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Critique de cedratier


« Les belles endormies » Yasunari Kawabata (Poche, 120 pages).
Kawabata, né au Japon en 1899, vécut une enfance très malheureuse marquée par les décès successifs de quasiment toute sa famille. Prix Nobel de littérature en 1968, il s'est suicidé en 1972. Dans ce roman, Eguchi, vieil homme de 67 ans, découvre les plaisirs très particuliers d'une maison close que ne fréquentent que des vieillards et dans laquelle de très jeunes filles leurs sont « offertes », profondément endormie par une drogue puissante, et qui ne sauront donc jamais qui a partagé leur lit. le règlement strict de la maison permet seulement de caresser les jeunes corps, mais pas plus. Chaque nouvelle nuit passée auprès d'une partenaire différente est l'occasion d'un retour nostalgique d'Eguchi sur ses amours anciennes, mais aussi de réflexions sur la vieillesse et la mort. Eguchi méprise les vieillards qui fréquentent cette maison et qui, contrairement à lui, dit-il et répète-t-il sans cesse, ne « sont plus des hommes ». le rythme est très lent, les descriptions des corps et des postures sont minutieuses, détaillées, presque trop rigoureuses et trop distanciées ; cette précision de quasi entomologiste altère une douce sensualité pudique qui fleure dans ce texte (on ne peut guère parler d'érotisme ici), au fil des désirs qui naissent à l'orée des corps ainsi abandonnés. Mais cette sensualité n'est pas la couleur dominante, tout le roman est imprégné d'un gris sombre et nostalgique, l'approche inéluctable de la mort (qui semble d'ailleurs marquer l'essentiel de l'oeuvre de Kawabata) pèse sur chaque chapitre. Par ailleurs, ce texte est-il révélateur, pour une société et un auteur, d'une vision du corps des femmes qui n'est qu'une passive mise à la disposition des hommes, ou y a-t-il un second degré que j'ai mal perçu, je ne saurais le dire. Et malgré une sorte de suspense qui s'installe au fil des pages, malgré quelques belles phrases, ce roman n'est pas vraiment un coup de coeur, au delà de quelques attraits certains.
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