La peau des anges

Encore une histoire glauque qui nous relate le sort de centaines de jeunes femmes exploitées, violées, battues et forcées à la prostitution...ce roman n'apporte rien de nouveau au genre et la partie "enquête policière" met plus de 150 pages à démarrer....
Encore un inspecteur veuf, alcoolique et dépressif.
Je me suis rapidement ennuyée à la lecture de ce polar qui ne renouvelle pas vraiment le genre et dont le suspense est très limité, on devine beaucoup de choses bien avant la fin.
Bref, un résumé prometteur mais au final une grosse déception.

C'est un roman noir, très noir qui met du temps à démarrer. On vit la descente aux enfers de Masja, vendue par son copain russe à une mafia de l'Est. Elle se retrouve à la merci d'un souteneur-Slavros-absolument terrifiant qui n'hésite pas à étrangler une prostituée devant les yeux des autres filles pour leur indiquer que c'est lui le maître de leur vie. A côté, l'ex-inspecteur Thomas fait pâle figure avec son remords noyé dans l'alcool parce qu'il n'a pas pu sauver sa femme ni trouver celui qui l'a tuée. le lecteur doit attendre une bonne centaine de pages avant que le fameux Thomas sorte de sa torpeur éthylique et consente à s'occuper de la disparition de Masja. le rythme commence alors à s'accélérer et on tourne les pages en espérant une fin décente à défaut d'être heureuse.

Polars et thrillers 2023

Thomas « Ravn » Ravnsholdt, ex-inspecteur de la police de Copenhague, est en arrêt de travail à la suite d'un drame personnel qu'il ne surmonte pas. Il ne fait que boire au Havodderen, la taverne où il écoute en boucle la chanson Everytime you go away, ce qui porte sur les nerfs des autres clients et lui amène de la bagarre. Il vit sur son bateau en piteux état avec Møffe, son bulldog anglais, dont s'occupe souvent son ami Eduardo, un journaliste qui vit également dans le port. Un jour, Johnson, le barman, alors qu'il n'a pas d'argent sur lui pour payer ses consommations, lui propose une affaire: retrouver Masja, la fille de sa femme de ménage, qui a disparu il y a environ deux ans. le récit oscille entre 2010, au moment où Masja, qui se prostitue, est vendue par son « petit ami » Igor pour payer une dette, et 2013, où sévit un tueur en série qui s'en prend à des prostituées et les transforme en statues antiques. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman policier, premier d'une série avec Ravn, qui nous transporte dans l'univers difficile et effrayant de la traite des femmes, sujet traité avec beaucoup de sensibilité.

J'ai tout d'abord été estomaquée par la vitesse avec laquelle j'ai été happée par l'histoire. Une fois le premier chapitre terminé, j'étais déjà ferrée et je n'avais qu'une hâte : poursuivre ma lecture! L'alternance des chapitres est d'une efficacité redoutable : nous en apprenons toujours un peu plus sur les protagonistes, mais jamais assez pour émousser notre intérêt. Notre soif de comprendre s'en trouve décuplée et les pages filent entre nos doigts. J'ai particulièrement aimé cette alternance pour deux raisons. Tout d'abord, les époques se mêlent entre passé et présent, ce qui permet d'inscrire le récit dans une historicité et de donner de la densité et du corps à l'histoire. Cela accroît la crédibilité puisque la multitude d'événements se déroule sur une large période. Ensuite, cela permet de découvrir peu à peu les différentes facettes des personnages, de les apprivoiser, en quelque sorte, tout en laissant une place de choix à chacun, avant de les réunir pour démêler l'inextricable pelote qui s'était formée. Ainsi, lorsque les fils se rejoignent, nous avons déjà une idée précise des êtres qui évoluent sous nos yeux si bien que nos amours et nos haines sont déjà bien ancrées. Nous pouvons donc frémir avec les uns, nous réjouir de la chute des autres.

En outre, la plume est saisissante. Elle est sobre et limpide, sans fioriture, mais elle sait se faire sauvage et cruelle pour explorer les bas fonds et la perversité humaine. Elle ne cache pas les horreurs sous le voile de la pudeur, au contraire, elle les expose, sans vulgarité, sans chercher à faire sensation, dans leur vérité nue, dérangeante et choquante. Cette écriture m'a beaucoup plu : il n'y a rien de sensationnel, tout est très équilibré sans être édulcoré.

La rythmique du récit est absolument parfaite à mon sens. Nous avons les informations au moment opportun, et lorsque nous parvenons enfin à faire les déductions qui s'imposent, nous sommes déjà glacés de ne pas avoir compris plus tôt. La chute du roman est brillante. Je ne l'ai pas vue venir pour la simple et bonne raison que l'auteur parvient à nous entraîner sur une fausse piste au dernier moment, avant de nous asséner le coup de grâce. J'en suis donc sortie totalement subjuguée par la plume et la construction, mais aussi pantelante face aux révélations.

Les personnages enfin sont particulièrement intéressants. Chacun d'entre eux a plusieurs facettes. L'auteur les a ciselés et chaque situation, chaque chapitre apporte une pierre à l'édifice. Aucun d'entre eux n'est monolithique – exception faite, peut-être de certains personnages secondaires qui apparaissent à de rares occasions. J'ai été très vite interpellée par Masja, jeune femme trop crédule, qui paye bien cher le prix de l'amour (ou de ce qu'elle prend pour de l'amour). Sa descente aux Enfers m'a terriblement émue, et j'attendais avec impatience les chapitres où j'allais la retrouver, espérant sans cesse que sa situation s'améliore. Force est de constater que l'auteur ne l'a pas épargnée, et en même temps, son destin fait aussi la force du roman. Son parcours est un des éléments clefs du récit, sans elle, tout s'écroulerait comme un château de cartes. Peu à peu, elle grandit, elle apprend, tour à tour détruite par les appétits humains et phénix qui se relève. Elle force notre respect et notre admiration. La deuxième figure clef reste Thomas Ravnsholdt, appelé « Ravn ». Il est touchant au milieu de sa détresse, mais aussi désespérant. Nous avons parfois envie de le secouer, et le lent suicide alcoolisé auquel il se prête nous désespère. J'ai aimé le voir évoluer, changer. C'est un homme brisé, déchu de son rôle d'enquêteur, mais qui se retrouve au fil des pages. Il est pugnace et courageux à l'excès, frôlant témérité et inconscience, il est surtout quelqu'un de bien que nous aimons voir se relever. Enfin, l'auteur dépeint avec un brio saisissant les bas-fonds, le monde presque parallèle des laissés-pour-compte, des malfrats, leurs points de rassemblement, les zones de non-droit où ils évoluent, l'horreur de la traite d'êtres humains, les jeux pervers pour maintenir la docilité des pauvres hères piégés dans cette toile d'araignée.

Ainsi, je suis totalement conquise par La Peau des anges. Ce roman a tout : une rythmique implacable, des personnages ciselés qui ne laissent pas indifférents, le tout bercé par une poétique de l'horreur des bas-fonds. Nous sommes emportés dans un tourbillon qui nous laisse transis et captivés. C'est une lecture addictive pour laquelle j'ai eu un vrai coup de coeur.

Lien : https://lesreveriesdisis.com..

Il faut être attentif ...
On se promène dans le temps 1979 ... 2010 ... 2013 ...
On se promène dans les lieux Strängnäs ... Copenhague... Stockholm...
Le titre danois ... "Afsporet" ... "déraillé" ... disent ils !
L'auteur a écrit beaucoup de livre : Før stormen en 2007, Pans hemmelighed en 2009, Protokollen en 2010, Sort sne falder en 2012, et enfin ... La Peau des anges, en 2013, premier volume d'une série consacrée aux enquêtes de Thomas Ravnsholdt, un ancien officier de police devenu détective privé.
Que de plaisir à venir pour retrouver ce personnage si attachant ... si et seulement si ... l'éditeur faisait son boulot pour nous traduire les suivants : Savnet paru en 2014, Sekten en 2015, Dybet en 2016 et Pagten en 2017.

Revenons à notre livre, on est happé .... on tourne les pages ... on va de cuite en cuite, de malheurs en malheurs ... et on veut comprendre qui est qui, qui fait quoi, pourquoi est il là dans cette histoire .... on ne sait pas comment tout le monde va se rejoindre, où cela va t il se passer .... comment vont ils nous raconter la même histoire !
La découverte des bas fonds de Stockholm est passionnante et éprouvante devant tant de misères, de douleurs, de fous à l'oeuvre ... la descente aux enfers de ces pauvres filles qui croient avoir atteint un pays miraculeux ... on tremble, on tourne la tête, le malaise nous submerge ...
Et la magie fonctionne, les différentes pièces s'imbriquent toutes seules, tout s'explique et tout finit presque bien même si toutes les enquêtes surtout la première pour Thomas n'est pas aboutie ... mais ce livre n'est que le premier de la série mettant en scène notre nouvel héros .. alors tous les espoirs sont permis !