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Critique de andman


A quelques années près, l'existence de Iouri Kazakov (1927-1982) a coïncidé avec celle de son pays, l'Union soviétique.
L'arbitraire stalinien le privera très jeune d'un père déporté au goulag pendant plus de vingt ans, avant d'être enfin réhabilité. Iouri réussit néanmoins de brillantes études de musique classique et devenu jeune adulte joue dans différents orchestres symphoniques et de jazz de Moscou avant de se consacrer au milieu des années cinquante à l'écriture.

“La petite gare” est un recueil de douze nouvelles écrites de 1954 à 1958 lors de nombreux voyages organisés par le prestigieux Institut littéraire Maxime-Gorki au sein duquel il étudie.
Iouri Kazakov, le moscovite, est sous le charme des régions les plus septentrionales du vaste pays et le littoral boisé de la mer Blanche est le terrain idéal pour assouvir ses passions de chasse et de pêche.

“Une matinée tranquille”, “Nocturne”, “A la chasse”, “Les secrets de Nikichka”, “Arcturus, chien courant”, près de la moitié des titres du recueil fait la part belle à la nature où magnificence et poésie se confondent. Les mondes végétal et animal, qui s'éveillent et s'animent dans un ordre immuable de lumières et de sons, inspirent la plume de l'écrivain qui retranscrit avec grand réalisme de véritables symphonies naturelles. La partition ci-dessous n'est-elle pas par sa tonalité extrêmement douce de l'ordre du divin ?

“Le soleil s'était enfin levé : dans les prés, un cheval hennit doucement et tout parut s'illuminer à une allure extraordinairement rapide, tout, aux alentours, se vêtit de rose. On distingua plus nettement la rosée d'argent des sapins et des buissons, le brouillard se mit en mouvement, s'effilocha et découvrit peu à peu, à contrecoeur, les meules de foin, taches sombres se détachant sur le fond gris-cendré de la forêt maintenant proche. Les poissons s'en donnaient à coeur joie. Les gouffres répercutaient de temps à autres, de lourds rebondissements, l'eau s'agitait, le long de la rive les joncs se balançaient doucement.”

“La petite gare”, “La maison sous la falaise”, “Le pèlerin”, “Le bleu et le vert”, “Les vieux”, ''Manka'' racontent des histoires sentimentales pas toujours très heureuses, des rapports humains où l'âme russe trouve tant de charme et de jouissance aussi bien dans l'abandon et la solitude que dans l'exubérance et l'intempérance parfois.

Le recueil se termine sur une note onirique avec la nouvelle intitulée “Les cornes de renne” dans laquelle le lecteur découvre le quotidien d'une jeune fille à l'imagination fertile. Hébergée dans une Maison de repos suite à une longue maladie, elle a une façon bien à elle de s'évader, de croire en un avenir meilleur.

La prose exquise de ce nouvelliste de talent se déguste lentement. Un petit verre de vodka et un grand bol de thé, pour imiter les protagonistes de ''Manka'', accompagneraient idéalement la découverte de ces tranches de vie slaves ô combien rafraîchissantes en ces chaudes journées printanières.
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