Le récit de ce drapeau anglais ... pour moi une histoire spéciale.
À l'origine ce petit recueil d'une soixantaine de pages édité par Babel, était offert pour l'achat de trois Babel ... je n'ai pas eu l'occasion de profiter de cette offre !
C'est juste à l'occasion d'un vide Bibliothèque municipale que je l'ai déniché et qu'il a piqué ma curiosité !
Jamais rien lu de la littérature hongroise ... une bonne façon de commencer l'aventure avec un prix Nobel !
Un langage riche, une formulation érudite, complexe mais pas incompréhensible... nous errons dans ce qui était une rédaction vivante, une odeur de vieux tabac, de cliquetis de machine à écrire d'un autre temps ... nous réfléchissons en commun sur le racontable et l'inracontable, l'informulable et le formulable ... nous avons les babines alléchées par l'escalope sans ticket, témoignage de notre liberté ... nous abordons des théories "sub specie aeternitatis" (1) pour observer "ce monde de mensonge, de terreur et de crime" ... nous assistons spectateur médusé à ces formations théoriques dispensées par un haut dignitaire qui le lendemain se révéla être un traître à la patrie et provoqua une réunion éclair qui dénonce ce qui la veille avait été vérité... nous apprenons qu'il fut un temps où l'on ne devait pas se fier à sa capacité de jugement mais "hurler convulsivement des absurdités flagrantes" ... nous découvrons un être qui se présentait ainsi "j'étais Ernó Svép " (2) ...
Nous lisons l'espérance qui fleurit durant l'année 56, l'effervescence culturelle de cette époque, la liberté de ton ... le tout brisé un jour où le grand frère remit de l'ordre dans ce pseudo désordre ... il ne reste plus alors que la solution de l'exil intérieur pour oublier tout se qui révulse son esprit.
Un petit texte, très court qui nous raconte ce que furent ces années d'espoir !
(1)'
Sub specie æternitatis (en latin : « sous l'aspect de l'éternité » ou encore, d'une façon moins littérale, « de toute éternité ») est une notion à la fois religieuse et philosophique qui remonte à l'herméneutique de la Torah.
Une vision du monde sub specie æternitatis est antinomique d'une vision sub specie durationis, « sous l'aspect de la durée ».
(2) Ernó Svép
Ernő Szép est né en 1884 à Huszt, à l'est de l'empire Austro-Hongrois, au sein d'une famille juive modeste.
Après avoir achevé ses études secondaires, il s'installe à Budapest. Journaliste, il se produit aussi sur les scènes des cabarets, interprétant ses propres textes et chansons. Poète, romancier, dramaturge, il devient rapidement un auteur très populaire, dont les oeuvres – une trentaine de volumes – sont connues de toutes les couches de la société. Il gagne également l'estime des cercles littéraires : collaborateur de la revue Nyugat à partir de 1912, il est l'ami de Endre Ady, de
Ferenc Molnár.
Auteur urbain, poète de la ville, il a habité 33 ans durant sur l'Île Marguerite, au coeur de Budapest. Sous le coup des lois anti-juives, dont la rigueur s'accroît dramatiquement entre 1935 et 1944, il doit quitter son appartement pour venir vivre dans le ghetto de Budapest. Il a miraculeusement survécu à l'extermination des juifs de Hongrie, contrairement à ses deux frères, assassinés, et à sa soeur, « disparue ».
Après la prise de pouvoir des communistes en 1948, il cessera pratiquement de publier, et se retire de la vie publique et littéraire. À la fin des années 70, son oeuvre sera redécouverte grâce à l'action du grand poète et écrivain Dezsö Tandori, qui considère Szép comme l'un des plus grands maîtres de la littérature hongroise du XXe siècle.