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Critique de Seraphita


A Coca, ville imaginaire de Californie, un chantier titanesque s'ouvre : il va d'agir de construire un pont suspendu immense, soutenant une autoroute à 6 voies. Bon nombre d'employés, depuis les architectes jusqu'aux grutiers, en passant par les bétonneurs, se déploient autour du projet. Nous assistons à la naissance d'un pont.

J'avais apprécié « Corniche Kennedy » écrit en 2008 par Maylis de Kerangal. Elle y dépeignait dans un style assez déroutant des conduites à risque d'adolescents. J'ai retrouvé ce style particulier dans ce roman fleuve de la rentrée littéraire : « Naissance d'un pont ».

L'auteure dépeint un gigantesque chantier :
« Six voies rapides, larges, asphaltées comme un circuit automobile sauront connecter la ville au continent, sauront lui octroyer sa place dans la boucle des communications amorcée depuis la Baie par la voie des plaines, et aboutie dans les vallées fertiles et minières loin de l'autre côté de la forêt. » (p. 130)
Elle donne de multiples précisions techniques concernant l'art de la construction d'un pont, des chiffres, décrivant les divers corps de métiers à l'oeuvre. Mais par delà la technicité, l'auteure narre des rapports humains complexes, rapports de travail entre supérieurs et subalternes, rapports entre indigènes et constructeurs, ou rapports amoureux. On assiste à des accidents, des grèves, des tentatives de sabordage, des revendications d'écologistes. Ce roman n'est pas sans rappeler un autre récit de construction : « La route de Tassiga » d'Antoine Piazza, qui racontait le chantier de l'élaboration d'une route en Afrique.

Le roman peut paraître un peu long (un peu plus de 300 pages aux éditions Verticales), présentant parfois quelques longueurs, notamment lorsque l'auteure décrit l'histoire de Coca, cette ville imaginaire des Etats-Unis qui voit se construire un pont. Ce roman se découpe en plusieurs grandes parties qui comportent des titres originaux : « marcher dans la nuit violette », « organiser le tâtonnement », « prendre la mesure des lieux » …

L'écriture de Maylis de Kerangal est bien particulière, plutôt nerveuse, se présentant sous forme de longues phrases écrites sur un mode oral. Les dialogues sont insérés dans le texte : ils ne sont pas présentés selon les normes typographiques habituelles. Cela augmente l'impression de rapidité, de précipitation dans l'écriture, donnant un style parfois un peu heurté. Les images se succèdent rapidement, séparées par de simples virgules : c'est comme si l'auteur écrivait au fil de la plume, passant d'une idée à une autre. L'effet rendu est certes déroutant mais s'avère au final plaisant et agréable.

Un roman fleuve qui permet de suivre la naissance d'un pont suspendu, sur un plan technique, mais aussi avec un angle résolument relationnel. Une écriture déroutante mais au final plaisante.
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