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sur 348 notes
Avec Les arpenteurs du monde, Daniel Kehlmann s'attaque à deux géants de la science, Karl Friedrich Gauss et Alexander von Humboldt. Une biographie, en quelque sorte. Assez romancée (quoiqu'il n'y ait pas vraiment de romance ici), plutôt cocasse, mais tout de même instructif. le mathématicien et le géographe naturaliste ont vécu au tournant du XIXe siècle et ont influencé leur discipline respective. On peu même dire qu'ils ont grandement contribué à bâtir notre connaissance du monde, qu'ils sont les arpenteur du monde. Jeu de mots ? Oui et non, les deux hommes ont réellement travaillé à titre d'arpenteur au cours de leur vie. le hasard, des fois…

Cette incroyable coïncidence suffisait-elle à forcer l'union des trames narratives de ces deux êtres d'exception ? Je me le demande encore. Gauss et Humboldt sont comme comètes du savoir dont les trajectoires se sont croisées à un moment tardif, vers la fin de leur vie. Ils ont très peu travaillé ensemble et, même après leur rencontre, se sont peu vus. Ils ont tout aussi peu correspondu l'un avec l'autre. (Personnellement, j'aurais davantage compris une narration partagée entre Humboldt et Bonpland, son collaborateur/assistant.) Mais bon, mettre en parralèlle les deux Allemands était un exercice intéressant, ça a permis de mettre en relief certains éléments de leur existence.

Avec Les Arpenteurs du monde, j'ai beaucoup appris. Gauss m'était totalement inconnu. Pareillement pour ce pauvre Bonpland, collaborateur de Humboldt, lequel lui a volé la vedette. Quand à ce dernier, je connaissais les grandes lignes de son histoire, ses expéditions en Amérique du Sud, quelques uns de ses travaux en géographie, botanique, zoologie, etc. Un grand savant de son temps mais dont je savais tout de même peu.

Toutefois, si j'ai beaucoup appris, je ne peux pas affirmer que le roman de Kehlmann m'ait donné envie d'en découvrir plus à leur sujet. Et c'est en grande partie dû au style de l'auteur. Parfois, j'avais l'impression qu'il mettait en vedette des caricatures des scientifiques en question. Oui, Gauss pouvait être pantouflard, vieillard entêté, mais à ce point ? Se cacher dans son lit à la simple idée de voyager de Göttingen à Berlin ? Se cramponner à tous les obejts au passage ? Ridicule. Quand à Humboldt, obnubilé par la science, faisant abstraction de tout le reste. le parfait stéréotype du savant qui, totalement préoccupé par un calcul complexe ou l'observation d'un phénomène étrange, ne remarquerait pas que le monde s'écroule autour de lui. Complaitement étranger aux passions (et aux émotions ?) humaines. Je ne peux m'empêcher de croire qu'ils méritaient mieux. Ils devaient bien avoir quelques qualités… Et, dans le cas où Kehlmann a bien cerné leur personnalité (il est visiblement mieux renseigné que moi !), sa façon ironique de les présenter ne les mettait pas du tout en valeur. D'un autre côté, peut-être ce ton humoristique permet de mieux faire passer ces personnages et le propos de l'histoire ? Il est vrai que leurs aventures aux multiples rebondissements n'est pas l'idée que je me faisais au départ de ces scientifiques (que j'imaginais sérieux) et que le tout semble assez bien collé à l'esprit de l'époque.

Dans tous les cas, Kehlmann se reprend un peu vers la fin, ajoutant un peu d'humanité à ces deux hommes, qui ont tant fait pour la science et l'avancement de la compréhension de notre monde. Au final, Les arpenteurs du monde, c'était une lecture agréable et facile. Et je dis cela positiviement, rendre accessible l'existence et les travaux de chercheurs aurait pu rébarbatif. Ce n'est pas une vive recommandation mais ce livre pourrait en intéresser plus d'un et vaut tout de même le détour.
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Nous sommes plongés dans l'Allemagne du début du XIXe siècle. C'est encore un pays morcelé politiquement, composé de plusieurs petits états et la Prusse. Nous allons donc suivre le parcours de deux savants : le mathématicien Carl Friedrich Gauss et l'explorateur et géographe Alexander von Humboldt. Inutile de vous dire que l'on ne s'ennuie pas une seconde. von Humboldt va nous emmener dans son périple en Amérique du sud, encore largement inexplorée, notamment du côté de l'Orénoque et de l'Amazone. Tandis que Gauss, lui, restera en Allemagne et découvrira très jeune, plusieurs formules mathématiques. Ils vont finir par se rejoindre à Berlin, lors d'une conférence. A travers ces deux biographies, Daniel Kehlmann nous fait découvrir l'Allemagne de cette époque au quotidien. le pays est décrit plutôt négativement. C'est à la suite de l'épopée napoléonienne que les idées commenceront à changer. Plus d'une fois, les deux savants déploreront les insuffisances politiques, les mesquineries, l'ignorance... Il faut dire qu'ils étaient d'une intelligence largement au-dessus de leurs concitoyens, avec un sens de l'observation et une curiosité qui les stimulaient en permanence. Continuellement en avance sur leur temps. Les 300 pages se lisent quasiment d'une traite sans laisser de répit au lecteur. Un livre que je conseille à tous ceux que le sujet intéresse.
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Que voilà un roman réjouissant ! Une pépite de la littérature allemande, ayant pour héros deux génies du XVIIIème siècle .

D'un côté, le naturaliste touche-à-tout Alexander von Humboldt (1769-1859) qui arpenta notamment l'Amérique du sud, de l'autre le scientifique Carl Gauss (1777-1855, surnommé le Prince des Mathématiques, qui arpenta, plus modestement, la campagne pour en faire les mesures (c'était le bon vieux temps où les satellites et autres GPS n'existaient pas !).

En 1828, ces deux-là se rencontrent enfin à Berlin. le trajet effectué par Gauss et sont fils est épique. Il ne cesse de ronchonner, de se plaindre, de rabaisser le rejeton. Une belle entrée en matière. Issus de milieux différents, dotés de personnalités opposées, Humboldt et Gauss partagent cependant bien des points en commun.

L'incompréhension de leurs contemporains, la sensation de flotter bien au-dessus du commun des mortels - et même des grands de ce monde -, la solitude, l'égoïsme et la vanité, la fuite du temps (ces moments où Gauss réalise qu'il vieillit, et cette gymnastique intellectuelle de plus en plus ardue) mais aussi la passion, la curiosité insatiable, une intelligence aigüe.

Chacun d'eux, tendu vers le but de sa vie, doit apprendre à vivre avec ses démons, et la prose de Kelmann, loin d'être aride, est riche et ciselée au contraire. le récit est plein d'humour, le ton résolument aventureux.

Les péripéties qui surviennent dans la vie de Humboldt, ses relations avec le pauvre Bonpland, ou avec son frère, digne diplomate, sont plus que réjouissantes. Tout comme Gauss, empêtré dans ses contradictions, que l'on observe, fasciné, dans ses rapports avec ses épouses successives (ah, fort drôle la première nuit de noces) et son fils (autre épisode savoureux lorsque le jeune homme est mêlé à un embryon de conspiration). Si le récit est drôle, il met en valeur l'érudition de l'auteur, qui nous permet de survoler aussi la carrière de ces deux génies que nous faire respirer, le temps d'une lecture, le contexte géo-politique de ce siècle.

Si l'envie de crapahuter dans la forêt vierge vous saisit, ou si vous préférez embarquer à bord d'une montgolfière pour regarder les étoiles, pas d'hésitations, c'est avec ces Arpenteurs du monde qu'il faut commencer le voyage...
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Le titre ne reflète pas le contenu du livre qui est plutôt une double biographie romancée, d'une part celle d'Alexander von Humbolt qui a sympathisé et lié des relations d'amitié avec de hauts personnages de son époque, lesquels on peut citer Thomas Jefferson, Lafayette, Smithson (fondateur du Smithsonian), Morse. Il fut l'inspirateur pour beaucoup d'autres après sa mort comme Carl Sagan, d'autre part, celle de son compatriote Gauss, qui nous a laissé en héritage la courbe du même nom. Il a fallu un énorme effort pour terminer ce roman, à mon avis, écrit de façon brouillonne, sans continuité, avec de l'humour lourdaud germanique. Rien à voir avec le plaisir que j'ai eu à lire le livre de Christophe Migeon Mauvaise étoile, qui, pourtant traite d'un sujet similaire en plus palpitant et avec élégance. Non seulement je suis très déçu mais je regrette d'avoir perdu mon temps pour n'avoir rien appris de nouveau.
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Eh bien désolée, je vais aller à l'encontre de toutes ces critiques laudatives, mais je n'ai que médiocrement aimé ce livre. Il faut dire que j'en attendais beaucoup. le sujet avait tout pour me plaire, la confrontation de deux visions de la science, celle qui consiste à parcourir le monde, et celle qui veut le comprendre par la seule réflexion et les mathématiques. J'admire depuis longtemps les explorateurs scientifiques en général et Alexander von Humboldt en particulier, et je me réjouissais de le retrouver.
Mais je n'ai pas aimé le ton du livre. Qu'il s'y trouve de l'humour, je n'ai rien contre bien au contraire et certaines assertions m'ont fait sourire. Mais je trouve Bonpland et Gauss mais surtout Humboldt passablement ridicules. Certainement leur génie ne devait pas les mettre à l'abri des défauts inhérents à l'humanité, mais trop, c'est trop.
Je suppose que le livre doit son succès au sujet. Mais comme ce n'est pas une découverte pour moi, j'y ai peu été sensible, mais beaucoup plus à la façon dont il a été traité.
Toutefois je suis allée jusqu'au bout. Bien m'en a pris, je l'ai préférée au reste, les plus grands esprits confrontés comme tout un chacun au drame de la vieillesse, et de la baisse des facultés.


Lu dans le cadre du challenge ABC 2014 - 2015
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Ce livre est composé des histoires parallèles de deux scientifiques allemand du 19éme siècle, Alexender von Humboldt et Carl Friedrich Gauss. le premier partira explorer les rives de l'Orénoque, le second davantage "casanier" restera dans le pays qui l'a vu naître et sera surnommé " le prince des mathématiciens". Deux vies sacrifiées aux sciences. le voyage d' Humboldt et de son fidèle assistant fait penser à Jules Verne. L'auteur manie l'humour au travers de quelques répliques savoureuses. le reproche que je lui ferais, est de s'être dispersé entre ces deux existences, somme toute survolées. L'exercice était ambitieux.
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Je commence par le dire tout de suite, c'est un livre que je n'ai pas aimé. Je suis allé au bout uniquement par obstination, et aussi pour savoir s'il y aurait quelque chose à sauver....

Le roman suit en parallèle la vie de 2 scientifiques allemands du 19éme siècle, Alexander von Humboldt, explorateur, et Carl Friedrich Gauss, mathématicien. Autant commencer par çà, ces 2 personnages ne sont pas le moins du monde sympathiques, dévoués à leur science et odieux avec le monde. Ils sont imbus d'eux-même et de leur savoir.
Humboldt parcours le monde sans le voir, passant son temps à prendre des mesures et à prélever des échantillons, et montrant

Gauss mesure les collines qui l'entoure et voit des formules mathématiques partout, , bat son fils parce qu'il a un esprit trop médiocre à ces yeux et ne lui vient pas en aide quand il en a besoin.

Bref, j'ai attendu pendant tout le livre un peu d'animation, un réveil des personnages, ce qui ne viens jamais, aucun des 2 n'évoluant, chacun se noyant dans sa propre science.
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Un petit délice de littérature : dans un style très enlevé et plein d'humour, ce jeune auteur nous raconte les vies rocambolesques et la rencontre délirante de deux génies universels, Gauss et von Humboldt : sans une once de pédanterie, Daniel Kehlman nous fait (presque) pénétrer l'esprit totalement extravagant et génial de ces deux visionnaires pour qui le savoir, la connaissance, la rigueur et l'exactitude tenaient lieu de loisirs... Brillant !
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Excellent ouvrage, très drôle, vivant et documenté que ce roman !

Berlin, 1828.

Alexander von Humboldt a déjà parcouru les terres inconnues, découvert des canaux et des voies de navigation au coeur des forêts vierges, répertorié des centaines d'espèces de fleurs, plantes, animaux … Assoiffé de voyages et de découvertes, ses multiples pérégrinations l'ont rendu célèbre bien au-delà des frontières de l'Europe.

Il parvient, grâce à un harcèlement épistolaire acharné, à inviter à une conférence d'éminents savants (et faire venir !) Carl Friedrich Gauss, grand génie des mathématiques égocentrique et aigri se vantant d'avoir sauvé Göttingen de la canonnade Napoléonienne, et ayant une quasi phobie des voyages.

Clin d'oeil, parmi d'autres, nombreux dans ce livre, à l'histoire : Gauss est accueilli par Daguerre, ami de Humboldt, qui tente de fixer cet instant mémorable sur une plaque de cuivre … Mais malheureusement le procédé n'est pas très au point (C'est d'ailleurs Gauss qui suggèrera à Daguerre l'emploi d'une solution saline afin de fixer l'image), et tout vire à la catastrophe lorsqu'un gendarme vient disperser ce curieux attroupement non autorisé (id est : trois personnes réunies en un même endroit).

La première scène est donc celle-ci: deux personnages au caractère si particulier, ayant chacun parcouru et arpenté, classé, répertorié, cartographié le monde … Deux êtres humains frôlant du bout de l'âme l'infini (Gauss) comme le Fini (Humboldt) et tentant de le mesurer de leur hauteur d'homme.

Après cette scène, flash-back sur la vie de chacun de ces protagonistes. L'un et l'autre tour à tour chapitre par chapitre, voit son histoire relatée. Au départ ce sont deux personnages que tout amènerait à opposer :

Le milieu social d'origine (Humboldt est issu d'une famille aisée, contrairement à Gauss), le rapport au monde (Humboldt est avide de voyages et d'expéditions tandis que Gauss reste entre ses quatre murs – enfin pas tant que cela puisqu'il est devenu arpenteur pour fuir son épouse qu'il ne supporte pas) et aux autres (Humoldt est bien plus sociable, voire mondain, que Gauss).

Et pourtant.. Au fil de leur existence réciproque, chacun entend parler de l'autre ou s'y intéresse vaguement, et on retrouve un échos. Entre celui qui parcourt le monde pour le cartographier et celui qui mesure les lois terrestres et céleste à l'aulne des principes mathématiques, il y a au final peu de différences. Tant et si bien que l'existence de chacun suit une courbe ascendante (révélation du génie, célébrité, même si pas énormément de richesses) puis descendante (Les succès se raréfient, leurs prouesses s'affadissent dans le temps, déclin physique et intellectuel) et au final chacun éprouve de la pitié pour l'autre. Chacun de ces deux être est décalé par rapport à la société, et est marqué par une éducation particulière.

Ces génies sont avant tout hommes, et on est reconnaissant à Kehlmann d'émailler le parcours de ces mythes de quelques bassesses et défauts infâmes. Car tous deux ont un ego surdéveloppé, une sorte de cynisme et d'ironie lancinants, ce qui donne lieu à des épisodes d'un humour d'une noirceur savoureuse.

Ces deux personnages sont à la fois admirables, attachants, parfois ridicules et mesquins, mais Toujours campés avec une certaine tendresse. le style narratif, qui est très marqué par le dialogue au style indirect à l'imparfait, m'a beaucoup plus, mais je conçois que certains puissent en être lassés rapidement.

Bref, je conseille vraiment ce livre, je l'ai trouvé très vivant et original.
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1836, rencontre de Carl Friedrich Gauss et de Alexander von Humboldt, rencontre du très casanier et génial mathématicien et du voyageur intrépide qui, tous deux, mesurèrent le monde par des chemins si opposés, si complémentaires, si géniaux que l'attention du lecteur, attirée par ses passionnantes vies, s'en détournera parfois pour méditer in petto. Qu'il existe de si différentes perceptions du monde réel n'impliquerait-il pas qu'il existe d'autant plus de différentes possibilités de construire celui qui vient.

Septembre 1828, d'un coté le voyage d'Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland de part le mode mesurant, notant, dessinant, cartographiant avec une incroyable persévérance et minutie, descendant dans les volcans pour lutter contre la théorie neptuniste selon laquelle aucun feu ne brûlait sous terre, allant aux sommets des plus hautes montagnes…
De l'autre le Professeur Gauss, restant dans sa maison, l'esprit décrivant l'Univers...

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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