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Citations sur La Colonie pénitentiaire et autres récits (24)

De plus – c'est peut-être assez sot, mais il faut dire la vérité – l'amour-propre souffre toujours quand on ne voit pas ses provisions en un seul tas, quand on ne peut pas embrasser d'un seul coup d'œil tout ce qu'on possède.
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Ceci dit, cette petite femme est très mécontente de moi. Elle a toujours quelque critique à m'adresser, je la blesse sans cesse, je l'irrite à chaque pas. Si la vie pouvait se diviser en particules microscopiques que l'on jugeât isolément, il ne serait atome de la mienne qui ne lui fît pousser des cris.
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Le soldat et le condamné avaient rencontré à la maison de thé des gens de leur connaissance, qui les retinrent. Mais ils avaient dû s'arracher rapidement à eux car, à peine le voyageur se trouva-t-il au milieu du long escalier qui menait aux embarcations, qu'ils couraient déjà derrière lui. Ils voulaient apparemment obliger le voyageur au dernier instant à les emmener. Tandis que le voyageur discutait avec un matelot pour se faire conduire jusqu'au vapeur, les deux hommes descendaient l'escalier à toute allure, silencieusement, car ils n'osaient pas se mettre à crier; Mais, lorsqu'ils furent parvenus en bas, le voyageur était installé dans la chaloupe que le matelot éloignait tout juste de la rive. Ils auraient encore pu sauter dans la barque, mais le voyageur saisit un long cordage à nœuds, dont il les menaça pour les décourager de sauter.
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"C'est un appareil très curieux", dit l'officier à l'explorateur en jetant sur cette machine, qu'il connaissait pourtant fort bien, un certain regard d'admiration.
L'explorateur semblait n'avoir déféré que par politesse à l'invitation du commandant qui l'avait prié de venir assister à l'exécution d'un soldat condamné pour indiscipline et outrages à un supérieur.
(La colonie pénitentiaire)
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Pour la première fois, la face du condamné exprimait vraiment la vie. Était-ce la vérité ? Était-ce, de la part de l'officier, un caprice peut-être passager ? Était-ce le voyageur étranger qui avait obtenu sa grâce ? C'était quoi ? Voilà ce que semblait demander cette face. Mais pas longtemps. Quoi que ce fût, l'homme voulait être libre pour de bon, si on l'y autorisait, et il se mit à se secouer autant que le permettait la herse.
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Un trapéziste - l'art que ces acrobates exercent dans les airs sous le dôme des grands music-halls, est, on le sait, l'un des plus difficiles auxquels l'homme puisse s'élever, - un trapéziste, poussé d'abord par la seule ambition de se perfectionner, puis par une habitude devenue tyrannique, avait organisé sa vie de telle sorte qu'il pût rester sur son trapèze nuit et jour aussi longtemps qu'il travaillait dans le même établissement. Des domestiques se relayaient pour pourvoir à tous ses besoins, qui étaient d'ailleurs très restreints ; (...)
(Un champion de jeûne)
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En octobre 1914, Kafka prend une semaine de congé pour avancer dans la rédaction du Procès commencée deux mois plus tôt. Il s’échappe même de l’appartement familial à Prague pour aller travailler au calme dans celui de sa sœur Elli, Nerudagasse 48. Prolongeant d’une semaine son congé, c’est cependant deux autres textes qu’il va écrire : le dernier chapitre d’Amérique, « Le grand théâtre d’Oklahoma », et À la Colonie pénitentiaire.
Les mois suivants, il hésite à publier ce dernier texte. Il en fait une lecture publique à Munich le 10 novembre 1916, lecture à laquelle assiste Rainer Maria Rilke. Selon plusieurs journaux, le récit aurait été mal accueilli par le public, il est même question de trois dames qui seraient tombées dans les pommes ! (histoire qui semble avoir été inventée par un journaliste). Par la suite, Kafka continue à douter de la valeur de ce texte. Son éditeur Kurt Wolff désire le publier, et ce n’est que trois ans plus tard qu’À la Colonie pénitentiaire paraîtra, tiré à mille exemplaires.
Les hésitations de Kafka semblent liées au caractère à la fois « douloureux » et « honteux » de ce récit, selon le mot peinlich qu’il emploie dans une lettre à son éditeur. La torture est ici l’œuvre d’une machine rendant la cruauté humaine totalement impersonnelle, effaçant même la conscience de toute culpabilité chez le tortionnaire. Kafka avait lu des articles de journal et des récits contemporains évoquant différentes colonies pénitentiaires tenues par des puissances européennes : il s’agissait bien d’inscrire de force une Loi supérieure dans la chair des détenus.
J’ai tenté de rendre la froideur de la langue kafkaïenne épousant celle de « l’appareil particulier » évoqué dès les premières lignes. L’écriture de ce récit est menée par l’inscription de la Loi sur la peau du condamné. Le lecteur doit passer lui aussi dans la machine du texte, mais il n’est pas sûr qu’il puisse aller jusqu’au bout. C’est peut-être la cruauté de sa propre écriture qui fit souffrir Kafka lui-même à la relecture, en même temps qu’il fut sans doute gêné par le caractère comique de certaines scènes où l’on sent la prégnance du théâtre yiddish, souvent évoqué dans son Journal.
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Du moins n’y avait-il là, dans ce vallon abrupt et sablonneux cerné de pentes dénudées, outre l’officier et le voyageur, que le condamné, un homme abruti et mafflu, cheveu hirsute et face à l’avenant, et un soldat tenant la lourde chaîne où aboutissaient les petites chaînes qui l’enserraient aux chevilles, aux poignets et au cou, et qui étaient encore reliées entre elles par d’autres chaînes. Au reste, le condamné avait un tel air de chien docile qu’apparemment on aurait pu le laisser librement divaguer sur ces pentes, quitte à le siffler au moment de passer à l’exécution.
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Le condamné avait d'ailleurs l'air si caninement résigné qu'il semblait qu'on eût pu le laisser courir en liberté sur les pentes et qu'il aurait suffi de siffler pour le faire venir à l'heure de l'exécution.
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Non qu’il se passe rien de plus, simplement l’homme commence à déchiffrer l’inscription, il pointe les lèvres comme s’il écoutait. Vous l’avez vu, il n’est pas facile de déchiffrer l’inscription avec ses yeux ; mais notre homme la déchiffre avec ses plaies. C’est au demeurant un gros travail ; il lui faut six heures pour en venir à bout. Mais alors la herse l’embroche entièrement et le jette dans la fosse, où il va s’aplatir dans un claquement sur la ouate et l’eau mêlée de sang. Justice est faite, alors, et le soldat et moi nous l’enfouissons.

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