaient conquis le monde comme des raz-de-marée et, depuis des temps immémoriaux, s’étaient affrontées avec la même rage qu’aujourd’hui. Et la cité était toujours là, tournoyant toujours sous le choc des continents européen, africain et asiatique. Les traces de l’Europe et de l’Afrique étaient comme les branches d’un immense casse-noisettes avec l’Asie Mineure pour tête, qui se refermaient sur l’amande amère qu’était Jérusalem.
Présentation et bilan de mes lectures du mois de décembre 2015 !