[Les 4 premières planches disponibles sur le site de l'éditeur (cliquer sur la petite flèche en bas de la couverture ; recliquer pour les agrandir dans une nouvelle fenêtre) ]
http://www.editions-delcourt.fr/catalogue/bd/pourquoi_j_ai_tue_pierre_edition_25_ans
Je suis le seul enfant au milieu de vieilles personnes. On se penche, on me pince la joue, on me dit que je suis un gentil bonhomme...
Je suis retourné. Je ne m'attendais pas à le voir. Tellement pas.
Je ne m'étais pas préparé à ça. Il n'est pas mort, il n'est pas dans un hospice recroquevillé dans un fauteuil.
Il n'est pas ailleurs.
Il est là devant nous, vivant, souriant.
On a retrouvé Pierre.
A la Joyeuse Rivière
C'est totalement irréel
Il est grand temps d'écrire cette histoire, entièrement, depuis le début. Il n'y a rien d'autre à faire pour m'en débarrasser. J'ai la chance de pouvoir tout jeter par écrit. C'est aussi efficace qu'une psychanalyse et ça me fait faire des putains d'économies. Alors je m'immerge entièrement dans mes souvenirs. (...) Je vais jusqu'au bout. Jusqu'à maintenant. Et mon histoire est terminée.
Je laisse Pierre derrière moi, seul au milieu de la joyeuse rivière. Avec le fardeau.
Les voilà, les cathos... Le cul dans le mensonge, et la gorge chaude... Des yeux humides et un sourire fabriqué pour mieux dresser leur doigt accusateur...
Pierre est un curé "de gauche". Il est cool. Il est drôle. C'est pas un prête, c'est un bonhomme.
La haine revient, féroce, brûlante. J'ai le coeur qui s'emballe. Je me sens à nouveau sale dans cette église. Aussi sale que dans le bâtiment carré près de l'océan, l'année de mes douze ans.