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Critique de Tatooa


J'ai été agréablement surprise par la lecture de cette "Guerre des Gaules" de Jules César.
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je n'ai pas trouvé ici un auteur pompeux et imbu de lui-même, comme quoi les idées reçues, c'est idiot, et César, lui, était loin d'en être un.

J'ai trouvé un texte factuel et prenant de la conquête de la Gaule par César. Certes il avait son ambition politique et personnelle, l'envie de richesses (pour régler ses dettes) et la possibilité ainsi d'avoir sa propre armée, mais il nous narre ici tout de la vie de ses armées, et de la vie, également, de ses "ennemis", gaulois (celtes), germains, et belges. Et il montera jusqu'en Bretagne (la grande, de nos jours), même si brièvement, il y posera les jalons de la conquête ultérieure, ce qui augmentera considérablement son prestige à Rome.

Pour le novice (dont je suis), la pléthore de noms de tribus fait qu'on ne peut pas lire ce livre sans une bonne carte (vous en trouverez sans peine sur le net) des tribus, de leurs mouvements pendant ces guerres, etc.
Avec ça sous les yeux, tout devient bien plus clair.

La narration est simple, directe, sans fioritures, et on entrevoit, grâce à ce récit somme toute relativement honnête, je pense, la capacité de travail et la grande bravoure des unités de guerre romaines. On comprend tout l'intérêt aussi des "via romana", indispensables aux messagers pour rapatrier légions et centurions de leurs cantonnements divers (et d'hiver) quand besoin était.
On ressent que César apprécie ses hommes et son armée, et il se bat à ses côtés. C'est un stratège hors pair et, même si ces textes sont destinés à lui servir politiquement, ils sont, je pense, relativement fiables, eût égard au nombre de "témoins" qu'il y avait.

Il soigne dans ce récit son image de clémence, et quand il cède à la sauvagerie (quand il "lâche les chiens", on va dire), c'est par mesure de rétorsion, et donc le récit est tourné en ce sens. Il se peut, effectivement, qu'il ait plus ou moins "interprété" dans le sens qui lui convenait certains événements, mais bon, dans l'ensemble, tout semble plutôt logique et cohérent. (Hélas pour les perdants, ce sont les vainqueurs qui écrivent L Histoire).
Il se met en avant, mais aussi ses légats, ses lieutenants (qui sont tous cités par leurs noms, y compris les morts au combat) ne sont pas en reste, ni le gros de ses armées dont il vante le courage dès qu'il peut, et qu'il semble parfois "excuser" quand ils perdent les pédales sous la pression...

Certes les gaulois ne sont pas moins courageux, mais leur manquent l'organisation, la discipline, la constance, et la loyauté, peut-être, aussi, un peu. Ils sont divisés et n'arrêtent pas, somme toute, de se taper dessus entre eux. Leurs alliances sont aussi soudaines qu'éphémères et vu d'ici, ça fait un peu retournages de vestes au premier coup de vent... Ceci dit, je pense que quand ils voyaient arriver les légions romaines, il y avait de quoi "députer auprès de César" pour demander grâce et faire soumission... le hic étant qu'ils semblent également avoir eu la traîtrise (du point de vue de César) dans le sang (mais bon, en pays conquis, peut-on qualifier ça de traîtrise ?)...

Les remarques "ethnographiques" sont intéressantes, même si assez édulcorées, de même que la narration des contingences "matérielles" de la guerre, il faisait pas bon être agriculteur à l'époque, tu crevais la dalle parce que les armées de deux côtés venaient te piquer le blé et les animaux que t'avais passé l'année à cultiver et élever, et ce qu'ils ne prenaient pas ils le détruisaient pour pas que ça aille aux ennemis. VDM...

Après Vercingétorix et l'énorme bataille d'Alésia, la défaite des gaulois, le massacre et l'esclavage de l'armée, il y aura de nouveau quelques révoltes, vite matées, narrées par le secrétaire de César.
J'avoue qu'à part quelques batailles (Avaricum, Alésia, celle sur la plage en Grande Bretagne, et la toute dernière, Oxellodunum (Capdenac maintenant)) qui m'ont laissé des souvenirs assez précis, tout se mélange un peu dans ma tête tellement ça "bouge", dans tout ça.

Il faut dire que César ne ménage pas ses troupes et les "marches forcées" d'un bout à l'autre de la Gaule (et ça va donc de la grande-bretagne à l'aquitaine, en passant par le centre et après le Rhin... Oo) sont monnaie courante. Ces mecs-là c'était de vrais durs, je suis sûre que les meilleurs des meilleurs barbouzes de maintenant auraient du mal à les suivre... Et moi j'ai du mal à me souvenir de toutes leurs allées et venues ! Mdr !

Enfin bref, je suis contente d'avoir lu ce bouquin (un peu par hasard, je crois que c'est Sabisab qui l'a validé dans le challenge "historique" de BazaR sur le forum des Trolls, et ça m'a donné envie). (et ayant visé le palier "Jules César", c'était la moindre des choses... Mdrrrrr !).
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