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First Kingdom tome 1 sur 2
EAN : 9781782760108
208 pages
Titan Comics (24/09/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
A COMICS ODYSSEY AND SPACE OPERA OF BIBLICAL PROPORTIONS!

A saga that exposes the limitless potential of the comics medium!

The first in a series of Homeric, post-apocalyptic graphic novels, following the vein of a futuristic, post-civilization The Odyssey or The Iliad!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série de 6 qui reprend l'intégralité de la série "The first kingdom", écrite, dessinée et encrée par Jack Katz de 1974 à 1977, en noir & blanc. C'est la première fois que cette longue histoire (768 pages) est rééditée en intégralité. L'amateur de comics ne peut qu'être intrigué par les citations qui ornent la couverture : Will Eisner, Jerry Siegel et Jack Kirby disent leur respect face à cette saga d'une ampleur qui force le respect.

Dans un avenir relativement proche, une guerre nucléaire à grande échelle anéantit toute civilisation sur Terre, obligeant la race humaine à repartir de zéro. Dans le cadre des mutations engendrées par les retombées et les radiations, apparaissent des lézards géants, et des prédateurs des hommes, monstrueux, anthropomorphes géants. Parmi les petites tribus vagabondant en pagne dans cet environnement post apocalyptique, Darkenmoor est un guerrier valeureux, courageux, adroit. Au cours d'une aventure, il sympathise avec une créature anthropomorphe de petite taille appelée Terog. Au cours de ses errances, il rencontre Nedlaya (dont il tombe amoureux) et son frère Vagran, ainsi que quelques autres humains. À la tête de cette petite tribu, il cherche un lieu où fonder une cité (son Gan dont il sera le Kenmoore, le chef temporel). Dans les cieux veillent les trans-dieux d'Helleas Voran, sous l'égide de Dranok dans la cité d'Oram Van. Ces trans-dieux interviennent parfois dans la vie des mortels malgré des lois le leur interdisant. Ce premier tome permet de se familiariser avec les nombreux personnages et de suivre les aventures de Darkenmoor qui fonde la cité de Moorengan, l'amour de Selowan (une trans-déesse) pour lui, le développement de la cité de Norcaine sur un autre continent, les funestes prédictions chroniques d'un mystérieux oracle, les manipulations cryptiques d'Aquare un autre trans-dieu, les tout débuts de la génération suivant celle de Darkenmoore, etc.

Le premier contact avec ce tome ne donne pas envie de le lire. Jack Katz dessine des cases surchargées de traits pour figurer les textures, une page peut compter jusqu'à 12 cases de petite taille, les dessins sont empreints d'une forme de naïveté datée, le texte est ampoulé avec des tournures de phrases inutilement alambiquée. Il faut vraiment le vouloir pour dépasser la première impression.

La lecture (presque le déchiffrage) des premières pages ne rassure pas beaucoup le lecteur. Les dessins dégagent une impression de fouillis avec des traits d'une épaisseur uniforme qui ne donnent donc pas de relief aux dessins, sans ombre portée, et il faut attendre plusieurs pages pour que Katz commence à insérer des aplats de noir pleins plutôt qu'hachurés. Charge donc au lecteur de repérer ce qui forme le premier plan, ce qui relève des plans en arrière, d'évaluer la profondeur de champ, etc. Côté morphologie des silhouettes et des visages, Katz reproduit la même forme ou presque (les chevelures sont variées), introduisant une uniformité qui n'aide pas le lecteur à repérer qui est qui. Enfin, Katz a du mal à représenter une expression faciale nuancée.

Armé de patience et de bienveillance, le lecteur plonge donc dans un récit de grande ampleur qui fleure l'amateurisme, en termes visuels. Mais cet amateurisme de surface est compensé par une vision très idiosyncrasique, refusant les facilités habituelles des bandes dessinées. Pour Katz, une case doit être remplie, sinon il y a une forme de fainéantise honteuse et coupable. Au fil des pages, ce parti pris fini par payer (dans le dernier tiers), avec des cases gorgés de détails (donc toujours surchargées) vestimentaires ou architecturaux, permettant au lecteur de se projeter dans chaque environnement d'une manière singulière. C'est ainsi que les parures et bijoux prennent des formes exotiques. La faune et la flore deviennent plus présentes et plus individualisées. Des petites créatures commencent à habiter les cases (il reste à voir si elles auront un rôle significatif par la suite). À la fin de ce premier tome, le nombre de cases par page est descendu à 4 en moyenne, avec des dessins pleine page assez régulièrement, rendant la lecture moins laborieuse. Par contre, Katz persiste à ne pas séparer ses cases les unes des autres par une bande blanche.

Jack Katz a également conçu une intrigue touffue aux nombreux méandres. Toutefois, dès le début il met en évidence que le personnage principal du tome est Darkenmoor, ce qui donne un fil conducteur clair et visible au lecteur pour se repérer (en attendant l'apparition de Tundran, annoncé dans le titre). La guerre atomique est achevée dès les 3 premières cases de la première page. Darkenmoor apparaît dès la troisième page. Ça ne traîne pas. Cependant Katz a choisi de raconter une histoire ambitieuse d'une très grande envergure. Il souhaite évoquer des thèmes philosophiques tels que la constitution d'une société et sa gouvernance par un individu. Un peu comme les dessins, mais dans une moindre mesure, le récit présente une forme laborieuse. Katz prend le temps de tout expliquer avec des phrases ampoulées, avec des dessins qui ont tendance à illustrer un instant, plutôt que de composer des séquences de personnages en mouvement, ou de mouvements de prise de vue. À son crédit, Katz est un auteur entier, très soucieux de la cohérence de sa narration. Il n'y a aucun hiatus entre ses intentions de scénariste et ses dessins. L'humanité est revenue à un âge de pierre, elle est vêtue de pagnes. Les dessins montrent des individus évoluant dans un environnement assez chaud pour que les pagnes constituent des vêtements suffisants. Les femmes ont la poitrine à l'air, sans hypocrisie visuelle. Il s'agit à nouveau d'un aspect très singulier de cette oeuvre, Katz refusant de se plier à la règle tacite des comics qui bannit toute nudité frontale (et celle-ci s'applique aussi bien aux hommes qu'aux femmes). Cette forme d'entièreté et d'honnêteté de la démarche fournit au lecteur une autre raison de s'accrocher (même si cette nudité n'a rien d'érotique).

Au fur et à mesure de l'ascension de Darkenmoor, le lecteur hésite à nouveau entre les éléments les plus maladroits et la réelle ambition de la trame de fond qui véhicule des concepts élaborés. L'instauration d'une caste de trans-dieux (et leur origine telle que relatée dans ce tome) fait sourire avec cet être omnipotent Adieaum qui s'écroule de fatigue. L'architecture complexe de la cité bâtie semble en contradiction avec le précédent mode de vie rudimentaire de ses bâtisseurs (où ont-ils acquis ce savoir faire et ces techniques ?). La découverte de Norcaine (cité miroir de Moorengan) laisse songeur quand Katz se met à expliquer que ses habitants ont fondé une société basée sur la cruauté et la pratique de la torture et de sacrifices humains, comme s'il s'agissait d'une civilisation foncièrement méchante. Les lois régissant les trans-dieux et leurs occupations ressemblent à un ramassis de clichés sur une société patriarcale, décalquée sur un Olympe simpliste. L'intervention d'un oracle omniscient et cryptique finit par se réduire à un deus ex machina, un artifice narratif lassant et artificiel.

Mais d'un autre côté, Katz conçoit une tapisserie d'une grande ampleur qui ne repose pas exclusivement sur une opposition basique bien / mal et qui met en scène des questionnements fondamentaux. Quelle sorte de chef temporel peut être Darkenmoor ? Il s'agit d'un homme habitué à se battre, à chasser. Par la force des choses, sa nature le pousse vers une forme de gouvernement centralisé, et prompt à se défendre. Comment concilier les avis conservateurs de Nator son conseiller, et le besoin d'expansion de la tribu ? Quelle peut être la place de sa femme qui était elle aussi une chasseuse ? Est-il souhaitable que l'humanité reconstruise une civilisation la menant vers des progrès technologiques ? Les mêmes causes ne reproduiront-elles pas les mêmes effets ? Ces interrogations gagnent encore en pertinence quand le récit s'ouvre vers une forme de science-fiction, avec vaisseaux spatiaux et robots humanoïdes. Plus étonnant, Katz décrit une humanité ayant pris l'habitude de se reposer sur des systèmes automatiques intelligents, plus efficaces qu'un humain, une forme d'intelligence artificielle qui pourrait être comparée aux systèmes automatisés informatiques actuels.

La forme de ce premier tome est de nature à décourager de nombreux lecteurs. Pour pouvoir passer outre, il vaut mieux aborder dans un premier temps cette histoire comme le témoignage historique d'un auteur de comics qui en 1974 décide de prendre son autonomie du système (Marvel, DC et même les comics underground) pour bâtir une oeuvre d'art et d'essai. Avec ce regard, le lecteur découvre une création sans équivalent, datée, maladroite, une vision intransigeante, mais bien structurée, un auteur mettant toutes ses forces et tous ses moyens dans un récit entier et très personnel. Cette saga hors norme se poursuit dans The galaxy hunters.
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