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EAN : 9782369560180
155 pages
Editions Intervalles (16/05/2015)
3.74/5   41 notes
Résumé :
En 2011, Melsi, journaliste et écrivain albanais vivant en Grèce, est rappelé en Albanie pour enterrer son père, dont il ne sait presque rien. À Tirana, il s'emploie à surmonter les tracasseries administratives et entreprend de reconstituer la vie de ce dernier, pleine de secrets. Ce roman, qui met en scène deux périodes mouvementées, éclaire la dérive de l'Albanie pendant et après le communisme.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Quand j'ai choisi ce livre parmi la sélection de Masse Critique, je l'ai coché un peu au hasard. Disons que ce n'était pas le livre que je voulais absolument recevoir,mais je l'avais sélectionné par curiosité.
Et la curiosité fait sacrément bien les choses, parfois, car ce livre fut un intense moment de lecture pour moi.
Le livre n'est pas épais, il compte 156 pages. Et pourtant, j'ai bien du mettre plus de 3 heures pour le lire. Pratiquement deux fois plus de temps que ma vitesse de lecture habituelle. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai ressenti le besoin de prendre mon temps, de savourer chaque phrase, chaque paragraphe, de prendre mon temps entre deux chapitres. Inconsciemment, je crois que je me suis pratiquement fait une lecture à voix haute dans ma tête, comme si l'auteur me narrait son histoire lui-même, et que je l'écoutais d'une oreille attentive.

Melsi, Albanais, la quarantaine, vit et travaille en Grèce. Suite au décès de son père à Shangai, il retourne dans son pays natal afin d'effectuer les formalités administratives. Mais ce retour ne sera pas sans conséquences, puisqu'il va faire quelques découvertes auxquelles il ne s'attendait pas. Entre autre, celle d'un carnet marron contenant un texte écrit par son père lui-même. Cela va l'amener à se poser deux questions : Que faisait son père à Shangai ? Et qui était-il vraiment ?

La dernière page est un roman sombre, pessimiste, qui explore un passé historique douloureux, et un présent guère plus glorieux, même si les raisons ne sont pas les mêmes. Mais ce sont aussi des êtres torturés, emplis d'une vie qu'ils semblent presque porter comme un fardeau. Probablement, le roman est à l'image des deux pays mis en scène, l'Albanie et la Grèce. Je dis probablement car j'en connais tellement peu sur ces nations, que je ne veux pas m'avancer, mais dans mes spéculations, j'imagine que c'est ce que l'auteur a voulu faire ressortir.
Mais malgré le côté pessimiste qui en ressort, l'histoire contient une profondeur qui l'empêche de sombrer dans un aspect totalement démoralisant.

La dernière page, ça parle d'identité. Celle d'une famille juive de Thessalonique, qui doit taire son nom, jusqu'à l'oublier. Celle d'un homme qui passera de Juif à musulman puis fervent communiste. Celle d'un homme qui va découvrir que son père n'était pas celui qu'il croyait, et va se poser des questions sur lui-même.
Dans La dernière page, il est également question de frontières. Celles de l'Albanie qui jusqu'en 1991 restent ostensiblement fermées au Monde, plongeant ses habitants dans un gouvernement totalitaire où règne sans cesse la peur d'être dénoncé pour opposition au régime. Celles de la Grèce qui, tout en étant ouvertes à l'Europe, au monde, voient ses citoyens habités par la peur de l'étranger, la peur de l'envahissement. La Grèce qui, malgré son ouverture à l'Europe, refuse la nationalité grecque à un albanais vivant et travaillant dans le pays depuis plus d'une décennie.

En alternant l'histoire de Melsi dans le présent, et l'histoire de son père, qu'il découvre grâce à ce fameux cahier marron, l'auteur nous convie à une rude mais néanmoins passionnante découverte d'une Histoire que personnellement je ne connaissais que trop peu. J'ai notamment trouvé très intéressant d'en connaître un peu sur l'Albanie d'après le régime Communiste. Comment se servir de cette liberté si longtemps opprimée ? Comment envisager un avenir avec des frontières qui s'ouvrent ? Comment ne pas être tentés de quitter ce pays qui a si longtemps empêché ses citoyens de sortir du territoir ?

Oui, La dernière page est une fiction, mais l'histoire s'ancre dans une réalité contemporaine qui ne fait aucun doute. Et par les thèmes traîtés, ce roman nous invite à une réflexion sur notre Histoire, sur notre identité, en résumé sur notre Humanité.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Un grand merci à Masse critique et aux éditions Intervalles de m'avoir fait découvrir ce petit bijou, au sujet original et qui m'a permis de voyager et de découvrir l'Albanie ainsi que la face obscure d'une certaine Grèce. Tout en passant un fort agréable moment de lecture, j'ai appris des choses sur l'histoire contemporaine d'un pays dont on parle peu finalement.
Melsi vit en Grèce, il est écrivain. Lorsqu'il apprend le décès de son père, survenu alors qu'il voyageait en Chine, il retourne en Albanie afin de préparer les obsèques. Là, laissé seul dans l'appartement par la compagne de son père, Eva, avec pour toute compagnie le perroquet Sherlock Holmes, il va découvrir qu'Ali était en train d'écrire un livre. Rapidement, Melsi s'aperçoit qu'il ne s'agit pas de fiction mais bien plutôt d'une autobiographie.
Le récit alterne ainsi des pages consacrées à l'histoire de la famille de Melsi et son propre cheminement au regard des découvertes qu'il y fait. Ali, son père, retrace les origines de l'arrivée de la famille en Albanie et révèle surtout qu'il est un crypto-juif (là, j'ai dû aller chercher dans le dictionnaire …) et que ce sont les répressions nazies qui ont conduit ses parents à quitter Thessalonique avant qu'il ne soit trop tard.
Melsi redécouvre alors tout un pan de l'histoire familiale qui lui avait été caché. Au fil de sa lecture, un voile est également levé sur l'intimité de ses parents, leur amour puis les fêlures du couple.
C'est très bien écrit, construit de façon adroite car on suit à la fois le père et le fils. le récit se déroule sur une temporalité qui est celle du temps nécessaire au rapatriement du corps d'Ali-Albert – temporalité qui permet in fine à Melsi de faire des choix pour sa vie, de renaître d'une certaine façon au regard de ce qu'il appris. C'est une réflexion intelligente sur l'exil, les racines et l'influence de la grande Histoire sur les destins individuels. Tout y passe : les atrocités nazies, l'avènement du communisme et ses non moins nombreux forfaits, le racisme et la peur de l'autre, le désastre économique qui frappe la Grèce. Bref, c'est très contextualisé, ce qui n'empêche pas les personnages d'être attachants, exposés dans toute leur complexité. Une jolie réflexion également sur les relations père-fils, et sur le silence qui, lorsqu'il s'installe, distend les relations, empêche l'expression de tout sentiment. A découvrir sans attendre.

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Traduit du Grec par Françoise BIENFAIT et Jérôme GIOVENDO

J'ai découvert ce magnifique roman dans le cadre du Prix des Lecteurs Angevins/CEZAM 2016.

"A l'instar de certaines amours, certains pays sont une aberration : ils n'auraient jamais dû exister. Etre né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne." P. 9

Cette phrase n'est pas de moi, mais de Melsi, le personnage principal de ce roman. Melsi a 44 ans. Il vient d'apprendre la terrible nouvelle du décès de son père. Il part en car d'Athènes pour rejoindre Tirana en Albanie. Sa mère est décédée quand il avait 19 ans. Il a gardé un terrible souvenir de sa grand-mère reposant sur son lit de mort. Là, c'est un tout autre contexte. Il apprend que son père est décédé à Shanghai. Melsi s'interroge sur l'objet du voyage de son père en Chine. Pourquoi s'y est-il rendu ? de surcroît seul ? Il va progressivement s'approprier l'univers de son père, partir à la découverte de l'histoire des objets qui meublent sa vie. Un mystérieux cahier marron va attirer son attention.

Il n'aura pas fallu plus de 135 pages pour Gazmend KAPLLANI pour captiver la lectrice que je suis. Il faut dire qu'il use d'un certain nombre d'ingrédients dont je raffole :

- L Histoire : j'avoue ne pas bien maîtriser le passé des Balkans et m'y plonger par le biais d'un roman m'a tout de suite intéressée,

- l'histoire de cet homme, journaliste et écrivain, retourné en Grèce depuis une vingtaine d'années notamment suite à un différend avec son père. Retourné sur les traces de ses origines, Melsi est un descendant d'une famille juive habitant la Thessalonnique que son grand-père, Léon, a décidé de quitter en 1943 avec sa famille, sous de fausses identités, devant la menace des Allemands.

- le sujet de l'immigration : Gazmend KAPLLANNI appréhende sous différentes facettes les conséquences d'une migration transfontalière pour l'être humain. La quête d'identité y compris administrative est une démarche au long cours. L'apprentissage d'une toute nouvelle culture se fait au quotidien notamment avec la maîtrise de la langue dont l'auteur fait l'éloge. Les subtilités linguistiques, lexicales, sont autant de champs d'investigation que les hommes de cette famille explorent avec plaisir. Bien sûr, il y a aussi le déracinement, l'exil, les souvenirs, la mémoire et la transmission aux générations suivantes.

Par exemple, Gazmend KAPLLANI évoque les photos de la vie passée comme autant de piliers pour nourrir les souvenirs :

"Le fait d'avoir quitté la Grèce sans emporter une seule photo de leur famille contribuait à leur faire oublier cette tranche de leur vie passée." P. 77

Ce roman nous permet de nous poser quelques questions sur la vie de tous ces migrants qui quittent leurs pays avec seulement les vêtements qu'ils portent sur eux. Comment nourriront-ils le souvenir de leur existence d'avant ? Comment surmonteront-ils psychologiquement ce manque, eux et leurs enfants ?

La situation spécifique des femmes immigrées y est également abordée.

"Quand à sa mère, elle ne se mêlait absolument pas de ces histoires de rivalité linguistique. Sa langue à elle se réduisait au cliquetis de sa machine à coudre. [...] Sa mère ne sortait d'ailleurs presque jamais. Elle avait appris un albanais approximatif grâce à deux voisines, Meléke et Sabrié, qui étaient devenues ses amis et lui rendaient visite tous les vendredis." P. 79

Ce roman met en exergue la condition féminine et les enjeux d'une activité en dehors du foyer pour favoriser l'apprentissage de la langue. Retenues à domicile pour satisfaire les besoins de la famille, les femmes sont privées de cette émancipation que la maîtrise de la langue peut leur assurer.

Ce roman ne se résume toutefois pas seulement à ses sujets. Il se fait remarquer par la qualité de la plume de son auteur. Gazmend KAPLLANI aime les mots, il joue avec eux, s'attache à trouver celui qui sera le plus juste et suscitera l'émotion de son lecteur. Je souhaiterais d'ailleurs saluer le travail du binôme de traducteurs, peu souvent cité alors que sa qualité est intimement liée la prise en compte des spécificités culturelles. S'identifier à un Grec d'origine albanaise sans jamais y avoir mis les pieds n'y est pas si naturel et pourtant... c'est ce que réussit "La dernière page".

Enfin, j'ai trouvé la construction de ce roman particulièrement ingénieuse. Alors que Mesli doit affronter la mort et accepter le deuil de son père, il découvre un projet de roman, écrit par son père, et dont les passages figurent en lettres italiques, permettant à tout moment de se repérer dans le parcours du narrateur et l'itinéraire de son père. S'entremêlent ainsi 2 époques, les années 1940 et 2010 !

"La dernière page" est assurément un très beau roman historique.
Lien : https://lc.cx/J5cu
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Mise en garde : ce roman est absolument passionnant. Pour qui, comme moi, ne connaît que très peu -c'est un euphémisme- l'histoire de la Grèce et de l'Albanie, c'est une découverte et un contexte de roman très fort. Habilement, Gazmend Kapllani nous parle d'abord de la Grèce actuelle, qui tend vers la xénophobie, la peur de l'étranger (ce qui, évidemment n'arrivera jamais chez nous, en France, le FN est totalement dédiabolisé, son chef historique viré, ses membres voire même ses candidats n'ont jamais eu de dérapages racistes... tout cela bien sûr si l'on écoute les médias...). La Grèce de la crise économique récente qui dure et qui fait le jeu des opportunistes, poujadistes et populistes de tout poil. Il parle ensuite beaucoup de l'Albanie, de celle d'il y a 70 ans, lorsqu'elle accueillait sur son sol des migrants fuyant les nazis. Puis ensuite, c'est la dictature de Hodja, pendant quarante ans. Et sous une dictature stalinienne, il ne faut pas bouger une oreille, le moindre écart est sanctionné.

Melsi découvre dans le roman de son père ce qu'il croit être la vie de sa famille, les secrets bien gardés sur les origines, la vie difficile sous la dictature même si au départ, grâce à une connaissance bien placée, ses grand-père et père trouvent un travail qu'ils aiment. Pendant ces trois semaines en Albanie, il a aussi le temps de faire le point sur sa vie ; la quarantaine, il papillonne entre deux femmes, hésite à s'engager, vient de se voir refuser sa demande de nationalité grecque, veut quitter ce pays mais ne sait pas où aller et avec qui, ... Il est en plein doutes, questionnements.

Ce court roman de 160 pages commence doucement, surtout ne pas se laisser décontenancer par le début qui peut sembler un peu mou mais qui colle parfaitement à l'état d'esprit de Melsi à ce moment, la suite est excellente, notamment à partir du moment où Melsi ouvre le manuscrit de son père. Extrêmement plaisant à lire, parce que bien écrit et bien traduit, l'auteur remerciant en des termes chaleureux F. Bienfait et J.Giovendo "qui ne sont pas seulement les traducteurs remarquables de ce livre, mais sont devenus (ses) alter ego littéraires." (p.157). J'aurais pu citer une foultitude de passages, tous aussi intéressants les uns que les autres, mais longs, parce que difficiles à couper pour que le sel de l'écriture de Gazmend Kapllani saute aux yeux. Je me contenterai du début, les toutes premières phrase pour vous mettre en appétit :

"A l'instar de certaines amours, certains pays sont une aberration : ils n'auraient jamais dû exister. Être né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne." Melsi était content de sa trouvaille. Craignant de l'oublier, il retrouva un peu d'énergie pour sortir son carnet et y consigner ces phrases, moitié en grec, moitié en albanais." (p.9)

Les éditions Intervalles m'ont rarement déçu, jusqu'ici j'y avais surtout lu des auteurs français, je découvre avec bonheur le rayon auteur étranger.
Lien : http://lyvres.fr
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Le livre démarre comme ceci : "à l'instar de certains amours, certains pays sont une aberration: ils n'auraient jamais dû exister. Être né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne"...Voilà le ton est donné...
L'histoire est la suivante.
Melsi, un journaliste albanais vivant en Grèce doit retourner dans son pays et effectuer le rapatriement du corps de son père décédé. Mais là bas à Tirana, dans l'appartement de ce dernier, il tombe sur un cahier marron qui va autant occuper le temps de Melsi que les paperasses administratives inhérentes au retour de la dépouille paternelle.
Il s'agit d'un manuscrit rédigé par son père en personne, retraçant la migration forcée d'une famille de juifs grecs vers l'Albanie pendant la seconde guerre mondiale, ainsi que son adaptation dans un pays enfermé dans une dicature implacable.
Melsi voit, ainsi, se dérouler un récit qui ressemble, à s'y méprendre, à sa propre histoire familiale. On y voit son grand-père ayant supprimé toute trace de sa vie antérieure et s'affichant comme fer de lance de la lutte communiste. Puis, c'est autour du père de Melsi, bibliothécaire et responsables de livres interdits, tombé dans une embuscade amoureuse et qui lui valut quelques ennuis.
Ce cahier marron, est-ce un roman ou la vie de ses aïeuls qui passe sous se yeux? On ne le sait pas, ni nous, ni Melsi.
En tout cas, ce court roman ne vous lâche pas. Il vous tient en haleine. Il vous met mal à l'aise. Il vous reste à l'esprit longtemps.
Un coup de chapeau aux éditions Intervalles qui nous sortent de belles pépites et qui nous invitent à voir d'autres contrées.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Les relations avec son père étaient devenues si distantes depuis son départ en Grèce que Melsi revenait rarement à Tirana et n'y restait alors que quelques jours.Les voisins qu'il avait connus autrefois étaient de plus en plus rares.Ceux qui ne partaient pas à l'étranger avec leur famille demenageaient dans les quartiers neufs où l'on construisait à tor de bras des immeubles plus grands et plus chers, équipés d'ascenseurs, de chauffage central et même de parkings.Leurs anciens logements étaient généralement repris par des familles pauvres qui avaient quitté les plaines du Sud ou les montagnes du Nord pour échapper aux vendettas qui y sévissaient.Si bien qu'on entendait parler presque tous les dialectes albanais dans la maison de son père : ceux du Sud, du Nord, de l'est, de l'Ouest, du Nord-Est et du Nord-Ouest.Cette réalité avait fait prendre conscience à Melsi d'être né dans un pays aussi minuscule que disparate, foisonnant de clans et de variantes lexicales.Un pays qui était resté un fidèle miroir de ce qu'avaient été les Balkans avant de voir éclore le concept d'État-nation emprunté à l'Europe de l'Ouest.
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A l'instar de certaines amours, certains pays sont une aberration : ils n'auraient jamais dû exister. Être né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne." Melsi était content de sa trouvaille. Craignant de l'oublier, il retrouva un peu d'énergie pour sortir son carnet et y consigner ces phrases, moitié en grec, moitié en albanais. (p.9)
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Telle une balle dans le canon d'une arme, la tentation du suicide était aussi venue se nicher dans son cerveau. Mais il ne trouva jamais le courage d'appuyer sur cette gâchette imaginaire. Même humilié, il aimait encore la vie. Et cet amour de la vie l'amenait à accumuler humiliation sur humiliation.
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Il regarda la rue pleine de boue et les rares passants. " Ma ville !", murmura-t-il. Depuis sa naissance, cette ville avait été le malheureux jouet de tous les régimes politiques qui avaient balayé les Balkans : sultans, dirigeants albanais et étrangers, occupants venus d'ailleurs, monarques, fascistes, bolcheviques. La ville continuait cependant d'exister et de s'agrandir. Avec elle augmentaient le chaos, la misère, la boue quand il pleuvait, les cris dans les immeubles, le vacarme des voitures ; on voyait cohabiter des mendiants et des mafieux, des églises et des mosquées, ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui ne croyaient en rien, une poignée de riches et un nombre impressionnant de nécessiteux, des poètes et des paranoïaques, des rêveurs et des tueurs à gages. Il était né dans une ville, dans un pays où on pouvait s'attendre à tout. Même à la réincarnation d'Einstein et au prénom que lui avait choisi son grand-père.
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Un voile de peur et de gêne recouvrait toute cette histoire qui, avec le temps, était presque devenue banale parce que dans ce pays, le seul moyen de résister au poids des événements qu'on redoute et qui peuvent à tout moment briser quelqu'un, c'est de les prendre tels qu'ils viennent, sans creuser d'avantage.
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