C'est de la philosophie. On explore les termes du titre Vivre, Paysage et la relation entre ces 2 mots. Mais surtout on compare ces mots avec ceux du chinois. Et là on découvre, on soulève des réflexions. Une illustration de lorsque l'on découvre les autres, on s'enrichit.
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J'ai aimé les définitions, les évolutions que l'on peut découvrir du mot « paysage ».
A travers la philosophie et en comparaison avec un autre mode de pensée et d'être !
Le paysage est sans cesse redéfini au fil des pages sans lasser le lecteur curieux
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"On peut s'arrêter face au paysage comme devant un « spectacle » — spectaculum, dit Pétraque, du haut du Ventoux: le regarder « d'un point de vue », en contempler l'harmonie et la variété, en apprécier la composition; et peut-être y déceler, plus minutieux, quelque géométrie sous-jacente. On peut aussi scruter l'horizon bornant cette étendue, en balayer le panorama en « observateur », déclarer: « C'est beau! », et s'en aller.
Mais un paysage peut être tout autre chose."
"Le paysage n'est plus alors à « regarder », à « représenter », les deux verbres qui lui sont plus couramment accolés dans nos langues; mais il se branche sur du vital. Si donc je risque ce « vivre de » dont je fait titre, tirant parti de ce « de » remontant vers un plus originaire, en deçà de la manière ou du moyen, au point que la séparation du concret et de l'abstrait en vient à s'y défaire (comme on dit familièrement d'une formule qui se veut suffisante dans son bonheur: « vivre d'amour et d'eau fraîche »), c'est pour faire jour à cette autre possibilité: pour penser à ce que nous appelons « paysage » non plus comme la « partie » de pays de nature « présente » à un « observateur », selon sa définition ordinaire, mais en tant que ressource où vivre peut indinfiniment puiser."
" Que le paysage ne se réduise pas au perceptif, mais qu'il instaure en lieu d'échanges, ne se vérifie pas seulement, au sein du paysage, par corrélation entre les montagnes et les eaux s'érigeant en polarité maîtresse. Cela vaut tout autant par corrélation du « moi » et du « monde », entre « physicalité » et « intériorité » (partons de ce terme moins psychologique) : quand se lève la frontière entre le dedans et le dehors, que ceux-ci se constituent également en pôles et qu'il y a perméabilité de l'un à l'autre, un nouvel « entre » s'instaure. Quand l'extérieur que j'ai sous les yeux sort de son indifférence et de sa neutralité : c'est d'un tel couplage que naît du « paysage ». "
" Il y a paysage quand je ressens en même temps que je perçois; ou disons que je perçois alors du dedans comme du dehors de moi-même - l'étanchéité qui me fait tenir en sujet indépendant s'estompe. Ou, pour le dire en termes plus catégoriels, et ce sera ma nouvelle définition du paysage : il y a paysage quand le perceptif se révèle en même temps affectif. "
{Cours de Patrick Hochart et François Jullien - Lire la philosophie}Les cours méthodiques et populaires de philosophie permettent à toutes et tous de se familiariser avec la philosophie, son histoire, ses auteurs, ses concepts. Avec Patrick Hochart, enseignant-chercheur en philosophie, maître de conférences à l'université Paris-Diderot (Paris 7), et François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue, professeur à l'université Paris-Diderot (Paris 7) et titulaire de la chaire sur l'altérité à la Fondation Maison des sciences de l'homme.Cours enregistré le 19 avril 2022 à la BnF I François-Mitterrand
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