« Mes chemins pour l'école » est le premier livre d'une série qui sera constituée de deux autres volumes: « Pour un Etat fort » et « Cinq ans pour l'emploi ». Alain Juppé a souhaité consacrer ce premier tome à l'éducation car il la considère comme « la mère des réformes ». De ce point de vue, nous lui donnons raison. Mais cela suffit-il de le dire ?
Ce livre est polyphonique. L'auteur a laissé la parole aux acteurs principaux de l'éducation; enseignants, parents, experts (Alain Bentolila, Boris Cyrulnik, Yves Quéré). La seconde partie est sous forme d'entretien mené par Jérôme Saltet (lui-même auteur de plusieurs ouvrages sur la pédagogie).
Dans cet ouvrage, Alain Juppé tente de dessiner des perspectives à partir d'une consultation qu'il a lancée en ligne. Il a ainsi interrogé de nombreux acteurs éducatifs sur leurs difficultés et leurs idées pour améliorer notre système d'enseignement.
Si on peut être d'accord sur les constats, les propositions se limitent principalement à deux orientations générales : 1) « Assurer à tous les jeunes Français une maîtrise complète de la langue française et du socle commun des savoirs fondamentaux à la fin du collège », 2) « Assurer à tous une véritable qualification à la sortie du système éducatif. »
Sans porter de jugement sur la bonne volonté de cet homme politique d'expérience, on reste peu convaincu par l'accumulation des généralités. Alain Juppé le sait, malgré son optimisme et sa volonté affirmée de voir dans l'identité française une « identité heureuse », il ne pourra réformer un système cimenté par des conservatismes indépassables.
Par ailleurs, on peut aussi regretter que l'auteur ne nous dise pas grand-chose sur la manière dont il compte lutter contre les inégalités scolaires. Il ne dit rien sur la dégradation du climat scolaire (notamment à cause du manque de personnel de surveillance en particulier dans les collèges et les lycées). Il ne discute pas non plus des fortes inégalités entre établissements scolaires, ne dit mot sur l'enseignement privé et élude totalement la question de la géographique de l'éducation prioritaire. Quant à l'inclusion scolaire, il ne prend pas la peine d'en écrire quelques lignes alors qu'il y a en la matière une urgence nationale.
Finalement, les quelques mesures présentées dans ce livre (renforcement de la capacité langagière des élèves des écoles maternelles, la mise en place de Conseil éducatif d'établissement, l'assouplissement de l'utilisation de la Dotation Horaire Globale, …), aussi louables soient-elles, ne permettront pas, à elles seules, de changer l'Ecole.
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J’ai fait toutes mes études primaires et secondaires à Mont-de-Marsan. C’était une petite ville bien tranquille, et même un peu endormie. On n’y vendait pas de drogue à la sortie du lycée. Aux ados, on ne parlait pas du SIDA. Une fois par an, la population se lâchait à l’occasion des fêtes paroissiales de la Sainte-Madeleine.
Ma méthode reste la même : "Apaiser, rassembler, réformer." Apaiser pour rassembler et rassembler pour réformer. Par rapport à beaucoup d'autres pays, nous avons eu trop souvent une approche conflictuelle, clivante et polémique des problèmes. Je suis convaincu qu'au fond d'eux-mêmes, les Français n'en veulent plus.
L'ambition, s'agissant de l'école, est qu'elle permette la réussite et l'épanouissement de tous ou, pour reprendre la belle formule de Paul Langevin, "la promotion de tous et la sélection des meilleurs."
Je le répète: c'est à l'école que se joue l'avenir de notre pays. Il faudra beaucoup de pédagogie pour vaincre les réticences et les conservatismes. Cela étant, comme partout ailleurs dans la société française, il suffirait de peu de chose pour faire naître la confiance et repartir de l'avant.
J'en ferai une cause nationale. Je le répète: mon objectif est d'obtenir 100% de jeunes maîtrisant le socle commun et 100% de jeunes qualifiés.
Alain Juppé - Mon Chirac : une amitié singulière