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Critique de sandrine57


Berlin, 1936. Bernie Gunther a quitté la police pour s'installer à son compte comme détective privé. Spécialisé dans la recherche de personnes disparues, il s'en sort plutôt bien, les juifs ayant tendance à beaucoup disparaître dans l'Allemagne nazie et Bernie ne refuse jamais un client payant, juif ou autre. Pourtant, la fortune pourrait bien venir d'un allemand de souche en la personne de Hermann Six, richissime homme d'affaires prêt à payer le prix fort pour retrouver les assassins de sa fille et de son gendre, morts lors d'un cambriolage qui a mal tourné. A charge pour le détective de retrouver les voleurs. Louvoyant entre voyous, SS et Gestapo, Bernie se lance à la recherche des tueurs.
Berlin, 1938. Associé avec Bruno Stahlecker, un ancien flic mis au placard pour non appartenance au Parti, Bernie se voit contraint de délaisser son travail de détective pour réintégrer les rangs de la police. Nommé commissaire par le directeur de l'Office central de sécurité du Reich, Reinhard Heydrich en personne, il doit retrouver un tueur sanguinaire qui enlève et assassine de jeunes adolescentes aryennes dans les rues de Berlin.
Vienne, 1947. Revenu de la guerre et des camps de prisonniers russes, Bernie Gunther est désormais un homme marié qui tente de survivre dans un Berlin ruiné et divisé. Sa femme s'en sort mieux que lui, aidée peut-être par un militaire américain dont elle est semble un peu trop proche. L'occasion est belle de s'éloigner de la disette et de ses problèmes conjugaux quand un officier russe lui demande de se rendre à Vienne pour aider un ancien policier, Emil Becker, accusé d'avoir tué un officier américain. Parrain du marché noir, Becker clame son innocence et fait toute confiance à Bernie pour le sortir de prison et lui éviter la corde.

Mêlant habilement enquêtes criminelles et histoire de l'Allemagne, Philip Kerr offre un tableau brillant d'une période trouble du monde contemporain. C'est tout l'intérêt de cette trilogie que de nous promener dans les rues de Berlin avant la guerre, quand le nazisme ne fait que monter en puissance et après, quand le Reich n'est plus que cendres fumantes. On y croise des juifs effrayés, des nazis tout-puissants, des flics corrompus, des citoyens désireux de voir leur pays retrouver son honneur après le défaite de 1918 et d'autres qui voient sans trop y croire l'Allemagne devenir une caricature, qui flaire le danger sans vouloir ou oser s'y opposer. Après la guerre, le climat est tout autre, Berlin, et le pays tout entier est entre les mains des alliés, le peuple meurt de faim et veut déjà oublier les horreurs de la guerre. de SS, il n'y en a plus, bien sûr. Ceux qui ne sont pas morts font croire qu'ils le sont, tous minimisent leur rôle dans les exactions du nazisme. Les premiers chasseurs de nazis entrent en scène mais les alliés se désolidarisent et les renseignements sont parfois plus utiles que les punitions. Tandis que la guerre froide se profile, les dignitaires nazis vaincus se refont une virginité.
Une période riche donc que Philip Kerr fait vivre à son détective berlinois Bernie Gunther, autre atout de ses romans. Un homme cynique, désabusé, doté d'un fort sens de la dérision. Grande gueule, il ne s'en laisse conter ni par les nazis, ni par la Gestapo, ni par les soviétiques ou les américains. Qu'un tel homme ait survécu au nazisme est déjà un exploit mais quand, en plus, il se joue des pièges de la libération, cela frise le génie et on en redemande ! Grâce à lui, on supporte mieux toute la cruauté de ce régime barbare qui s'est mis en place aux yeux et à la barbe des autres nations. D'ailleurs, Bernie n'épargne personne, ni les nazis, ni les alliés, ni lui-même, spectateur silencieux de l'antisémitisme, de la bêtise, de la violence.
Une grande réussite, un coup de coeur.
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