Pour soigner son coeur trépidant « qui parfois s'emporte sans raison », « parle, prend ses aises, sort de ses gonds »,
Ahmed Kalouaz doit subir une opération chirurgicale, en ce début d'année 2015.
Il va consigner sur ses petits carnets noirs presque heure par heure ses impressions, ses rêves et ses songes, ses craintes et ses douleurs.
Cette parenthèse dans son quotidien d'écrivain le propulse dans son histoire familiale et fait resurgir l'image énigmatique du grand-père paternel.
Ahmed Kalouaz traque les mots pour combler les trous de l'histoire. Celle qui fut si cruelle pour son grand-père : après avoir combattu dans les tranchées du Nord de la France lors du conflit de 14 /18 il est victime d'une rafle meurtrière pendant la guerre d'Algérie. le petit fils se souvient aujourd'hui de l'inquiétude des adultes, de la haine raciste du voisinage qui crachait le mot ‘arabes' avec dégoût : « Pour chasser ces mots amers, je me suis mis en chasse pour en ramener d'autres ».
Peut-être sont-ce toutes les injustices portées par les membres de sa famille qui font que le coeur d'
Ahmed Kalouaz s'affole et prenne si souvent la tangente ? Peut-être est-ce pour rééquilibrer les poids sur la balance de l'histoire que ce fils et petit-fils d'illettré choisit de devenir poète-écrivain ?
«
Juste écouter le vent » restaure la mémoire de ces hommes et femmes qui ont soufferts de ne pas être nés du ‘bon' côté de la Méditerranée.
Sans douter de l'efficience du travail des soignants (auquel l'auteur rend hommage), c'est, aussi, la Poésie, la recherche minutieuse et exigeante du mot juste qui remet de l'harmonie et du rythme dans le coeur chahuté d'
Ahmed Kalouaz.
Parce qu'« il n'est jamais trop tard pour parler de poésie », «
Juste écouter le vent » nous en offre un bouquet infini. Les fragrances des mots de l'auteur se mélangent avec ceux d'
Aragon, de
Léo Ferré, de
Jacques Bertin…