Je connaissais très peu le poète portugais
Nuno Júdice , né en 1949. Et son univers a été pour moi une très belle découverte.
Il a été longtemps critique littéraire, et a dirigé une revue poétique à Lisbonne. L'édition Gallimard réunit ici deux recueils , "
Un chant dans l'épaisseur du temps" publié en 1992 ( magnifique titre...) et " Méditation sur les ruines" de 1994.
Dans l'introduction, on retrouve le double aspect du théoricien et de l'auteur car il s'interroge sur la conception du poème. Il analyse de façon fort intéressante le langage poétique. Pour lui, le poème permet de " retrouver la langue natale".
Cela se ressent à travers les textes, à la fois novateurs et nostalgiques. le poète expérimente, écrit des textes fort variés, d'ailleurs les titres reviennent, " Poème " ou " Image"," Quotidien", comme s'il voulait creuser un peu plus dans les mots, il utilise d'ailleurs l' expression" travail d'archéologue", par analogie.
Mais la saudade est présente aussi, une mélancolie plane, les souvenirs imprègnent sa poésie. Dans l'émouvant texte" Enfance", il écrit:
" Je me rappelle que (...)
le ciel de septembre apportait l'automne quand le
plomb des nuages descendait tant que nous pouvions presque
le toucher; "
C'est une oeuvre riche, profonde, qui demande à être lue progressivement, attentivement.