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EAN : 9782847423020
520 pages
Le Passage (19/03/2015)
3.81/5   32 notes
Résumé :
1938. Près de trente mille juifs s'exilent d'Europe vers Shanghai, le seul endroit au monde où l'on peut encore entrer sans visa. Ils croient fuir Hitler et les SS, ils se retrouvent pris au piège d'un ghetto japonais.
"Je ne veux pas moisir dans cette ville pourrie, je veux vivre ou crever mais pas végéter." Walter Neumann, jeune journaliste juif, tente de se frayer un chemin dans une Shanghaï interlope où la misère côtoie le luxe le plus effréné, où caïds c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Shanghai 1938: seul port du monde ouvert sans visa aux réfugiés juifs.

Contraint à l'émigration par les autorités du Reich, Walter Neumann se retrouve totalement démuni dans la grande ville chinoise encore meurtrie par le conflit sino-japonais. En dépit de ce contexte de misère et de solitude, le jeune journaliste viennois fait preuve de combattivité et d'opportunisme, un esprit d'entreprise qui lui permet de ne pas sombrer. Une vie d'expédients qui n'empêche pas la dignité, l'entraide, et l'amour pour une belle chinoise, aux attraits tarifés.
Car "il faut jouer le jeu de cette putain de ville".

Michèle Khan fait de cette page d'histoire peu connue de l'Europe un récit vivant et minutieusement documenté, pour évoquer le quotidien de cette métropole grouillante et cosmopolite, bien différente du Shanghai d'aujourd'hui. Une cité des contraires, de l'extrême pauvreté à la richesse la plus fastueuse, sur fond de débauches, fêtes, clientélisme et trafics en tous genres.

Si le personnage de Walter n'est pas des plus glamour et sympathique, il reste le fil rouge pour évoquer plusieurs années cruellement chaotiques pour la communauté juive, sur fond de nombreux conflits (sino-japonais, guerre mondiale, communisme).

Livre passionnant, touffu, qui replace les individus dans un visuel historique, dessinant une ville disparue, quadrillée de concessions internationales et qui eût le triste privilège de voir se créer un ghetto.

Quelle belle idée d'avoir réédité en poche cet excellent roman, resté longtemps indisponible!

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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je remercie Babelio de m'avoir sélectionnée et la maison d'édition "Le Passage" de me l'avoir fait parvenir.

Walter Neumann débarque à Shanghaï en 1938. Ce jeune journaliste juif autrichien, libéré du camp de Dachau se retrouve dans la métropole chinoise après un parcours chaotique.

Difficile de faire son trou dans cette ville où nombre de réfugiés juifs tentent de survivre dans une ville divisée en concessions étrangères et occupée par les japonais.

Malgré tous les obstacles, Walter parviendra à s'adapter tout en ayant à l'esprit l'obtention d'un visa pour les Etats-Unis.

Aux côtés de Walter Neumann, le lecteur va découvrir une page de l'histoire, le sort de la communauté des réfugiés juifs de cette ville.

Pour être franche, je n'ai pas été convaincue par la trame romanesque de ce livre. J'ai eu le sentiment que l'auteure a hésité à franchir le pas entre fiction et documentaire. Si la documentation sur le sujet est riche, la surenchère de détails et de personnages secondaires alourdit la fiction. L'ennui m'a parfois gagnée d'autant que le roman comporte plus de 500 pages.

Quant au héros, si j'ai admiré son courage et sa détermination, j'ai déploré son comportement ingrat et dénué de scrupules avec ses conquêtes féminines.

L'intérêt pour ce livre, en dépit d'un style honorable, vaut plus pour le contexte historique évoqué que pour le parcours de son personnage principal.

Je garderai de ce livre le souvenir d'une lecture laborieuse.
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Shanghaï passe pour avoir été le Paris de l'Orient, la perle de l'Asie, le paradis désigné des aventuriers d'un acabit douteux .Elle a été, aussi, le lieu d'accueil de plusieurs milliers de réfugiés juifs originaires pour la plupart d'Europe centrale, d'Allemagne, de Pologne, de Russie, des pays baltes, d'Autriche .Qu'avaient en commun ces femmes et hommes ? D'être persécutés, d'avoir vu le cours de leur vie interrompu par le triomphe des dictatures nazies et communistes en Europe dans les tragiques années 30.

Cette communauté, Michèle Kahn, dans son roman Shanghaï –la-juive, en a entrepris la restitution de sa vie, de ses activités, de ses espoirs, de ses désillusions aussi, durant cette période .Elle y décrit tout d'abord la vie de Walter Neumann, exilé viennois, qui tente de subsister dans cette ville, dont il apprend le dialecte, dont il apprécie les moeurs et la civilisation, en jouant comme pianiste au Wiener Café, un établissement de la ville .Il y côtoie la misère du peuple chinois, des types louches, des hâbleurs et mythomanes de la pire espèce qui ne craignent pas de s'inventer une vie antérieure très prestigieuse, sans rapport avec leur situation on ne peut plus précaire .Il est tout à la fois attirée par Macha, enfant gâtée passablement opportuniste corrompue par l'argent en très sensible au montant de la dot que va lui apporter son fiancé .Une autre femme, chinoise celle-là, retient l'attention de Walter Neumann :Feng-Si, dont il tombe sous les charmes.
Walter Neumann écrit dans des journaux, en langue allemande, en anglais également, pour maintenir une vie communautaire, une espérance parmi ses compagnons d'exil .Les mauvaises nouvelles s'accumulent, victoires de l'Allemagne nazie, couvre-feu imposé par l'occupant japonais et surtout décision de ces derniers de regrouper les Juifs dans un ghetto, comme en Europe …Des démarches commencent, des tentatives d'obtention de visas vers l'Amérique, vers des terres plus sûres .IL y dans ce roman une foule de détails et de révélations sur les vies de cette communauté, sur l'attitude de certains fonctionnaires japonais ayant contribué à sauver des réfugiés du pire, des Schindler locaux, des Justes .C'est ainsi que Michèle Kahn, dans l'épilogue de son roman, qualifie la ville : « Mais un dernier nom revient de droit à la cité qui a sauvé de vingt à trente mille vies humaines :celle qui a été Shanghaï-la-juive mérite à jamais le nom de Shanghaï-la-Juste. »
Roman dense, fourmillant de portraits, tentant de saisir avec réussite les tentatives d'êtres humains de maintenir l'espoir, leur dignité, face à la cruauté de l'Histoire, à son caractère implacable .A recommander sur ce sujet.

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Walter Neuman âgé d'une vingtaine d'années est autrichien et juif. Au lendemain de la "Nuit de Cristal" il est libéré du camp de Dachau et n'a pas d'autre choix que de quitter son pays. Il s'exile à Shanghaï, la seule ville qui accepte d'accueillir les juifs fuyant le régime nazi. A son arrivée, comme tous les nouveaux arrivants, il est accueilli dans un Heim : un foyer où les hommes sont entassés en attendant un sort meilleur ; ils sont si nombreux que leurs bienfaiteurs ne peuvent leur offrir que ça et un repas frugal quotidien. Walter n'a pas un sou en poche, il est parti si précipitamment...... En Autriche il était journaliste et travaillait pour le Journal de son père. A Shanghaï il n'a ni travail ni argent mais refuse la perspective de ne vivre que d'expédients. En y allant au culot (il propose de faire la plonge dans un café pour payer sa consommation), il trouve un emploi de plongeur, puis, bon musicien, il est engagé au Wiener Café en tant que pianiste. Là, il fait la connaissance de Feng-Si une ravissante chinoise qui a échappé à la misère en vendant ses charmes. Elle le prend sous sa protection, lui permet de se familiariser avec la ville et les moeurs chinoises. Il rencontre aussi Macha, fille de riches immigrés autrichiens avec qui il se fiance ; mais, le mariage étant sans cesse repoussé, il s'aperçoit au bout de quelques années de fiançailles, qu'elle n'est en fait qu'une enfant gâtée, interessée, et il rompt leurs fiançailles. Il écrit des articles dans les journaux locaux, est engagé dans un orchestre qui joue le soir dans un restaurant ; tous ces petits boulots lui permettent de garder la tête hors de l'eau mais pas d'envisager une vie meilleure. Son rêve, c'est d'immigrer aux Etats Unis et sa seule chance d'obtenir un visa, c'était Macha dont une partie de la famille vit à New York. Lorsque les Japonais envahissent la Chine, il doit fuir pour éviter d'être enfermé dans le ghetto. Il partira à Hong Kong où il finira par faire fortune et devenir un vrai "taïpan".
L'histoire se déroule entre 1938 à l'arrivée de Walter à Shanghaï et 1997, date à laquelle se termine le récit. A travers le personnage de Walter Neuman, l'auteure reconstitue la vie de cette communauté israélite, de ces hommes et de ces femmes de toutes nationalités qui, ayant fui l'Europe et la terreur nazie dans la précipitation, n'ont pas trouvé d'autre refuge que Shanghaï, la seule ville à les accueillir sans qu'ils aient besoin d'un visa. Parmi ces immigrés, certains s'entraident, d'autres s'affrontent : pour quelques heures de travail, pour être sûr d'avoir quelque chose à manger le soir. Ils côtoient la population chinoise mais se mêlent très peu à elle : la langue, les usages sont différents et beaucoup considèrent les chinois comme des êtres inférieurs, ce qui leur interdit d'accepter certains emplois. "C'est un travail de Chinois !.... Non seulement le Blanc déchoit quand il se livre aux taches inférieures, mais il prend le gagne-pain des Jaunes", déclare Horst le médecin, à Walter, alors que celui-ci n'a rien trouvé de mieux que quelques heures de plonge pour subsister. Parmi eux, il y a ceux qui ont pris la précaution de cacher quelques diamants dans leurs vêtements avant leur départ, il y a un homme qui a fondu un lingot d'or pour le transformer en clous dont il a décoré sa valise, mais il y a surtout ceux qui sont partis sans un sou. Il y a ceux qui, comme Walter, veulent rester loyaux et honnêtes jusqu'au bout et ceux qui n'hésitent pas à tremper dans les affaires les plus louches pour s'enrichir aux dépends de leurs semblables.
C'est toute une fresque de personnages tous plus attachants les uns que les autres que Michèle Kahn nous offre là, des bribes de vie qui mises les unes au bout des autres dépeignent à merveille le destin tragique de ces exilés. Elle sait nous faire partager avec émotion leurs espoirs et leurs désespoirs (les suicides ne sont pas rares) mais aussi leurs efforts pour survivre dans la dignité. Au fil de son récit très documenté, on parcourt les rues de Shanghaï grouillantes d'une population cosmopolite, et on est saisi par l'abondance des couleurs et des odeurs qui s'en dégagent.

Malgré ses cinq cents pages, Shanghaï-la-Juive est un roman qui se lit vite. La plume de l'auteure est fluide et aisée, il n'y a pas de temps morts. On ne peut s'empêcher d'être attéré devant tant de malheurs et d'admirer le courage de tous ces exilés.

Un roman passionnant tant historiquement qu'humainement.

Un grand merci à BABELIO et aux Editions LE PASSAGE
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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C'est après avoir lu "Quand nous étions orphelins " de K.Ishuguro, que je décidai de lire un autre livre sur Shangaï.
L'action ici se déroule exactement au même moment entre 1938 et jusqu'en 1997 (pour l'épilogue).
Les attentes ont été exaucées en termes de descriptions historiques, politiques :
la position du japon , des nations occidentales , des états unis ,
les événements tragiques de la guerre , les descriptions de la ville et de ses ambiances .
Par contre j'ai été moins emballée par la trame romanesque que j'ai trouvée cul - cul,
et aussi par une vision de la femme très datée et souvent dévalorisante.
Il faut donc saluer dans ce roman toute la recherche historique de l'autrice et reconnaître qu'il est assez distrayant quand même !

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Fengyong savait que l'état financier de Walter lui interdisait les tarifs de Feng-si. La vérité lui sauta aux yeux. Cet œuf pourri qui lui avait fait perdre la face, obtenait les faveurs de sa sœur. Un flot de haine lui embrasa les poumons.
Retourné dans la cuisine, il fit tourner les portes des placards et gicler l'eau de vaisselle, interrompit sa tâche pour marcher de long en large dans la cuisine, grinçant des dents et grognant. Tuer ce pou immonde à coups de bâton, à coup de dents. Que ce sale excrément de tortue velue crève comme un chien!
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"Le capitaine n'est plus là pour te protéger, ni toi ni aucun autre juif. Et tu ne peux rien espérer de son remplaçant." Voilà pourquoi il obéissait aux ordres japonais en allant s'enfermer dans la Zone Limitée. Et soudain, il compris ce qu'était cette zone où étaient rassemblés les juifs: un ghetto!...
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Shangaï, ville émergée des marécages et de la boue: la phrase lue par son père dans le Wiener Post lui revint à l'esprit. Petite voix insistante, qui finit par lui emplir la tête comme un carillon de cloches. Shanghaï, ville émergée des marécages et de la boue. Shanghaï, ville émergée des marécages et de la boue. Et de cette boue avaient surgi le marbre et l'or. Le Bund était un diamant sortie de la boue. Pour l'instant Walter était enfoncé dans la boue. A peine émergeait-il, à peine respirait-il. Mais un jour, il se le jura, il deviendrait diamant.
Pour commencer, il en aurait la dureté.
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