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Claude David (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070414376
144 pages
Gallimard (07/06/2000)
  Existe en édition audio
3.82/5   10205 notes
Résumé :
La Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent, les masques tombent. Le récit qui porte ce titre est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits ; les effets en sont soulignés à l'encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C'est l'histoire, «excessivement répugnante», dit l'auteur, d'un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s'inflige. Et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (440) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 10205 notes
Jamais je n'ai lu un récit comme celui-ci !
Court, totalement prégnant, il m'a complètement siphonnée !

Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre en l'ouvrant mais dès la première phrase j'ai fait la connaissance de Gregor, un jeune représentant de commerce itinérant, qui se réveille seul dans sa chambre et n'est plus du tout un jeune homme mais un monstrueux insecte, une sorte de cafard gigantesque !

Dès les premières pages, je me suis sentie oppressée comme si c'était moi qui avait été transformée. Je comprenais avec une acuité extraordinaire à quelles pressions Gregor était soumis de la part de sa famille, de son employeur et de lui-même. Jamais encore un récit fantastique ne m'avait donné autant d'émotion en si peu de pages. Car nous parlons bien ici d'un récit fantastique. Personne, ni Gregor, ni le lecteur et peut-être encore moins le narrateur ne sait pourquoi et comment ce jeune homme qui fait de son mieux pour entretenir sa famille se transforme du jour au lendemain en monstre et est ainsi exclu de la société, même de celle de sa famille.

Le malaise que j'ai ressenti pour Gregor s'est matérialisé physiquement dès les premiers chapitres ; je n'ai pu tenir plus longtemps entre mes mains l'édition Librio à la couverture cauchemardesque, j'ai compris que je ne pourrais pas continuer sans couvrir le livre, ce que je fis le plus vite possible pour pouvoir me replonger dans ma lecture (ceux qui connaissent ladite couverture me comprendront).

En deux heures de lecture, jamais aucun sentiment de pitié ou de compassion ne m'a habitée, au contraire. Je me suis effrayée moi-même en pensant exactement comme les parents et la soeur de Gregor, c'est à peine si je pouvais soutenir les passages qui le décrivent ; moi aussi, comme eux, j'ai eu envie d'en finir avec lui et j'ai été soulagée quand...

Au-delà de sa forme, ce roman, proche de la nouvelle par son style, ouvre plusieurs portes de réflexion sur des sujets de premier ordre comme la dépendance, le travail, les rapports sociaux et la famille. Bien des questions sont soulevées mais le lecteur est seul pour trouver les réponses, pour trouver ses réponses.


Challenge ABC 2012 - 2013
Challenge AUTOUR DU MONDE
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Un livre essentiel pour mes coups de "cafard".
Un jour, Gregor, qui gagne son salaire pour toute la famille, s'aperçoit qu'il ne peut pas se lever, il y a un truc de bizarre. Mais comme le souligne Camus dans "Le mythe de Sisyphe", ce ne sont pas les antennes qui poussent, les points blancs sur le ventre ou la voix qui mue qui le préoccupent, mais le fait qu'il va être en retard au boulot, lui, le fonctionnaire ponctuel.
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Comme le souligne Camus, Kafka est un des plus grands romanciers de l'absurde, car il lie parfaitement l'extraordinaire artistique au quotidien banal, et, pour moi, c'est à la fois plaisant et cauchemardesque de vivre ces situations ubuesques où le père et le fils se courent après autour de la table, le fils mué en cafard. Kafka me fait penser à Zweig, même si les thèmes sont complètement différents, chez l'un il y a obsession absurde, chez l'autre c'est une situation absurde indépendante de sa volonté ( La métamorphose, le Procès ).
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Je reprends donc ce que je disais au début : ce livre, lu assez jeune, m'aida à passer mes coups de cafard. En effet, constamment rabaissé, je me suis longtemps dévalorisé. Et je me disais, en prenant les extrêmes : je pourrais être un cafard, comme Gregor. Je suis quand même mieux là où je suis, dans le pays où je suis.
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Kafka m'a aidé à provoquer ma résilience, même si je ne connaissais pas, à l'époque, la signification de ce concept. : )
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La métamorphose est un recueil de 16 nouvelles de longueurs inégales (allant de 3 phrases à 85 pages) dont la plus étoffée est la nouvelle titre, "La Métamorphose".
Que dire après les centaines de critiques qui ont élevé Kafka à des hauteurs inaccessibles et les millions de gens qui l'ont lu et relu et re-relu ? Juste donner un avis sincère et humble de l'impression produite par ce recueil sur un sujet lambda.
L'écriture est fluide, mais très vite les incohérences avec la réalité s'érigent en maîtresses. Pourtant on reconnaît la réalité mais les altérations perturbent la vision, un peu comme un tableau de Bacon. Pour être franche, je n'aime pas toujours spécialement, mais cela a un caractère de curiosité indéniable.
L'impression que j'en retire est celle d'un auteur qui aurait eu la faculté de se remémorer ses propres rêves (ou cauchemars, c'est selon) et qui les aurait couchés sur le papier. En rêve, j'ai souvent vécu des situations qui ressemblent à de la vérité mais où quelque chose cloche inexpugnablement, et où l'on se heurte mille fois au même obstacle ou à la même idée fixe sans que l'on y puisse rien changer, où l'on pédale dans une mélasse inqualifiable sans qu'il y ait moyen de nous en extraire.
Franz Kafka nous relate donc ces sortes de rêves et du coup, on peut prendre ça pour une écriture métaphorique, une écriture allégorique, agrémentée de force philosophie alors qu'il n'y a peut-être qu'une écriture onirique, du moins c'est le parti que je prends pour ce recueil-ci. (Je ne vais pas me faire des amis ! mais j'assume complètement.)
Ce n'est pas inintéressant, il fallait bien qu'un auteur le fasse, dire que j'en mangerais à tous les repas, peut-être pas.
Concernant la nouvelle intitulée "La Métamorphose", on peut probablement y lire (entre autre) une allégorie de la maladie, de la solitude, de la réclusion, de la dépendance ou du vieillissement. L'intéressant étant alors le récit du déclin dans la considération de l'autre, et pour avoir un peu vécu ce genre de situation, je comprends aisément ce qu'a pu vouloir exprimer l'auteur. On y lit aussi l'emprise de l'inertie sociale du personnage principal, enfermé au propre dans sa gangue de coléoptère, au figuré dans sa gangue familiale, et dont on ne saurait préciser laquelle de ces gangues lui interdit le plus de bouger.
Pour conclure, si vous êtes à l'aise avec vos cauchemars, alors vous serez à l'aise avec ce Kafka-là, mais je le répète une énième fois, tout cela n'est que mon avis, un parmi tant d'autres, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Il était une fois un Cancrelat nommé Grégoire Samsa qui rêvait qu'il était un Cancrelat nommé Franz Kafka qui rêvait qu'il était un écrivain qui écrivait sur un employé nommé Grégoire Samsa qui rêvait qu'il était un Cancrelat! Voici la version que tira le grand écrivain Augusto Monterroso de la métamorphose. Monterroso qui considérait Kafka et Borges comme les deux plus grands comiques! Cela s'explique puisque l'auteur tchèque lui-même éclatait de rire en lisant des passages à ses amis qui avaient eux aussi la même réaction.

La métamorphose nous rapporte une histoire à la fois comique et amère! Métamorphosé, le jeune homme Grégoire qui s'occupait de sa famille, se retrouve isolé, seul! Pire que le sentiment de Drogo de retour de son désert des Tartares lors de son premier congé! On sent toute l'atrocité de l'ingratitude et de la dégradation des sentiments les plus doux (paternel et maternel!)...On vit et on partage toutes les angoisses de Grégoire.

Le recueil contient aussi d'autres nouvelles (quinze). D'abord ce Verdict, nouvelle assez curieuse qui décrit le conflit du fils et du père, il n'est pas physique comme celui de Julien Sorel et de M. Sorel ! Il est plutôt verbal. Un dialogue animé où le père acariâtre prend le dessus et ne laisse plus aucune issue à son fils. Ensuite, on trouve la fameuse Chacals et Arabes, un long dialogue entre le narrateur et les chacals qui abhorrent les arabes. Puis la Parabole de la loi (issue du Procès), le Rapport pour une académie qui est assez singulière où le héros est un singe qui est devenu civilisé, Un message impérial qui nous rappelle Borges, Les Onze fils où Kafka nous brosse minutieusement onze portraits...

Ce recueil nous propose différents aspects de l'art de Kafka mais toujours dans la même veine.
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Malaise et dégoût.
Après une nuit agitée par de mauvais rêves, Gregor se réveille transformé en cancrelat. Une situation pour le moins cocasse et bouleversante : on hésite souvent au fil des pages entre ces deux sentiments.
Le récit nous fait vite perdre pied car Gregor, confronté à cette horrible mutation, n'a pas les réactions attendues. Cette hideuse transformation l'inquiète moins que ses conséquences forcément funestes sur sa vie professionnelle et familiale. Les premières pages alternent entre la description détaillée de son nouveau corps et sa peur panique d'être renvoyé de son travail. Une absurdie qui nous renvoie à nos propres comportements. Confrontés à un désastre individuel ou collectif, nous avons tous, je crois, les mêmes réactions : nous digérons l'événement pour ensuite mieux nous consacrer à notre propre survie.
Le comportement de la famille est à l'image de l'énormité de la transformation physique de Grégor : répugnance, dégoût, violence, abandon et, pire que tout, le ressentiment. L'aigreur des proches à l'égard de ce sale gosse qui à l'impudence de troubler la quiétude d'une honnête famille en se transformant en cafard est édifiante.
Les dernières pages sont effroyables. Les sourires béats du père, de la mère, et de la soeur, une fois le problème « Gregor » résolu, soulève littéralement le coeur. En réponse à ce torrent de haine et de malveillance, Gregor évoque son immense solitude, son incompréhension, son insondable tristesse et son sentiment d'échec total.
On ne compte plus les analyses psychologiques, freudiennes ou sociétales dont ce livre a fait l'objet, car ce récit, par son outrance, son exagération, est le miroir à peine déformant de notre propre conformisme, de notre résilience, de notre force morale face un drame qui anéanti les fondements d'une existence. de nos angoisses et de notre incapacité d'aimer aussi.
Une oeuvre magistrale.
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Citations et extraits (143) Voir plus Ajouter une citation
La tempête qui soufflait de mon passé s'apaisa.
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Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé dans son lit en une véritable vermine. Il était couché sur le dos, un dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s'aperçut qu'il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. La couverture, à peine retenue par le sommet de l'édifice, était près de tomber complètement, et les pattes de Grégoire, pitoyablement minces pour son gros corps, papillotaient devant ses yeux.

" Que m' est-il arrivé ? " pensa-t-il. Ce n'était pourtant pas un rêve : sa chambre, sa vraie chambre d'homme, quoique un peu petite à vrai dire, se tenait bien sage entre ses quatre murs habituels. Au-dessus de la table où s'étalait sa collection d'échantillons de tissus -- Grégoire était voyageur de commerce -- on pouvait toujours voir la gravure qu'il avait découpée récemment dans un magazine et entourée d'un joli cadre doré. Cette image représentait une dame assise bien droit, avec une toque et un tour de cou en fourrure : elle offrait aux regards des amateurs un lourd manchon dans lequel son bras s'engouffrait jusqu'au coude.

Grégoire regarda par la fenêtre ; on entendait des gouttes de pluie sur le zinc ; ce temps brouillé le rendit tout mélancolique : " si je me rendormais encore un peu pour oublier toute ces bêtises ", pensa-t-il, mais c'était absolument impossible : il avait l'habitude de dormir sur le côté droit et ne pouvait parvenir dans sa situation présente à adopter la position voulue. Il avait beau essayer de se jeter violemment sur le flanc, il revenait toujours sur le dos avec un petit mouvement de balançoire. Il essaya bien cent fois, en fermant les yeux pour ne pas voir les vibrations de ses jambes, et n'abandonna la partie qu'en ressentant au côté une sorte de douleur sourde qu'il n'avait jamais éprouvée.

" Quel métier, pensa-t-il, quel métier suis-je allé choisir ! Tous les jours en voyage ! Des ennuis pires que dans le commerce de mes parents ! et par-dessus le marché cette plaie des voyages : les changements de trains, les correspondances qu'on rate, les mauvais repas qu'il faut prendre n'importe quand ! à chaque instant des têtes nouvelles, des gens qu'on ne reverra jamais, avec lesquels il n'y a pas moyen d'être camarade ! Que le diable emporte la boîte.
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Cette grave blessure, dont Gregor souffrit plus d’un mois - personne n’osant enlever la pomme, elle resta comme un visible souvenir, fichée dans sa chair - parut rappeler, même à son père, qu’en dépit de la forme affligeante et répugnante qu’il avait à présent, Gregor était un membre de la famille, qu’on n’avait pas le droit de le traiter en ennemi et qu’au contraire le devoir familial imposait qu’à son égard on ravalât toute aversion et l’on s’armât de patience, rien que de patience.
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"Mes chers parents, déclara la soeur en frappant de la main sur la table par manière d'introduction, cette situation ne peut pas durer. Si vous ne vous en rendez pas compte, moi je le sens. Je ne veux pas prononcer le nom de mon frère en parlant du monstre qu'il y a ici, je vous dirai donc simplement : il faut chercher à nous débarrasser de ça.
Nous avons fait tout ce qui était humainement possible pour le soigner et le supporter ; je crois que personne ne pourra nous adresser le moindre reproche."
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Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. Il était couché sur son dos, dur comme une carapace et, lorsqu'il levait un peu la tête, il découvrait un ventre brun, bombé, partagé par des indurations en forme d'arc, sur lequel la couverture avait de la peine à tenir et semblait à tout moment près de glisser. Ses nombreuses pattes pitoyablement minces quand on les comparait à l'ensemble de sa taille, papillotaient maladroitement devant ses yeux.
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RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : « Lettre à Oscar Pollak », in Franz Kafka, Correspondance (1902-1924), traduit de l'allemand (Autriche) et préfacé par Marthe Robert, Paris, Gallimard, 1965, 608 p.
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