Peter Pan ou l'Enfant triste

James Matthew Barrie n'inventa pas par hasard ce mythe moderne qu'est devenue en peu de temps sa plus célèbre création, Peter Pan, l'enfant qui ne voulait pas grandir. Derrière le personnage enfantin, impertinent et enjoué se cache en effet un drame, drame qui frappa la famille du petit Barrie et qui fit de lui aussi un enfant qui ne grandit pas, au propre comme au figuré (James Matthew Barrie avait cessé de grandir à 17 ans et mesurait 1m60).

S'appuyant avec érudition sur l'oeuvre de l'auteur de « Peter Pan » (et de bien d'autres textes – pièces de théâtre, nouvelles, romans, biographie - connus dans les pays anglo-saxons mais longtemps restés non traduits en France -, Kathleen Kelley-Lainé tisse un portrait au point de croix des obsessions et des tourments de la psyché de James Matthew Barrie. Joignant intuition et méthode psychanalytique freudienne, sa démonstration est éloquente et poignante, et fait mouche bien souvent en nous touchant au coeur.
Ce faisant, elle entrebâille pour nous la porte de l'âme blessée des « enfants tristes », ces femmes et ces hommes empêchés dans leur passage à l'âge adulte par un événement traumatisant de l'enfance qui les retient au pays du Jamais-jamais (le Neverland).

En contrepoint, la psychanalyste remonte le fil de sa propre enfance blessée depuis sa Hongrie natale que sa famille et elle quittèrent en catastrophe pour fuir le stalinisme jusqu'au deuil impossible d'un père défait par le cancer à l'adolescence.
Là encore, le témoignage tend à valeur l'universalité et est riche d'enseignements.

Avec cette triple volonté de décrypter les arcanes du roman « Peter Pan », la psychologie profonde de son auteur et les secrets de ses propres douleurs, Kathleen Kelley-Lainé parvient à nous éclairer suffisamment sur les chemins de l'île du Jamais-jamais où se perdent tant de faux-adultes prisonniers de leurs regrets.
Une enquête et une réflexion troublantes et pertinentes.