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EAN : 9782070416240
624 pages
Gallimard (25/04/2001)
2.99/5   54 notes
Résumé :
Quelle meilleure position que celle du psychanalyste pour avoir une vue panoramique sur la société ? Simon voit défiler dans son cabinet tous ces analysants dont les histoires, par petites touches, se superposent et se complètent, formant un véritable kaléidoscope du monde contemporain. Écartelés entre leur désir d'ignorance et leur désir de vérité, ils constituent à leur façon une sorte de héros collectif. Tout le monde veut penser sa vie, qu'il soit en analyse ou ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il y a longtemps que je voyais ce livre clignoter à la bibliothèque, et son titre ne m'attirait pas spécialement : encore une histoire de divan, me disais-je, de rabâchages de papa Freud avec sa zigounette en sautoir, d'enfumages enrobés de ranci petit-bourgeois qui s'échappent des portes des cabinets d'analystes, beurk.
Quelle erreur.
Voici un grand livre qui évoque bien sûr la psychanalyse, mais comme clé d'accès au flux de conscience de personnages vivants et attachants, qui pourraient être, vraiment, tous ou presque tous, chacun de nous, ou un aspect de nous.

Grâce à eux, grâce aussi à la progression d'une pensée dynamique interagissante avec celle de Franz Kafka, l'auteur fétiche de l'une des analysante, sont abordées les grandes questions existentielles, politiques, philosophiques : la vie, la mort, l'amour, la dévoration des enfants par les parents, l'urbanisation hideuse qui s'étend telle un cancer dans les zones qui entourent les villes, l'angoisse, la solitude.

Tous se débattent pour accéder à la clarté et à la sérénité. Parfois des liens sont faits, des évidences inattendues et aveuglantes viennent se poser aux pieds des personnages ébahis, une clé entre dans une serrure que l'on croyait condamnée. Et c'est la joie qui soulève.

Il y a Simon, le psychanalyste humaniste, bienveillant et doux dans la vraie vie aussi, Eva qui cherche un sens et se débat avec sa chienne d'existence, Josée, ex-prostituée un peu naïve, Louise la comédienne intuitive et sincère, Marie, qui cherche un homme à aimer, mais les hommes existent-ils ?... Côté garçons Marc, le chef d'entreprise à qui sa femme ne veut plus donner d'amour, Edouard le vendeur d'encyclopédies étouffé par sa mère, Sylvain le masochiste qui préfère aller au-devant de la douleur que de se la voir imposer par la force, Jérémie l'homosexuel dépressif depuis que son compagnon l'a quitté et qui reste seul avec son chat Jean-Pierre.

Il y a aussi des personnages secondaires, fugaces, parfois rencontrés dans la rue, dans les quartiers laids ou beaux de Paris, dans les jardins, par les protagonistes de cette histoire intime, et qui rendent la toile tellement plus vivante : Aurélie, la prof d'histoire qui projette "le dictateur" de Charlie Chaplin pour illustrer la montée du nazisme, Dominique la pédo-psychiatre devineresse, qui lit les enfants muets comme on lit un livre ouvert, Jean-Louis qui use les vêtements d'un mort pour se protéger et que sauve la tendresse d'une femme, Guy, le patron du bar de Pigalle, qui veille sur ses clients et Zoé, la petite Zoé, qui a la danse dans le sang et qui comprend la vie à travers elle.

Tous cherchent l'issue, tous cherchent à comprendre, tous ont leur quête et c'est la même : le bonheur existe-t-il ?

Et au milieu d'eux se tient l'ombre de Kafka qui veille sur tout ce monde et tente de métamorphoser la vie par l'écriture car écrire "c'est sauter en dehors de la rangée des assassins d'espoir" que sont les hommes normaux.

Le roman est présenté en courts chapitres, des "short cuts", ce qui fait qu'on ne se lasse pas, on passe de façon fluide de l'un à l'autre, on retrouve les personnages de loin en loin, on les suit dans leur parcours. Pas de lourdeur. Cela ressemble à un scénario de théâtre, ce qui n'est pas étonnant puisque de nombreuses oeuvres de Leslie Kaplan sont adaptées sur scène.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre que je vais acheter pour pouvoir le relire. J'ai été très surprise par les critiques négatives des amis babéliotes que je ne m'explique pas. Certes ce n'est pas un roman traditionnel avec une intrigue, des aventures, des rebondissements. Ce n'est pas un livre d'Alexandre Dumas ou d'Olivier Adam. Cela s'apparente plutôt à la veine de certains romans de Marguerite Duras et d'Hélène Bessette. Ça en a le "gnac", la poésie, la nostalgie du temps qui passe et la révolte. Ça décortique, mais pas trop : ça laisse le lecteur faire son propre travail : pas de solution livrée clé en mains.
C'est une sacrée trouvaille, faussement facile, mais abordable et stimulante.

Je le recommande à toutes celles qui sont passionnés de quête existentielle. Et à tous ceux aussi, bien sûr.
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que dire?

j'ai beaucoup peiné à finir... Au départ, le style m'a beaucoup plu, toutes cette succession de chapitres extrêmement courts qui nous plongeaient tour à tour dans le cabinet du psy et de ses mille visiteurs, dans la tête du psy lui-même, dans la vie de cette Eva dont il sera question tout au long du roman, ou encore cette Louise, quand ce n'est pas Josée... Mais au final tout ceci est décousu, lassant; certains fils directeurs (Kafka, entre autres) s'épuisent avant d'avoir trouvé leur aboutissement; tout comme ce parallélisme troublant entre la vie d'Eva et la pièce que joue Louise, qui raconte la même histoire. On reste sur sa faim, les choses ne vont pas jusqu'au bout, il y a l'esquisse et pas la couleur, le trait reste inachevé et pourtant! presque 500 pages pour raconter... rien, ou pas grand chose, pour dire à quel point les vies sont vaines, les recherches de sens fastidieuses (mais essentielles?)...

et puis il faut bien le dire, le style, bien qu'intéressant, est épuisant à lire! des grandes phrases qui ont pour ambition d'imiter la souplesse, la rapidité, la flexibilité de la pensée (enfin, du moins c'est comme ça que je l'interprète!) pfuitttttt!
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Bien avant les séries En thérapie, In treatment, etc., un livre qui compile des morceaux de séances, et de moments hors séances, avec un personnage central autour duquel gravitent des personnages non secondaires. Ce n'est cela dit absolument pas des dialogues simplement retranscrits, pas un verbatim de séances. C'est de la littérature, c'est en un sens fou et sans aucun sens. Puis ça semble en prendre, pour reperdre le fil aussitôt.
C'est une addition, strate après strate, petit texte tordu après petit texte raboté, après petit texte concave, convexe, plié, déplié, arraché, recollé. La langue, la vie, le sens, Freud, l'écoute, le silence, les silences, les rapports humains, les morts et la mort, les émotions et les sentiments.
Tout ça foutraque et en 600 pages.

A la fois intéressant et absolument inutile. Une certaine littérature.
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Avec les romans je fonctionne au "feeling", et le moins que l'on puisse dire c'est que celui-ci n'a rien éveillé chez moi si ce n'est de la lassitude et de l'ennui... Je l'ai trouvé très décousu, difficile à suivre, aussi abscons qu'indigeste, tout ce que je n'aime pas dans un roman est réuni ici ! Notamment les chapitres ultra courts et les phrases aussi courtes, saccadées. Un roman que je n'ai même pas eu le courage de terminer, tant il m'a fatigué, lassé. Bref, je n'ai pas aimé, et, pour tout vous dire, ce n'est pas ce roman qui va me réconcilier avec le genre !
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La quatrième de couverture était prometteuse mais les 103 premières pages n'ont pas tenu les promesses, j'ai abandonné le livre.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Et Simon aimait que les hommes changent, puissent changer. Laissent leurs maux. Mettent une distance, soient moins tristes, moins blessés, moins misérables, et jouent, apprennent à jouer, à être gais. Guérir une fois pour toutes l'angoisse, non, sûrement pas. Mais arriver à en faire autre chose, à s'en défendre autrement que par des rituels obsessionnels ou des somatisations, sans parler de comportements délinquants qui visent à tout faire porter au voisin...(p.56- coll. Folio)
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– Ça m’ennuie de vous dire ça, mais je voulais vous le dire alors je le dis, dit Marc. Vous êtes trop cher. Bien sûr c’est normal de payer pour ce travail, enfin, ce qu’on fait ensemble, mais c’est trop cher.
En plus je suis sûr qu’il y en a qui paient beaucoup moins.
Un silence.
Est-ce que tout le monde paie pareil, dit Marc. C’est une question indiscrète, vraiment indiscrète, ça ne se fait pas de poser des questions pareilles, je me sens très mal élevé, c’est comme demander à quelqu’un combien il gagne, excusez-moi, mais j’ai ça dans la tête…
– Non, dit Simon. Non. Tout le monde ne paie pas pareil.
– Alors ça c’est la meilleure, explosa Marc. Mais c’est incroyable, c’est insensé. Je m’en doutais. Et vous dîtes ça froidement, comme si de rien n’était.
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Je me disais qu'au fond le biologisme et le bon vieux prêche idéaliste allaient toujours de pair, et mine de rien le médicament était assimilé à la vérité, et la vérité à un médicament, une chose en tout ca que l'on prend, par le corps ou par l'esprit, et ensuite "il suffit" d'avaler, d'absorber, de digérer. Alors qu'on voit bien qu'une explication donnée ne marche pas toute seule, quelqu'un peut très bien savoir et ça ne lui fait rien, pas plus qu'un récit n'est une pure et simple "idée" déroulée, démontrée, au contraire tout passe par le détail, les tours et les détours, la densité de la langue, l'épaisseur du temps.
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- Ecoutez, disait Edouard, je vous l'ai déjà dit, vous ne devriez pas partir, chaque fois que vous partez il m'arrive un truc, vraiment je ne comprends pa que vous ne compreniez pas, vous prenez trop de vacances, moi je n'en prends pas autant, enfin je ne sai pas si c'était des vacances, en tout cas à chaque fois il m'arrive quelque chose.
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J'aimais que Simon me parle de ses débuts, de sa formation, de l'époque où il travaillait dans des institutions diverses, centres de santé mentale, hôpitaux psychiatriques. Il considérait la folie comme une limite, une possibilité toujours présente pour quiconque, tout en citant souvent la phrase, N'est pas gou qui veut. Il refusait l'idée d'un destin biologique, pensait qu'en principe, mais selon l'histoire particulière de chacun, tout, dans le psychisme, pouvait se soigner, non pas se guérir, mais se soigner, par un travail d'analyse, de parole.
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Videos de Leslie Kaplan (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leslie Kaplan
Leslie Kaplan - L'Assassin du dimanche - éditions P.O.L - où Leslie Kaplan tente de dire de quoi et comment est composé "L'Assassin du dimanche" et où il est question notamment de femmes qui s'organisent et de collectif, de littérature et de hasard, de Franz Kafka et de Samuel Beckett, d'une usine de biscottes et du jardin du Luxembourg, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "L'Assassin du dimanche", à Paris le 21 mars 2024
"Une série de féminicides, un tueur, « l'assassin du dimanche ». Des femmes s'organisent, créent un collectif, avec Aurélie, une jeune qui travaille en usine, Jacqueline, une ancienne braqueuse, Anaïs, professeure de philosophie, Stella, mannequin, Louise, une femme de théâtre…"
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