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EAN : 9782021139181
192 pages
Seuil (21/08/2014)
3.39/5   98 notes
Résumé :
Célèbre caricaturiste politique colombien, pouvant faire tomber un magistrat, renverser un député ou abroger une loi avec pour seules armes du papier et de l'encre de Chine, Javier Mallarino est une légende vivante.
Certains hommes politiques le craignent, d'autres l'encensent. Il a soixante-cinq ans et le pays vient de lui rendre un vibrant hommage, quand la visite d'une jeune femme le ramène vingt-huit années en arrière, à une soirée lointaine, à un "trou ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 98 notes
Javier Mallarino est un caricaturiste politique colombien célébre, dont l'humour féroce et le trait dévastateur, entier, font et défont les réputations, peuvent faire tomber des maires, des députés véreux, des magistrats, des narco trafiquants, encensé par les uns, détesté par les autres. Depuis les années 80, ses dessins paraissent au centre de la premiére page de la rubrique" Opinion": la caricature, " un aiguillon enrobé de miel."il inspire une sorte de crainte révérencielle aux journalistes. Il est animé par un désir de contestation qu'il exprime à l'encre de Chine. Les grands caricaturistes sont là dit- il " pour déranger, incommoder, être insultés". Talentueux et intransigeant , il ne supporte aucune forme de censure , se méfie des mondanités, vit séparé de sa femme dans les collines de Bogota. le matin, il lit toute la presse, l'après - midi, il envoie son dessin qui aura plus d'impact qu'un éditorial......
Mais le voilà qui s'apprête à être célébré dans la grande salle du théâtre Colon de Bogota à 65 ans, aprés 40 ans de labeur...lui, qui a été jadis menacé, " l'oubli est la seule réalité démocratique en Colombie" pense t- il, il accepte d'être interviewé par une certaine Samantha Leal. Il va vite comprendre que cette jeune femme est venue ici 28 ans plus tôt et il se souviendra alors qu'un député s'était jeté par la fenêtre....
Là, il doit confronter son passé, l'histoire de son pays et son intimité....un douloureux examen de conscience à propos de cette vieille histoire qui refait surface...la frontière entre vie publique et vie privée...
N'aurait t- il pas abusé en toute impunité de son pouvoir médiatique?
Réputé incorruptible, infaillible a t- il fauté?
Il ramène le passé à lui, cela l'oblige à se remettre totalement en question, il devra réfléchir à son métier et à la portée de sa propre réputation .
Mérite t- il vraiment les hommages qu'on lui rend?
Sur quoi au juste repose "sa réputation"?
Est - il coupable d'avoir détruit la vie d'un homme? Mis à part certains doutes et incertitudes, ce qui était publié dans la presse n'était - il pas avéré?
Une page de journal n'était- elle pas la preuve suprême de la réalité d'un fait?
Cet ouvrage impressionne par la force et la qualité des questions qu'il pose, une valse entre l'oubli et l'incapacité de se souvenir, la puissance de la mémoire mais aussi l'usure de faits lâches et honteux qui n'auraient pas su perdurer ou occuper une place dans l'histoire des hommes? Les distorsions ou plutôt les interférences, l'insatisfaction et la tristesse de ne pouvoir partager la mémoire d'autrui....le regret et la culpabilité....le pouvoir exorbitant des médias et ses conséquences imprévisibles....dévastatrices ....surprenantes ....qui aménent le héros à reconsidérer fondamentalement sa place dans la société. C'est aussi le portrait d'un homme, la mémoire et l'oubli qui font et défont l'individu et la collectivité, le décorticage de la mécanique de la réputation et l'exploration du passé ....si douloureux soit - il...

Un roman d'actualité?
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De Juan Gabriel Vasquez, on en était resté à un roman remarquable : le bruit des choses qui tombent. Son successeur : Les réputations, s'il est en peu en-deçà, reste tout de même un excellent livre qui reprend les thèmes favoris de l'auteur colombien : la mémoire, l'oubli et la responsabilité de nos actes. Son héros, caricaturiste de son état, a bâti sa notoriété sur son acuité de la perception de la vie politique de son pays et son insolence provocatrice. On le sait, un bon dessin vaut largement plus qu'un éditorial et à l'heure où on le célèbre notre homme ne se doute pas qu'une histoire dont il ne se souvient même plus va remettre en cause toutes ses certitudes. Lui qui a fait et défait des réputations s'aperçoit, un peu tard, qu'il s'est peut-être trompé, qu'il n'a passé sa vie qu'à s'ériger en juge, sans tenir des dommages collatéraux. Comme toujours, l'élégance du style de Vasquez fait merveille. Dans Les réputations, il ne laisse aucun répit à son personnage principal, le précipitant de la cime vers l'abîme avec une précision qui s'apparente à de le cruauté. Mais ce faisant, il élargit le spectre et s'adresse à chacun d'entre nous. Qu'avons nous fait de nos vies ? N'avons pas, nous aussi, même en toute bonne foi, blessé ou davantage quelques uns de ceux qui nous ont côtoyés ? Comme l'écrivait René Char : "La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil." le roman de Juan Gabriel Vasquez en est la parfaite illustration.
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Après "une rétrospective" que j'ai trouvé non seulement intéressant, instructif mais aussi poignant, je me suis lancée dans "les réputations" avec confiance.
Hé oui, ;-) la réputation de Juan Gabriel Vasquez ... ;-)
Contrairement à "une rétrospective", ici, le personnage central est un homme fictif mais
Javier Mallarino, caricaturiste politique colombien se retrouve sans aucun doute dans nombre de caricaturistes.
Les questionnements sur la mémoire, l'oubli et la réputation sont remarquablement bien amenés. Ce sont des sujets qui ne peuvent laisser indifférents et qui plus est sont traités avec intelligence et une plume sensible et délicate.
Le travail de Isabelle Gugnon la traductrice, est de fait à louer également.
Ce roman fait tristement écho à bon nombre de situations que l'on a pu lire ou voir à travers nos médias.
C'est un roman intelligent que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Même.si la traductrice est excellente, je regrette de ne pas être capable d3 lire ce roman dans sa version originale !!!
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Javier Mallarino est un caricaturiste connu et reconnu pour ses dessins humoristiques qui paraissent quotidiennement dans un journal. « Une autorité morale pour la moitié du pays, d'ennemi public numéro un pour l'autre moitié et, aux yeux de tous, d'homme capable de faire abroger une loi, contrarier le jugement d'un magistrat, renverser un maire ou menacer sérieusement la stabilité d'un ministre avec pour seules armes du papier et de l'encre de Chine. »
C'est aussi – paradoxe ! – l'un des humoristes les plus lus, et pourtant personne ne reconnaît son visage dans la rue.
Mallarino est sur le point de recevoir une prestigieuse reconnaissance au Théâtre Colon de Bogota. Magdalena, son ex-femme avec qui il ne vit plus, sera bien présente dans l'assistance. C'est elle qui, la première fois qu'il s'est vu rectifier l'un de ses dessins par un rédacteur en chef soucieux de ne pas déplaire aux annonceurs, l'a incité à s'adresser au quotidien libéral le plus ancien du pays, en proposant, outre le dessin refusé, un contrat très particulier : le journal ne l'embaucherait pas avec un salaire fixe, mais il enverrait tous les jours un dessin que le journal s'engagerait à publier.
« Il pressentait que la place qu'il occupait dans le monde venait de changer radicalement. Il ne se trompait pas. A cet instant débuta la période la plus intense de son existence, dix ans au fil desquels, après avoir vécu dans l'anonymat, il se fit une réputation, puis accéda à la notoriété au rythme d'une caricature par jour. »
Cette période fantastique est célébrée par la Ministre de la Culture en personne, dans un brillant discours qui décrit les quarante années de sa carrière de caricaturiste.
Seule sa fille Béatriz est absente de la cérémonie.

Pourtant, le lendemain de la commémoration, quand il ouvre sa porte à une jeune journaliste, Samantha Leal, venue lui demander une interview, il a presque oublié la séance de dédicace après les discours, mais surtout il ne souvient pas d'avoir accepté – il ne le fait jamais d'ordinaire – de recevoir chez lui cette jeune femme pour l'interview. Il se sent bizarrement bien avec elle. Il se sent « loquace, communicatif, ouvert, prêt à se livrer ». Mais il n'est pas au bout de ses surprises.
En effet, quand elle lui dit qu'elle souhaite voir son bureau, là où il réalise ses dessins, et qu'elle découvre enfin le dessin qu'elle recherche, elle lui révèle enfin le véritable motif de sa visite…

On ne dira rien de l'histoire de Samantha et de la deuxième partie du livre qui s'ouvre alors.

Disons simplement que l'essentiel de son histoire va porter sur le pouvoir que peut avoir un journaliste qui caricature les hommes publics. Un pouvoir qu'on peut qualifier de terrifiant.
Ajoutons que Samantha a déjà rencontré Mallarino quand elle était petite. Qu'elle a vécu une scène traumatisante dont elle a oublié tous les détails. Et dont Mallarino est partie prenante.

Faut-il raviver la mémoire et raconter ce qui s'est passé ?
Faut-il démasquer ce qui est inavouable ? Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?
Mais qu'est-ce que la vérité ? Est-ce qu'il n'en existe qu'une seule ?
Restaurer la mémoire, est-ce une tâche à laquelle l'historien – l'écrivain – doit se livrer ?
Juan Gabriel Vasquez explore le thème de la mémoire et de ses ressorts. de la même manière que Javier Marias dans son Comme les amours, il remonte l'histoire à la trace … mais ce qu'il pourrait y découvrir n'est pas toujours souhaitable.
Culpabilité, recherche de la vérité, ou de la véracité, l'écrivain explore avec son double caricaturiste des thèmes auxquels sont confrontés les écrivains qui puisent dans la grande histoire de quoi nourrir la leur. Comme dans le bruit des choses qui tombent,

« La mémoire a la merveilleuse capacité de se rappeler l'oubli, son existence, sa manière de se mettre en faction, nous permettant ainsi d'être prêts à nous souvenir ou de tout effacer si on le souhaite. »

« C'est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu'à reculons » dit la Reine Blanche à Alice au Pays des Merveilles. Dans un final hommage à Carlos Fuentes où il joue magistralement avec les temps, Juan Gabriel Vasquez imagine l'avenir immédiat de Javier Mallarino et clôt un roman remarquable à l'attention de tous ceux qui sont en quête de sens.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce roman. Si le style est soigné, le contenu me laisse perplexe. Je ne sais pas si c'est le personnage central qui m'indispose ou la fin que je trouve un peu trop mystérieuse, mais j'ai le sentiment d'être restée sur ma faim. Pourtant, la réflexion ici développée par Vasquez est brulante d'actualité : la caricature comme message politique, les réputations qui se font et se défont, la presse qui relaie les informations sans souci des dégâts (tant pour l'entourage des personnes incriminées que pour leurs victimes), le cynisme teinté de mépris de ceux qui sont autorisés à nous dire ce que l'on doit penser, etc. Tous sujets vraiment passionnants qui obligent chacun à se pencher sur son rapport à la presse, à l'information, à sa tendance au voyeurisme.
Javier Mallarino, caricaturiste colombien, reçoit une distinction pour l'ensemble de son oeuvre. A cette occasion, il est approché par une jeune femme, Samantha, qui se dit journaliste et à qui il donne rendez-vous le lendemain pour une interview. Il s'avère qu'elle est en fait une ancienne camarade de sa fille et que, lors de la cérémonie de la veille, des images lui sont revenues qui ont fait surgir de lointains souvenirs qu'elle veut explorer avec lui.
C'est, encore une fois, très bien écrit, avec des allers-retours dans la vie professionnelle et affective de Javier. On le voit évoluer dans sa perception d'une nouvelle réalité qui n'est finalement qu'une prise de conscience de son propre narcissisme - la dénonciation de faits sociaux ou d'hommes politiques ne servant que sa propre gloire. Javier Mallarino n'est donc pas un homme bien sympathique et peut-être ai-je besoin de développer un peu d'empathie envers les personnages pour adhérer au propos. Et même si sa part d'humanité se dévoile peu à peu à travers un questionnement sur la responsabilité, cela intervient bien tard...
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critiques presse (5)
LaPresse
12 décembre 2014
Le plus récent roman du Colombien Juan Gabriel Vasquez est de ces romans qui nous accompagnent bien après la dernière page. Il nous entraîne au coeur de la remise en question d'un caricaturiste.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
21 octobre 2014
Questions lourdes de sens et de conséquences, mais abordées dans un texte qui file à toute vitesse, qui ralentit un peu le rythme, puis tourne à 180 degrés, revient sur ses pas, toujours avec fluidité, tout cela pour s'interroger sur notre époque [...].
Lire la critique sur le site : LaPresse
Telerama
01 octobre 2014
Mallarino [...] devra réfléchir à son métier, à sa vie et à la portée de sa propre réputation. Juan Gabriel Vásquez en fait le personnage central d'un très beau roman sur le pouvoir des médias et ses conséquences imprévisibles.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
12 septembre 2014
Juan Gabriel Vasquez orchestre à merveille la valse des souvenirs et de l'oubli. Il démonte, en grand romancier, le mécanisme de la réputation. Et celui des haines qui, toujours, lui font cortège - haines d'autant plus tenaces qu'elles sont entretenues par une mémoire imprécise. Passionnant!
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
08 septembre 2014
Le romancier s’est inspiré de dessinateurs colombiens, espagnols, vivants ou morts. On retrouve l’un de ses thèmes : la manière dont la mémoire et l’oubli unissent et défont la collectivité et l’individu. Mais les Réputations vaut par le portrait de cet homme, Mallarino.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Magdalena chuchotait sur un registre de notes graves mais justes qu'elle seule était capable d'émettre, et Mallarino la désira de nouveau ; sans détour, il osa poser les yeux sur ses seins, dont l'image lui revint brièvement en mémoire, et il s'efforça de laisser transparaître ce souvenir dans son regard ; Magdalena fit semblant de ne pas avoir remarqué son trouble, même si ce genre de détail n'échappe pas aux femmes.
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Je suis un dessinateur satirique, une activité qui comporte également ses risques, inutile de vous le préciser. Le risque du dessin, c'est de venir un analgésique social : sous forme de dessins, les choses sont plus compréhensibles, plus assimilables. Il est moins douloureux de les affronter.
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Vous savez, on vit une époque détraquée. Nos dirigeants ne dirigent plus rien et se gardent bien de nous raconter ce qui se passe. C’est là que j’entre en scène. Je dis ce qui se passe aux gens. L’important, dans notre société, ce ne sont pas les événements en soi, mais ceux qui les racontent. Pourquoi laisser ce soin aux seuls hommes politiques ? Ce serait un suicide, un suicide national. On ne peut pas leur faire confiance, on ne peut pas se contenter de leur version, il faut en chercher une autre, celle d’autres personnes ayant d’autres intérêts, celle des humanistes. C’est ce que je suis : un humaniste. Je ne suis pas un humoriste. Je ne suis pas un barbouilleur. Je suis un dessinateur satirique, une activité qui comporte également ses risques, inutile de vous le préciser. Le risque du dessin, c’est de devenir un analgésique social : sous forme de dessins, les choses sont plus compréhensibles, plus assimilables. Il est moins douloureux de les affronter. Je n’ai pas envie que mes caricatures jouent ce rôle, surtout pas. Mais c’est peut-être inévitable.
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Les os sont la seule chose qui compte, conclut-il. Ce sont eux qui, dans la forme du crâne et l'angle du nez, la largeur du front, la force ou la pusillanimité des maxillaires, les creux du menton, ses pentes délicates ou abruptes, ses ombres plus ou moins prononcées, qui déterminent une réputation ou l'image qu'on renvoie de sa personne : donnez-moi un os et je soulèverai le monde.
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"A l'horizon, là où les collines de l'ouest perdaient leur côté verdoyant et se teintaient de bleu, le ciel couvert de nuages gorgés de pluie se paraît de la lumiére des avions comme une vieille putain essayant une paire de boucles d'oreilles."
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Vidéo de Juan Gabriel Vásquez
Un périple à travers l'Espagne républicaine, passant par la Chine et la France à travers l'histoire d'un père et son fils. Sergio a été garde rouge, ouvrier en usine, militaire du Parti, Il a aussi connu le Paris de Louis Malle en 1968 et, de retour en Colombie, a combattu au nom de la révolution. Roman politique magnifiquement par Juan Gabriel Vásquez, l'un des écrivains colombiens les plus importants du XXIème siècle.
Juan Gabriel Vásquez, "Une rétrospective" (Seuil)
Une rencontre animée par Isabel Contreras, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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