[David Bowie]
Avant de l'entendre, je n'ai fait que le voir. Sur les pages des magazines, en maquillages outranciers, cheveux orange. Il me restait de cet été là, pas si loin, l'image de cette pochette des chiens de diamant comme une obsession, prêts à me sauter à la gueule dans un déluge électrique. Et puis sans prévenir, à la fin de la même année, pantalon noir, chic, large, à pinces, chemise blanche immaculée, gilet noir.
Le parquet a craqué une dernière fois, j'ai laissé la clef sous la paillasson, j'avais encore son odeur sur les doigts, j'ai laissé tourner «It'ill end in tears» en mode «repeat». Dans la rue, passée la porte, je me suis demandé ce qu'allait devenir la table marron dans la cuisine, marron comme la pochette de ce disque.
Juste ensuite, c'est là que le choc s'est produit, en entendant la grosse basse de Peter Hook jouant le riff de « 24 Hours ». Bon sang c'était quoi ça.... Là ce riff de basse, je ne sais pas comment dire, ça m'a fait comme un électrochoc, avant même d'entendre la voix de Ian Curtis, une voix d'outre-tombe...
Je me souviens de Dylan un mercredi après-midi sur Antenne 2 chantant «Maggie's Farm» avec un foulard sur la tête et sa télecaster en bandoulière. L'air messianique en diable (sic) avec ses cheveux bouclés sortant de son turban, son collier de barbe et une colère qui semblait sortir du poste de télévision.
Il n'y en a pas un au-dessus de l'autre. C'est ça le truc de ce disque aussi. Cette fusion. Un peu comme sur la photo à l'intérieur de la pochette. Malgré le nom de Stan Getz plus gros que les autres sur la pochette. Mais sans les trois européens autour de lui, il aurait pu s'échiner dans on tuyau de cuivre, on n'aurait pas atteint ce climax doux amer. Même si on entend son souffle sortir du pavillon du sax et s'il y a bien un truc qui me hérisse les poils c'est ça le son du souffle sortant du pavillon d'un sax, ce grain si particulier. Comme sur l'admirable « Mona ».