AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de zorazur


Je suis très gênée en refermant ce livre, du fait du volume et de la violence des polémiques qu'il a suscitées, et dont j'ai pris connaissance sur différents sites. Je suis moi-même, bien évidemment, totalement incapable de démêler le vrai du faux. En 1994, j'étais installée sur mon canapé à regarder le journal télévisé. L'auteur certes a reconnu avoir menti. Au Rwanda pour sauver sa vie, en France pour obtenir le statut de réfugié. Qu'elle ait menti sur son parcours scolaire, cela vaut-il une telle polémique ? Après, que penser, entre la part de l'approximation, des souvenirs défaillants, et celle éventuelle du mensonge ? Les dates, les lieux, les gens, les distances, les faits, l'appréciation portée sur les évènements, avant et après le génocide : quelle est la précision de nos souvenirs tant d'années après les faits, même ces faits-là ? Vouloir grossir tel ou tel événement, vouloir redimensionner la place de son père comme l'a fait l'auteur, cela vaut-il de déclencher une telle avalanche de réactions hostiles ? Entre ceux qui, comme nous, n'ont pas vécu de telles horreurs et n'en vivront sans doute jamais, et tous les rescapés qui se sont élevés contre ce récit, il y a nécessairement une différence d'appréciation.
Mais justement, cette polémique met en cause le principe de tous les témoignages, justement pour nous simples lecteurs qui n'avons aucun élément pour faire la part des choses. On témoigne sur une crise qu'on a vécue, sur une guerre, un massacre auquel on a échappé, on témoigne sur des maltraitances subies. Après... libre à chacun de comprendre ou pas. N'a-t-on pas reproché à la jeune Natascha Kampusch d'avoir écrit le récit de ses années d'enfermement ? Certains de ses détracteurs ont accusé Pauline Kayitare de n'avoir écrit ce témoignage que pour des raisons financières, elle-même invoque une nécessaire thérapie au moyen de l'écriture – comme bien des rescapés. Quoi qu'il en soit, il est indéniable qu'elle a vécu l'enfer alors qu'elle n'était qu'une enfant, et à ce titre comme les autres rescapés mérite notre respect.
Et toutes ces polémiques ne sont-elles pas finalement le signe que toutes les plaies ne sont pas refermées, et qu'il est bien difficile de les refermer ?
Un dernier mot : je suis très surprise de voir que parmi les lecteurs de ce livre inscrits sur Babelio figure l'éditeur de Pauline Kayitare. Une telle démarche ne relève-t-elle pas du conflit d'intérêts ?
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}