Maintenant, je suis comme elle. Seule dans une chambre d'hôpital. Si je ferme les yeux assez longtemps sans bouger, c'est comme si je n'existais plus. Ce n'est pas dormir. Ce n'est pas prier en silence. C'est disparaître, sans bruit, sans douleur. Glisser froidement hors du temps, s'absenter. Oui, voilà, c'est ça. Dans cette chambre, je suis absente.
Nana. Il me voit comme une nana. Le plus étrange, c'est que pour une fois, cette idée ne me terrorise pas. L'idée que je puisse être la nana de quelqu'un. Sa nana.
J'ai dormi pendant des jours. Ruinée, sous-alimentée, vide de toute pensée. Je regardais la pluie s'abattre sur les carreau, inconsciente des cris qu'elle poussait dans les tréfonds de ma psyché orageuse, refoulant dans les limbes le fait que, oui, définitivement, j'étais en guerre avec moi-même.
Elle me trouva en culotte et soutien-gorge, une paire d'ailes en papier mâché rechaussées de plumes blanches accrochées dans le dos. Je sais. C'est absurde.
[...] j'ai l'impression de revivre. C'est comme quand je suis dehors et que je cours, quand mon esprit vagabonde, rêve. Je me sens presque libre.