Dans une civilisation qui valorise avant tout l’efficacité et un comportement adapté, qui donne à la raison le pas sur le cœur, qui apprécie le savoir plus que la sagesse et l’habileté plus que la maturité, il est rare d’être reconnu selon son Être essentiel.
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L'homme a une double origine, l'une céleste, l'autre terrestre; l'une, naturelle, l'autre, surnaturelle. L'homme accompli est la fusion de l'une et de l'autre dans sa conscience.
Si la feuille n’a de sa condition de feuille qu’une représentation où elle se distingue de l’arbre, naturellement elle sera effrayée quand viendra l’automne. Elle craindra de se dessécher, de tomber et finalement, de devenir poussière. Mais si elle saisit qu’elle est elle-même l’arbre dans sa modalité de feuille et que la vie et la mort annuelles de la feuille font partie de la nature de l’arbre, elle aura une autre vision de la vie (…) C’est seulement dans la mesure où, dans sa condition de feuille, elle se sent elle-même arbre qu’elle tombera sans crainte ni révolte.
La seule façon d'aider l'homme de notre temps à faire face à son malaise est d'amorcer en lui une métamorphose qui délivre sa pensée prisonnière du moi existentiel. C'est donc l'amener à devenir majeur, c'est à dire le mettre, en dépit de toutes les difficultés, sur la voie de la réalisation du soi et du témoignage de l'ÊTRE.
Le concept de numineux recouvre un domaine plus vaste que le concept de sacré. En lui résonne l'ambivalence de la transcendance, donc également de la transcendance des ténèbres. Ce qui est cruel, effrayant, fantastique, diabolique, a aussi une qualité de numineux.