Charlotte : La passion et la fatalité (Document Duculot)

Il arrive à bord du yacht impérial “Reine Hortense” et visite Tournai, Courtrai, Gand, Anvers, et Charleroi. Ce n’est pas sans fierté qu’il retrouve dans ces anciennes villes de nombreuses traces de ses aïeux. Maximilien éprouve de l’admiration pour cet État encore si jeune dont il écrit : “Jusqu’à présent, c’est le pays le plus florissant que j’aie visité ; il réunit tous les éléments de bien-être et d’opulence : une terre fertile, des villes riches qui se succèdent, des ports de mer, un magnifique réseau ferroviaire, un commerce et une industrie comme je n’en ai nulle part rencontrés, bref c’est un pays modèle.”

Mais maintenant que Maximilien est en voyage, elle assume, selon l’usage en France, la régence. Elle y fait preuve de beaucoup d’intelligence et de réflexion. Elle a le sens de l’État et travaille de manière plus ferme et efficiente que l’empereur. Bazaine trouve qu’elle a plus de dispositions pour l’art de gouverner que son mari et Domenech témoigne de son côté : « Elle travaille avec énergie, étudie avec assiduité les matières les plus arides pourvu qu’elles puissent lui être utiles. Sur son bureau, on trouve des ouvrages d’économie, de politique et de droit international. Je l’ai entendue échanger ses vues sur tous les problèmes européens, avec un calme et une clairvoyance étonnante ».

Ils n’ont pas suivi le sage conseil du roi Léopold. Ils voient très grand et veulent immédiatement une cour impériale. C’est avec une suite de quatre-vingt-cinq personnes et un chargement de cinq cent malles qu’ils mettent pied à terre. Mais déjà, les rêves doivent faire place à la dure réalité. L’heure matinale, l’épidémie de fièvre jaune qui sévit sur le littoral, la sympathie très modérée que les habitants de la côte manifestent pour le nouveau régime, le manque de contacts entre Français et Mexicains expliquent qu’ils traversent des rues pratiquement désertes. De surcroît, un vent de tornade a endommagé les décorations des balcons et renversé un arc de triomphe dressé à la hâte. Maximilien tire une mine rébarbative, et Charlotte doit essuyer ses larmes pendant toute la traversée de Vera-Cruz.