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Jean-Baptiste de Boyer Argens (Traducteur)Yannis Constantinidès (Éditeur scientifique)
EAN : 9782755505832
112 pages
1001 Nuits (29/09/2010)
3.93/5   15 notes
Résumé :
L'empereur Julien, au IV°s, fut le dernier empereur romain païen : sa polémique et ses tentatives de contrer l'expansion du christianisme tournèrent court, mais il nous reste un petit traité inachevé, Contre les Galiléens, dont voici l'édition accessible. Comme toujours, le titre originel figure en petits caractères sur la page de titre. "Défense du paganisme" est le titre des éditeurs modernes.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le monde romain a changé officiellement d'univers religieux au IVe siècle. On est passé du paganisme au christianisme. le paganisme a survécu dans les campagnes de manière dégradée jusqu'à très récemment. Il a donc fallu des siècles pour qu'il meure. Il en fallut également plusieurs autres pour que la nouvelle religion s'impose comme culte principal. Ce fût des siècles de lente conquête que cette progression lente très longtemps cantonnée aux milieux populaires. le moment de bascule fut le règne de Constantin, empereur romain d'orient qui en fit la religion officielle tout en commençant d'en façonner l'orthodoxie structurelle. Ainsi les temples sont fermés et l'école philosophique d'Athènes également . Julien lors d'un règne court et prometteur se lançait dans une restauration. Ce fut un règne bref et un échec mais le paganisme reste vibrant pour des siècles encore. Païen vient de paganus donc de paysan et la mythologie païenne sert encore à vendre du fromage de nos jours . Sans parler des kilomètres de peinture classique et de tragédies haut-lieux de la littérature française. Ce texte est un exemple païen d'arguments qui s'efforcent d'invalider la religion chrétienne. L'auteur connaissait très bien son sujet et il s'appuie sur la philosophie et sur la religion hébraïque qui au yeux de ce romain est antique. C'est un texte assez facile à aborder dont la lecture porte un autre son de cloche que celui des pères de l'église ou que celui celui des conciles médiévaux de l'église qui luttent encore pieds à pieds avec le paganisme rural en plein moyen-âge, par exemple Latran IV,1214.
C'est aussi un texte émouvant à lire car il enseigne que l'on ne refait pas l'histoire quand elle est déjà faite n'en déplaise aux romantiques.
Plus que sur les arguments de Julien, je me suis étendu ici, sur la dynamique historique qui environne sa tentative de renverser le sens l'histoire. Je conclue en soulignant que la philosophie antique et païenne a subjugué le christianisme, l'islam et le judaïsme et qu'elle a aussi solidifié et façonné des concepts théologiques qui sont à la base des théologies des religions du livre encore actuellement et donc non , Aristote n'est pas encore mort même si la messe est dite.
Et enfin n'oublions pas que les Trolls stoppent encore avec succès la délivrance de certains permis de construire en Islande (sourires). N'oublions pas également que l'antique Panthéon à Rome, à peine christianisé est toujours splendidement debout alors que les caissons de ses plafonds nous offrent encore un ciel antique.
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Julien l'Apostat est le neveu de Constantin 1er, premier empereur à se convertir au christianisme. Bien qu'élevé lui aussi dans cette religion et baptisé, il reviendra au paganisme et aux philosophes.

Dans ce pamphlet, il s'attaque donc aux « Galiléens » : il critique notamment le manque de respect des règles juives dont ils se disent les descendants, et les récits de la création du monde, qu'il considère comme des fables absurdes. Il leur oppose souvent la philosophie de Platon.

Julien s'étonne aussi qu'un Dieu tout-puissant se soit particulièrement occupé d'un peuple qui n'a eu aucun rayonnement comparé à l'Empire roman, preuve que les dieux romains sont bien plus efficaces quand il s'agit de protéger leurs fidèles.

Le document que j'ai lu (et disponible en ligne à la Bibliothèque Nationale de France) contient également des commentaires du Marquis d'Argens, « pour servir d'éclaircissement au texte et en réfuter les erreurs ». On y apprend également que la conservation du texte a été réalisée par des Pères de l'Eglise, ce qui ruine un peu l'idée de la quatrième de couverture de l'édition moderne, « La postérité chrétienne cherche à effacer ce texte » (mais enfin, un livre qu'on a cherché à détruire doit se vendre mieux qu'un livre qui n'a juste plus été édité depuis longtemps).

Les commentaires du Marquis m'ont finalement plus intéressé que le texte de l'empereur. Il défend le christianisme de manière peu convaincante : d'abord, en tombant sur des arguments qu'il a du mal à réfuter, il se félicite que l'Église ait interdit aux fidèles de lire la Bible, de peur qu'ils n'y trouvent « des questions qui seraient plus capables de les scandaliser que de les instruire » et « du danger de mettre entre les mains du peuple, un livre dont on peut faire un usage très dangereux, si l'on est pas conduit par l'autorité d'un juge qui nous apprenne comment nous devons croire et expliquer ce que nous y trouvons d'obscur, voire même d'inintelligible ». Puis, il accepte que les conclusions de Julien soient entièrement justes s'il se base uniquement sur la raison (mais se baser sur la raison est une grossière erreur), tout en regrettant qu'il n'ait pas la foi suffisante pour accepter comme des vérités des histoires sans queue ni tête.

Un texte intéressant pour le côté « histoire des religions » : on y apprend que les premiers chrétiens croyaient que les anges se baladaient sur Terre, avaient des relations charnelles avec des mortelles, ce qui a engendré une race de Géants. Au 18è siècle, à l'époque du Marquis, on évite les sciences, on évite de lire les textes, de peur d'avoir les idées embrouillées, et on se base uniquement sur sa foi et la doctrine du magistère, même si c'est parfois compliqué : « On voit la doctrine des Pères être souvent différente d'un siècle à l'autre : ils expliquaient diversement certains passages obscurs, selon les opinions qu'ils avaient à combattre. Cela rend encore plus difficile le véritable sens de ces passages. »
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Contre les Galiléens, ultime tentative d'un monde soucieux de lui-même et de sa relation à la Nature pour lutter contre cette croyance orientale qui mettra à mort ses prêtres, anéantira ses temples, réduira à rien ses traditions, et parodiera son système social.
Julien l'Apostat est né chrétien, est devenu ce que l'on appelle vulgairement, de façon presque insultante et de toutes façon réductrice, un païen.

Le païen, c'est le paysan crasseux, que l'on oppose au chrétien urbain. le païen, pourtant, c'est celui qui respectait la nature qui l'entourait, et qui en tirait les fruits sans nuire à l'équilibre précaire de celle qui le nourrissait et lui donnait de quoi s'abriter des éléments. Julien avait bien compris le danger que représentait le christianisme pour ce mode de vie, et s'est attaqué de front à cette religion orientale forcément suspecte, car provenant d'une région déjà instable et chaotique.

Autant plaidoyer que réquisitoire, Contre les Galiléens pointe du doigt les incohérences, les contradictions, les concepts invraisemblables de cette religion chrétienne naissante, encore hésitante et divisée par les luttes de pouvoir plus que par les conflits intellectuels.
S'attaquant aux hommes plutôt qu'au prophète-dieu, Julien démontre avec élégance et habileté la corruption des disciples et des apôtres, leur incapacité à s'entendre, et à s'accorder sur ce qu'ils ont vu, entendu, ressenti, comme cette généalogie soucieuse de relier le Christ au légendaire David par le biais de Joseph, simple père adoptif d'un enfant créé par la volonté divine dont le sang prétendu royal ne pouvait donc couler dans les veines de Jésus fils-de-Dieu. Pire, cette généalogie diffère selon l'auteur, comme si elle avait été inventée de toutes pièces...
Des dizaines d'exemples et d'analyses démontrent l'incohérence de cette religion que Julien percevait comme une menace à l'ordre social de l'Empire romain, à juste titre: à sa mort, le christianisme prendra définitivement le pas sur les anciennes religions, les anéantissant systématiquement, les remplaçant par son culte de l'après-vie et de l'attente d'une vie meilleure.
Les Cultes de la Vie contre le Culte de la Mort et de la Procrastination...
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La montée en puissance du christianisme suscita parmi les intellectuels gréco-romains des réactions, et parfois des ouvrages de réfutation hostiles à la nouvelle foi aux II° et III°s. Aucun de ces ouvrages ne nous est parvenu entier, mais l'on doit au patriarche d'Alexandrie Cyrille les ruines et fragments du texte que Julien, l'empereur Julien, écrivit contre la nouvelle religion. Julien, qui vécut et régna peu, fascina les deux mille ans qui suivirent son court passage sur terre : il suffit de consulter la bibliographie à lui consacrée pour s'en convaincre. Sauvé du naufrage de la culture antique par les chrétiens byzantins qui admiraient son style et recopièrent presque toutes ses oeuvres, étudié et réédité De La Renaissance au XVIII°s par tous ceux qui tentaient de promouvoir une critique du christianisme, il est encore aujourd'hui le sujet d'innombrables biographies, romans historiques et autres essais.

Sa critique de la religion chrétienne, il faut le dire, tombe à plat. Il y voit une superstition locale de Galiléens incultes, à l'époque où les plus grands esprits et auteurs de langue grecque illustrent de leurs oeuvres la nouvelle foi. Cette religion a conquis l'universalité de l'empire, la paideia grecque, la civilisation, et rappeler ses origines modestes n'est plus un argument efficace. Julien cherche à dévaloriser la nouvelle foi en la présentant comme une hérésie juive, en faisant l'apologie du judaïsme au détriment du Christ et des apôtres. Mais il connaît si mal le judaïsme que sa comparaison tombe elle aussi à plat. Tout ce qu'il trouve à dire de bon sur les Juifs est qu'ils sont fidèles aux traditions de leurs pères, même s'il les trouve lui-même absurdes ou barbares. C'est peu... Et le lecteur moderne ne partagera pas son horreur des créations spirituelles innovantes (d'ailleurs Julien ne se priva pas de réformer le paganisme). Beaucoup de reproches qu'il fait à la nouvelle religion retombent sur l'ancienne, celle des Juifs qu'il prétend louer aux dépens de celle des chrétiens. Enfin, une autre série d'arguments anti-chrétiens ne font que révéler l'étroitesse ethnocentriste, le complexe de supériorité du Gréco-romain sur les "barbares". Si l'ethnocentrisme est difficile à éviter à l'époque de Julien, il ne saurait servir d'argument pour prétendre à l'universalité, aux yeux du lecteur d'aujourd'hui.

Telles sont les faiblesses de ce traité de Julien. Significativement, ceux de Celse, de Porphyre, autrement plus percutants et efficaces, ne nous sont pas parvenus. Cette chance est échue au plus maladroit d'entre eux, qui fut pris au sérieux car c'était l'oeuvre d'un empereur. Mais Julien est un bon tremplin pour le rêve : sa personnalité est attachante, et il nous conduit naturellement vers les fantasmes de l'uchronie. Ceux qui cherchent des critiques pertinentes du christianisme liront Nietzsche.
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La lecture de ce texte fragmentaire est instructive et utile, car il ne nous reste plus rien des ouvrages de polémique anti-chrétienne des auteurs antiques. Au-delà de cet intérêt documentaire, on ne trouvera pas grand chose d'intéressant pour un moderne dans ce petit livre, car les valeurs helléniques classiques au nom desquelles Julien attaque le christianisme sont elles-mêmes mortes pour nous et sans beaucoup de pertinence. Les autres oeuvres de Julien, surtout les lettres, sont bien plus belles et frappantes. En revanche, ses discours (tout est traduit dans la collection Budé) sont pesants et n'ont été conservés par les Anciens que pour la beauté de la langue.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi, Galiléens, n’observez-vous pas la loi de Moïse, dans l’usage des viandes ? Vous prétendez qu’il vous est permis de manger de toutes, ainsi que de différentes sortes de légumes. Vous vous en rapportez à Pierre, qui vous a dit : Ne dis point que ce que Dieu a purifié, soit immonde. Mais par quelle raison le Dieu d’Israël a-t-il tout à coup déclaré pur ce qu’il avait jugé immonde pendant si longtemps ? Moïse parlant des quadrupèdes, dit : Tout animal qui a l’ongle séparé et qui rumine est pur ; tout autre animal est immonde. Si depuis la vision de Pierre, le porc est un animal qui rumine, nous le croyons pur ; et c’est un grand miracle, si ce changement s’est fait dans cet animal après la vision de Pierre ; mais si au contraire Pierre a feint qu’il avait eu chez le tanneur où il logeait, cette révélation, (pour me servir de vos expressions) pourquoi le croirons-nous sur sa parole, dans un dogme important à éclaircir ? En effet quel précepte difficile ne vous eût-il pas ordonné, si outre la chair de cochon, il vous eût défendu de manger des oiseaux, des poissons, et des animaux aquatiques ; assurant que tous ces animaux, outre les cochons, avaient été déclarés immondes et défendus par Dieu ?

Mais pourquoi m’arrêter à réfuter ce que disent les Galiléens, lorsqu’il est aisé de voir que leurs raisons n’ont aucune force. Ils prétendent que Dieu, après avoir établi une première Loi, en a donné une seconde : que la première n’avait été faite que pour un certain temps, et que la seconde lui avait succédé, parce que celle de Moïse n’en avait été que le type. Je démontrerai par l’autorité de Moïse, qu’il n’est rien de si faux que ce que disent les Galiléens. Cet Hébreu dit expressément, non pas dans dix endroits, mais dans mille, que la loi qu’il donnait serait éternelle. Voyons ce qu’on trouve dans l’Exode : Ce jour vous sera mémorable, et vous le célébrerez pour le Seigneur dans toutes les générations. Vous le célébrerez comme une fête solennelle par ordonnance perpétuelle. Vous mangerez pendant sept jours, du pain sans levain, et dès le premier jour vous ôterez le levain de vos maisons. Je passe un nombre de passages que je ne rapporte pas pour ne point trop les multiplier, et qui prouvent tous également que Moïse donna sa Loi comme devant être éternelle. Montrez-moi, O Galiléens ! dans quel endroit de vos Écritures il est dit, ce que Paul a osé avancer, que le Christ était la fin de la Loi. Où trouve-t-on que Dieu ait promis aux Israélites de leur donner dans la suite une autre loi, que celle qu’il avait d’abord établie chez eux ? Il n’est parlé dans aucun lieu, de cette nouvelle Loi : il n’est pas même dit qu’il arriverait aucun changement à la première. Entendons parler Moïse lui même. Vous n’ajouterez rien aux commandements que je vous donnerai, et vous n’en ôterez rien. Observez les Commandements du Seigneur votre Dieu, et tout ce que je vous ordonnerai aujourd’hui. Maudits soient tous ceux qui n’observent pas tous les Commandements de la Loi. Mais vous, Galiléens, vous comptez pour peu de chose d’ôter et d’ajouter ce que vous voulez, aux préceptes qui sont écrits dans la Loi. Vous regardez comme grand et glorieux de manquer à cette même Loi : agissant ainsi, ce n’est pas la vérité que vous avez pour but ; mais vous vous conformez à ce que vous voyez être approuvé du vulgaire.

Vous êtes si peu sensés, que vous n’observez pas même les préceptes que vous ont donnés les Apôtres. Leurs premiers successeurs les ont altérés, par une impiété et une méchanceté, qui ne peuvent être assez blâmées. Ni Paul, ni Matthieu, ni Luc, ni Marc n’ont osé dire que Jésus fût un Dieu : mais lorsque Jean eut appris que dans plusieurs villes de la Grèce et de l’Italie, beaucoup de Personnes parmi le Peuple, étaient tombées dans cette erreur ; sachant d’ailleurs que les Tombeaux de Pierre et de Paul commençaient d’être honorés, qu’on y priait en secret ; il s’enhardit jusqu’à dire que Jésus était Dieu. Le verbe, dit-il, s’est fait chair et a habité dans nous. Mais il n’a pas osé expliquer de quelle manière ; car en aucun endroit il ne nomme ni Jésus ni Christ, lorsqu’il nomme Dieu et le Verbe. Il cherche à nous tromper d’une manière couverte, imperceptiblement, et peu à peu. (pp. 28-31)
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Nous pouvons prouver, évidemment, que l'Être Suprême ne s'est pas tenu à prendre soin des Hébreux, mais que sa bonté et sa providence se sont étendues sur toutes les autres nations ; elles ont même reçu plus de grâces que les juifs.

Les Égyptiens ont eu beaucoup de sages qui ont fleuri chez eux, et dont les noms sont connus. Plusieurs de ces sages ont succédé à Hermès : je parle de cet Hermès, qui fut le troisième de ce nom qui vint en Égypte. Il y a eu chez les Chaldéens et chez les Assyriens un grand nombre de philosophes depuis Annus et Belus ; et chez les Grecs une quantité considérable depuis Chiron, parmi lesquels il y a eu des hommes éclairés qui ont perfectionné les arts et interprété les choses divines.

Les Hébreux se vantent ridiculement d'avoir tous ces grands hommes dans un seul. Mais David et Samson méritent plutôt le mépris que l'estime des gens éclairés. Ils ont d'ailleurs été si médiocres dans l'art de la guerre, et si peu comparables aux Grecs, qu'ils n'ont pu étendre leur domination au delà des bornes d'un très petit pays.

Dieu a donné à d'autres nations qu'à celle des Hébreux la connaissances des sciences et de la philosophie. L'astronomie, ayant pris naissance chez les Babyloniens, a été perfectionnée par les Grecs ; la géométrie, inventée par les Égyptiens, pour faciliter la juste division des terres, a été poussée au point où elle est aujourd'hui, par ces mêmes Grecs. Ils ont encore réduit en art, et fait une science utile des nombres, dont la connaissance avait commencé chez les Phéniciens. Les Grecs se servirent ensuite de la géométrie, de l'astronomie, de la connaissance des nombres, pour former un troisième art. Après a voir joint l'astronomie à la géométrie, et la propriété des nombres à ces deux sciences, ils y unirent la modulation, formèrent leur musique, la rendirent mélodieuse, harmonieuse, capable de flatter l'oreille par les accords et par la juste proportion des sons. (pp. 64-65)
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Si Dieu est jaloux, il s'ensuit nécessairement que les autres Dieux sont adorés malgré lui : cependant ils le sont par toutes les autres nations. Or pour contenter la jalousie, pourquoi n'a-t-il pas empêché, que les hommes ne rendissent un culte à d'autre Dieu qu'à lui ? En agissant ainsi, ou il a manqué de pouvoir, ou au commencement il n'a pas voulu défendre le culte des autres Dieux ; il l'a toléré et même permis. La première de ces propositions est impie ; car qui peut borner la puissance de Dieu ? La seconde soumet Dieu à toutes les faiblesses humaines : il permet une chose, et la défend ensuite par jalousie ; il souffre pendant longtemps que toutes les nations tombent dans l'erreur. N'est-ce pas agir comme les hommes les moins louables, que de permettre le mal pouvant l'empêcher ? Cessez de soutenir des erreurs qui vous rendent odieux à tous les gens qui pensent.
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Les Juifs vantent beaucoup les lois de leur Décalogue. "Tu ne voleras point. Tu ne tueras pas. Tu ne rendras pas de faux témoignages." Ne voilà-t-il pas des lois bien admirables, et auxquelles il a fallu beaucoup penser pour les établir ! Plaçons ici les autres préceptes du Décalogue, que Moïse assure avoir été dictés par Dieu même. "Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai retiré de la terre d'Egypte. Tu n'auras point d'autre Dieu que moi. Tu ne te feras pas des simulacres." En voici la raison. "Je suis le Seigneur ton Dieu ; qui punis les péchés des Pères sur les Enfants ; car je suis un Dieu jaloux. Tu ne prendras pas mon nom en vain. Souviens-toi du jour du Sabbat. Honore ton Père et ta Mère. Ne commets pas l'adultère. Ne tue point. Ne rends pas de faux témoignages, et ne désire pas le bien de ton prochain." Quelle est la nation qui connaisse les Dieux, et que ne suive pas tous ces préceptes, si l'on en excepte ces deux, "souviens-toi du Sabbat" et "n'adore pas les autres Dieux" ? Il y a des peines ordonnées par tous les peuples contre ceux qui violent ces lois. Chez certaines nations, ces peines sont plus sévères que chez les Juifs ; chez d'autres elles sont les mêmes que parmi les Hébreux ; quelques peuples en ont établies de plus humaines.
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« Voici Adam, qui est devenu comme l'un de nous, sachant le bien et le mal ; mais pour qu'il n'étende pas maintenant sa main, qu'il ne prenne pas du bois de la vie, qu'il n'en mange pas, et qu'il ne vienne pas à vivre toujours, l'Éternel Dieu le met hors du Jardin d'Eden. » Qu'est-ce qu'une semblable narration ? On ne peut l'excuser qu'en disant, qu'elle est une fable allégorique, qui cache un sens secret. Quant à moi, je ne trouve dans tout ce discours, que beaucoup de blasphèmes contre la vraie essence et la vraie nature de Dieu, qui ignore que la femme qu'il donne pour compagne et pour secours à Adam, sera la cause de son crime ; qui interdit à l'homme la connaissance du bien et du mal, la seule chose qui pût régler les mœurs ; et qui craint que ce même homme, après avoir pris de l'arbre de la vie, ne devienne immortel. Une pareille crainte, et une envie semblable conviennent-elles à la nature de Dieu ?
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