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Lucien Sève (Préfacier, etc.)
EAN : 9782266117043
369 pages
Pocket (16/09/2004)
3.35/5   17 notes
Résumé :

Copernic a chassé l'Homme du centre de l'Univers, Lamarck et Darwin du sommet de la création, notre société a tendance à le chasser du coeur de ses projets. Il n'est pourtant pas utopique de concilier le progrès, créateur de richesses, les avancées scientifiques et les logiques économiques avec l'humanisme. Axel Kahn ouvre un débat majeur sur le devenir de l'Homme : les biotechnologies, le clonage humain, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une très bon livre, une belle pensée!
Axel Kahn poursuit ici son observation critique des techniques biomédicales mises en oeuvres ou proposées en projets d'avenir.
Une analyse fine, humaniste et propre à nourrir nos réflexions.
Passant au sas de son intelligence chaleureuse les différentes techniques.
Cherchant les conditions de possibilité d'une vie humaine : en relation avec autrui.
Le noeud central tient peut-être au désir d'enfant et aux techniques de satisfaction dudit désir : dans le contexte global du devenir de l'humanité, l'auteur souligne la remise en cause d'une altérité vraie (et reconnue telle) par des excroissances psychiques pulsionnelles tant narcissiques qu'angoissées : «(…)l'affirmation selon laquelle l'enfant est, dans nos sociétés développées, le centre de toutes les attentions masque le fait que, plus que l'enfant lui-même, c'est l'idée de l'enfant, objectivation d'un désir pulsionnel et de projets personnels, antidote contre l'indicible angoisse de la finitude, qui campe au coeur de l'imaginaire individuel et social (…). le respect de l'enfant (…) passe, certes, par une solidarité active, ici un engagement à s'en occuper (…), mais aussi dans la capacité à admettre, à faciliter et à accompagner le processus de sa distanciation et de sa différenciation.» , Et l'Homme dans tout ça ?, p.340- 341.
Ainsi, comme dans «Bioéthique et liberté», l'auteur assied sa critique du clonage reproductif sur l'atteinte portée à l'altérité –contestant à juste titre la spécification (détermination) de l'enfant : car l'altérité est essentielle en sa gratuité comme en son intégrité [«Affirmer que l'homme seul n'existe pas implique que certaines valeurs sont intangibles en tant qu'elles le fondent (…). le respect de l'Autre est ainsi une valeur absolue (…)», BetL, 31/38],
C'est dans ce contexte que se pose, entre autres, la question épineuse de l'utilisation de l'embryon à fin non procréatique. Et l'on peut écouter Kahn : partant d'un constat (les embryons surnuméraires générés par les PMA ne pourront tous être transférés en vue d'une naissance), le généticien estime qu'une recherche appliquée à ces entités qui furent, selon ses termes, «projets possibles d'une personne» et qui restent à ce titre dignes d'un certain respect, est «moralement praticable» : «La reconnaissance de la dignité des personnes n'a jamais été un obstacle insurmontable à la réalisation de recherches biomédicales à tous les âges de la vie humaine (…). / Il est vrai que la particularité de la recherche sur l'embryon est qu'elle aboutit en général à sa destruction (…). Cependant, cette objection tombe dès lors que la destruction de l'embryon est programmée indépendamment de tout projet de recherche. / En quoi serait-il plus respectueux vis-à-vis d'un embryon humain de le détruire (...) plutôt que de le soumettre à une recherche de qualité(…) ? Il y a là (…) un élément de solidarité entre une vie qui n'adviendra pas et l'amélioration des conditions d'établissement d'autres vies humaines dans le futur qui rappelle la greffe d'organes de donneurs morts, où des personnes disparues passent à des personnes vivantes en difficultés des «témoins» de vie. », Et l'homme dans tout ça ?, page 85-86.
Toute la difficulté pour l'auteur tient à l'articulation de perspectives parfois contradictoires –à aux dimensions quasi ‘aporétiques' de l'éthique des pratiques. Ou plutôt une tension éthique qu'il s'agit de résoudre. Avec cette question récurrente : que reste-t-il à l'homme ? A exister ! Que reste-t-il au chercheur ? A chercher. Car la reconnaissance d'une dimension aporétique n'induit pas obligatoirement la démission. Car, nous dit Kahn, la tension éthique n'entraîne pas nécessairement l'inertie – elle relève peu ou prou de l'heuristique et peut ou devrait nourrir une conscientisation et une réflexion rapportées l'une comme l'autre à un horizon principiel et à une réalité de concrétudes et de souffrances – eu égard au moindre mal en l'état de nos connaissances et dans le souci d'options toujours transitoires.
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Axel Kahn, une personnalité célèbre et très estimable, vient de mourir: c'était le 6 juillet 2021. Son parcours scientifique et son influence dans le domaine de la bioéthique sont remarquables. Il a été membre du Comité Consultatif National d'Ethique de 1992 à 2004. J'ai eu envie de lire un de ses livres et j'ai choisi celui-ci, paru en l'an 2000. Dans cet ouvrage de (bonne) vulgarisation, l'auteur démontre ses qualités de pédagogue et également la profondeur de sa réflexion sur des problèmes délicats.

Il aborde des sujets variés: le racisme, les droits de l'homme, la morale, les peurs, la différence entre hommes et femmes, etc... Axel Kahn fait le point sur les dernières avancées scientifiques, par exemple dans son domaine: la génétique (c'est ainsi que j'ai appris des choses sur les mécanismes de différenciation entre mâles et femelles). Il analyse les nombreuses études qui montrent l'influence du génome sur le comportement, SANS toutefois le déterminer absolument ! Par exemple, on n'a pas mis en évidence le "gene de l'intelligence", contrairement à ce qu'ont affirmé certains, trop pressés de valider leurs théories deterministes. Mais aussi il pèse avec justesse le pour et le contre dans des débats philosophiques qui concernent (par exemple) la conduite à tenir avec les embryons humains. Il définit aussi le rôle des experts scientifiques, qui ne seront jamais des décideurs et dont l'autorité n'est que morale, mais qui doivent préciser honnêtement "l'état de l'art" sur les questions posées et donner des avis bien argumentés. L'auteur est conscient du fait qu'un dialogue de sourds existe entre ces experts et le grand public fâché avec la "science officielle".

Sur le plan philosophique, il y a deux grandes écoles qui inspirent les avis sur les problèmes de bioéthique. La première, qui se réclame de E. Kant (entre autres), est idéaliste et universaliste; c'est dans celle-ci que se range Axel Kahn. Mais un second courant (qu'on peut nommer "utilitariste"), issu de Hume, Bentham et Stuart Mill, prônant le pragmatisme (et... le libéralisme), relativise les valeurs morales; sans surprise, il influence les penseurs anglo-saxons contemporains. On comprend très bien que cette divergence de fond conduit à des prises de position fort différentes sur les questions de bioéthique. Ceci est bien expliqué dans ce livre.

Comme je l'ai laissé comprendre, Axel Kahn est un bon pédagogue. Mais le lecteur doit rester concentré pour bien suivre les raisonnements qui y sont développés. Si c'est le cas, il en tirera un grand profit.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L’embryon, le fœtus et le nouveau-né n’ont à l’évidence pas la capacité de revendiquer un droit à la dignité ; ils sont cependant en attente de le faire, en sont la promesse, ou au moins la potentialité. Or il est constant que la magnificence d’une fin retentisse sur la considération que l’on a pour son dessein et les premières étapes qui peuvent y conduire (...). Par ailleurs, la valeur d’une chose ou d’un être dépend non seulement de ce qu’ils sont en eux-mêmes, mais aussi de la valeur qu’ils ont pour des personnes, c’est-à-dire du transfert dont ils sont l’objet de leur part... En ce sens, fœtus, nouveau-nés et handicapés mentaux sont aussi dépositaires de la dignité projetée sur eux par tous ceux à qui ils importent, non seulement les parents et les proches, mais aussi la communauté humaine dans son ensemble. C’est ce type de considération qui rend légitime le passage d’une reconnaissance de la dignité et des droits de l’Homme à celle de la dignité de l’espèce humaine en tant que telle.
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(…)l’affirmation selon laquelle l’enfant est, dans nos sociétés développées, le centre de toutes les attentions masque le fait que, plus que l’enfant lui-même, c’est l’idée de l’enfant, objectivation d’un désir pulsionnel et de projets personnels, antidote contre l’indicible angoisse de la finitude, qui campe au cœur de l’imaginaire individuel et social. C’est le surinvestissement des parents dans cet appendice d’eux-mêmes qui menace le plus, chez nous, l’épanouissement des garçons et des filles, et cela dès avant leur naissance. Le respect de l’enfant (…) passe (…) aussi dans la capacité à admettre, à faciliter et à accompagner le processus de sa distanciation et de sa différenciation.
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L’éthique consiste dans la libre acceptation d’un devoir que la raison représente à la volonté comme nécessaire [d'après E. Kant]
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p 61 Le progès des sociétés humaines est toujours passé par le métissage culturel
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Videos de Axel Kahn (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Axel Kahn
Le généticien et essayiste Axel Kahn s'est éteint le mardi 6 juillet, des suites d'un cancer. Il avait choisi au jour le jour, de tenir sur son blog ce qu'il appelait "La chronique de l'itinéraire d'une fin de vie". Afin de lui rendre hommage, François Busnel et l'équipe de la Grande Librairie ont décidé de diffuser à nouveau cet entretien exclusif que le scientifique avait donné deux semaines avant sa disparition. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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