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EAN : 9782810005956
61 pages
Editions du Toucan (12/02/2014)
4.33/5   3 notes
Résumé :
"Parce que je considérais que c?était la mission première d?une sage-femme du service de protection maternelle et infantile, j?ai longtemps préféré exercer dans ce qu?il est convenu d?appeler les « quartiers difficiles ». Dans ces quartiers, j?ai vu bien sûr la pauvreté, l?isolement mais surtout la violence et l?oppression dont les femmes sont victimes au quotidien. J?ai perçu, à travers cette violence et cette oppression, le rejet des valeurs portées par notre soci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Bouleversant…
Ce livre de portraits, écrit par Ghislaine Kalman, est tout simplement bouleversant. En une centaine de pages, elle nous relate son expérience de sage-femme détachée en “DSU” pendant cinq ans, auprès d'associations, pour assurer une politique de prévention et d'éducation à la santé dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris, puis comme attachée à l'hôpital Lariboisière pour suivre les grossesses à risques. DSU : trois lettres qui en langage administratif viennent remplacer le terme de “quartier sensible” en y substituant l'appellation de “zone de Développement Social Urbain”, c'est vrai que ça change tout, ou pas.
À travers de courtes et nombreuses anecdotes, l'auteur va nous faire toucher du doigt avec délicatesse et réalisme, le quotidien de femmes de tous horizons, nationalités et situations familiales plus variées les unes que les autres. Chinoise, malienne, indienne, maghrébine, congolaise ou française, chacune de ces femmes va confier à la sage-femme, plus que son futur de parturiente, son histoire personnelle, son parcours mouvementé et sa foi dans un avenir incertain.
Madame Zhang, couturière dans un appartement minuscule, n'ayant pour interprète que son fils Jean-Michel au prénom déjà français, qui va à l'école de la République, s'applique à faire ses devoirs et s'intégrera sans bruit dans notre société multiculturelle.
Émilienne, arrivée de Brazzaville, dont le futur bébé a été reconnu avant sa naissance par un ami français, lui assurant ainsi le droit du sol, mais seulement ça parce que « c'est tout ce qu'il peut faire pour elle ».
Farida, qui débarque à l'hôpital avec le visage tuméfié, parce qu'elle « est tombée en sortant de la baignoire et en glissant sur le savon au sol », laquelle va vivre, le temps de son séjour, puis d'accoucher, ce qu'on appelle délicatement une “lune de miel” avec son compagnon qui s'est empressé de lui apporter un bouquet de fleurs dans sa chambre, avant de retrouver une vie faite de violences conjugales…
Salimatou, qui plus que son enfant à naître, s'inquiète du sort de la petite Fatou, restée au Mali, et qu'il faut sauver à tout prix avant que la “tradition” de l'excision ne la rattrape.

Et bien d'autres petites histoires aussi graves, quand elles ne relèvent pas de l'absurdité de l'administration qui veut si bien faire, enchaînant les politiques de la ville et débloquant des budgets à tour de bras, pour faire de ces quartiers une vitrine de l'implication des élus. Mais l'argent ne suffit pas quand on se contente d'allouer, à chaque fois, de nouveaux subsides aux associations multiples, pour aider ces populations isolées dans un quartier qu'elles ne quitteront jamais, puisqu'avec la meilleure volonté affichée, on “ghettoïse” un peu plus mais mieux ces habitants confiants dans nos institutions, car vivant en vase clos pour se rassurer entre compatriotes. Quid alors de la véritable intégration ?
L'auteur ne nous apporte pas de réponse à ces questions, ce n'est pas son propos, mais juste un témoignage de ce qu'elle a vécu pendant vingt ans auprès de gens, qui, perdus dans un pays qu'ils ne connaissent pas, se disent que malgré tout, quelle que soit la misère dans laquelle on vit, ça ira toujours mieux quand c'est dans un pays riche avec autant de personnes pour s'occuper de soi.
Quant à nos édiles, même les mieux intentionnés, c'est avec le sentiment du devoir accompli qu'ils se retrouveront à l'inauguration du ”énième“ bâtiment d'accueil, entre gens de bonne compagnie, se pavanant et admirant ces locaux d'un nouveau ghetto exemplaire.

Un livre sans concession, mais sans esprit de revendication inutile, juste un livre plein d'humanité, avec de la compassion mais pas de sentimentalisme.
Un magnifique livre qu'il faut lire et faire lire autour de soi. Pour dix euros, ce n'est pas cher payé l'information.
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Des récits posés comme des petits cailloux, pour aller à la rencontre de femmes qui ont en commun de vivre dans des quartiers difficiles. L'auteur, sage-femme en banlieue parisienne, raconte mais n'interprète pas cette réalité, à la fois si proche géographiquement et si éloigné culturellement. Lors de ses visites à domicile ou des consultations en PMI, elle rencontre des femmes souvent coupées du monde, qui parfois mettent en danger leurs enfants à naître par manque d'information ou pour se conformer à leur culture, des jeunes filles violentées qui trouvent cela presque normal, une précarité extrême qui est le lot de nombreuses familles.
Virginie, toquée du doc
Lien : http://www.franceinter.fr/em..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Des grappes de jeunes hommes stationnent toujours à l’entrée du square, devant le carrefour des rues Léon, Cavé, et Saint-luc. (…)
Au début il y avait une fontaine, un projet de lycée « pilote », avec des classes préparatoires, un court de tennis… En somme la matérialisation d’une sorte de rêve de faire de ce quartier déshérité un quartier « comme les autres » et, même mieux que les autres. Pourquoi les jeunes de la Goutte d’Or ne pourraient-ils pas, sans quitter leur quartier, intégrer des classes préparatoires, jouer au tennis ? Pourquoi ce quartier ne devrait-il pas devenir une pépinière de l’élite, et en remontrer aux autres quartiers ?
La fontaine a été comblée, le projet de lycée abandonné, le court de tennis transformé en terrain de foot. Dans le même temps, de nombreux équipements ont vu le jour : une crèche de quatre-vingts berceaux, une bibliothèque, une ludothèque, une poste, et le Pôle-Santé Goutte d’Or où les familles trouvent dans un même lieu une consultation pour nourrissons, un centre de planification familiale, des consultations spécialisées, et un « espace santé » où sont proposées des actions d’information et de prévention. Ces équipements sont venus s’ajouter à ceux qui existaient déjà : crèche, consultation de PMI, dispensaire, centre d’action sociale, et bien sûr, l’hôpital Lariboisière tout proche. Si bien que ce petit coin de Paris fait certainement partie des zones de France les mieux équipées en service publics.
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Je m’approche de deux assistantes sociales qui discutent d’événements récents survenus dans un collège du quartier. L’une d’elles s’inquiète du viol d’une adolescente qui se serait produit dans l’établissement de la seconde qui lui répond, presque rassurante :
- Ah non, ce qu’on dit est très exagéré… C’est vrai, il y a eu des attentats à la pudeur, des gamines ont été déshabillées dans leur classes. Mais un viol, non, quand même !
A-t-elle seulement réalisé l’énormité de ce qu’elle vient de dire ?
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Profitant de la confusion, une gamine me tire par la manche. C’est une jeune maghrébine de quinze ou seize ans. Elle est fine, très jolie, timide. « Madame, avec la sodomie, est-ce qu’on peut être enceinte ? » Sa question est sincère, précise, ce n’est pas de la provocation. Elle attend de moi une vraie réponse.
Je m’entends lui dire : « Non, mais tu sais, si tu ne souhaites pas avoir de rapport sexuel, si tu souhaites attendre d’être un peu plus âgée (tu es encore bien jeune), tu n’es pas obligée de dire oui pour faire plaisir à un garçon. Ton corps t’appartient (sans blague, je lui sors un slogan MLF alors qu’elle me demande comment préserver une apparence de virginité, vitale pour elle!).
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Pendant ce temps, quelque part dans des bureaux feutrés, de modernes Précieuses - ministres ô combien féministes - estiment qu’il est une question vitale et urgente pour instaurer l’égalité des sexes : féminiser des noms masculins… Il est à leurs yeux de la plus haute importance de violer la langue française pendant que des gamines sont violées dans les caves des cités, dans l’indifférence quasi-générale.
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