Ce court roman mexicain nous plonge dans la vie sordide et les bas-fonds d'une ville d'Amérique du sud. Combat de chiens, pauvreté, sang, sexe, vols, meurtre rythment le récit du protagoniste. La noirceur ne fait qu'empirer au fil des pages, et tient en haleine le lecteur, happé par cette solitude sombre et fascinante. Pour ceux et celles qui aiment les récits emplis de noirceur, les personnages marginaux et violents...
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Ce roman retrace les pérégrinations d'un homme dans les bas fonds d'une ville mexicaine.
Nous nous laissons agréablement porter par le récit de ce solitaire aux plaisirs dévoyés.
Je regrette juste quelques passages qui ne me paraissent pas indispensables.
Lecture plutôt agréable.
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Comment se fait-il qu'au point où j'en suis de ma vie je n'aie que des relations anecdotiques avec les femmes? Je ne manque jamais de les inviter à manger deux ou trois fois avant qu'on aille à l'hôtel un certain nombre de fois, jusqu'à ce que je m'ennuie. Je joue franc jeu avec elles: je leur dis que la seule chose que je souhaite c'est qu'elles constituent un repos après toute une journée de travail, et qu'elles me prennent de la même manière. Mais elles ne veulent pas, si il n'y a rien qui nous lie, elles refusent. Qu'elles me racontent leurs chagrins ou leurs espoirs, ça m'est assez égal, même si c'est toujours la même chanson qu'elles serinent. Je les frustre. J'entends sans écouter. Leur servir de fronton pour renvoyer leur problèmes, je m'en fiche, tant qu'elles ne refusent pas d'aller à l'hôtel.
Chaque fois que je pensais à entrer dans une salle de cinéma, mes souvenirs me ramenaient à une époque où j'étais, comme aujourd'hui, sans travail et où mes rares économies étaient parties en entrées de cinéma, en gargotes et en flasques de vodka accompagnées de jus d'orange. Tous les jours, la même séance. Je me fichais pas mal du film, je pouvais entrer en matinée ou en soirée. L'important c'est que j'aie ma dose. Je ne quittais pas le cinéma avant de l'avoir finie. Une fois, je m'étais endormie, soûl à entre être assommé, jusqu'à ce qu'on vienne me réveiller pendant un entracte. On m'accusait d'être le responsable de la forte odeur d'urine. Je ne le nie pas, il m'était arrivé de pisser dans le récipient de jus d'orange, mais rien que deux ou trois fois, pas plus.
J'ai regardé par la fenêtre et fixé mon regard sur le paysage. Il y a eu un moment pendant lequel j'ai cru avoir pleine conscience du lieu où je me trouvais: les choses apparaissaient à mes yeux comme des ombres hermétiquement enveloppées de brouillard, m'empêchant de voir complètement une lune incapable d'éclairer la nuit à cause des nuages gonflés d'eau sur le point de crever.
Les idées n’étaient plus à moi, c’était le produit d’un lourd fardeau qui m’obligeait à griffonner dans mon esprit des actions qui n’avaient lieu nulle part. Un âne transportant de l’eau dans le désert.[...]
Nous parlions en susurrant n’importe quoi. Les mots n’étaient qu’un outil pour ouvrir la coquille de l’amande. (…) Nous étions si proches que son haleine humectait mon nez et ma bouche. Du tabac et une haleine d’estomacs habitués à jeûner.