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EAN : 9782070459568
96 pages
Gallimard (09/10/2014)
3.69/5   130 notes
Résumé :
«La Syrie? Que savons-nous d’elle? Avouons-le sans faux orgueil : quelques réminiscences historiques sur les croisades, quelques pages célèbres, les beaux noms de Damas, de Palmyre, de l’Euphrate, voilà tout notre bagage pour une grande et féconde contrée placée sous Mandat français. Mais qui discerne l’importance de ce Mandat? Qui – à part de très rares spécialistes – pourrait tracer la physionomie politique de ce pays? Qui expliquerait pourquoi l’on s’y bat et qui... >Voir plus
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Depuis que Joseph Kessel a visité la Syrie, au début des années 1920, les choses ont bien changé dans ce pays du Moyen Orient grâce aux "efforts" combinés des al-Assad père et fils avec le génial maître du Kremlin. En effet, le régime Baas et surtout la guerre civile depuis 10 ans, avec l'appui de Poutine au président Bashar al-Assad, ont résulte dans un exode inimaginable de la population syrienne. En chiffres cela donne 6,6 millions de Syriens en fuite, soit 60% de la population totale et 1 Syrien sur 4 réfugiés dans le monde actuel.
À ce triste bilan il convient d'ajouter 117.388 morts civils Syriens dont 22.000 enfants d'après les données de l'OSDH - Observatoire Syrien des Droits de l'Homme - du 14 mars 2021.

Présenter le prolifique auteur qu'a été Joseph Kessel (1898-1979) sur un site de lectrices et lecteurs avisés ne manquerait pas de ridicule. Je crois que je peux me contenter d'évoquer quelques best-sellers signés par lui, tels "L'Armée des ombres", "Les amants du Tage" , " le lion", "Les cavaliers", "La rage au ventre", etc.

Le grand Kessel met tout au début de son ouvrage un avertissement étrange : "Il ne faudrait jamais entreprendre de raconter un voyage : on est d'avance vaincu." Il explique que dans un tel récit il manque inévitablement le mouvement, le bruit, la vue, la découverte... Et il se pose la question que faire alors ? À laquelle il répond lui-même par la belle boutade : "Si l'on aime, il faut parler de l'objet de son amour."

Un bel exemple de l'esprit particulier de l'écrivain, puisque dans les quelque 79 pages qui suivent cette mise en garde, il parle avec amour de sa passion des voyages et ici en l'occurrence de cette Syrie à l'histoire très ancienne et fascinante.
Et l'auteur fait cela en 10 brefs chapitres et une annexe relative au mandat français sur cette partie du globe.

Juste pour vous offrir un petit aperçu, je me réfère au chapitre 9 intitulé "Le capitaine tabou".
L'histoire en fait du général de brigade Philibert Collet, né près d'Oran en Algérie en 1896 et mort à l'âge de 48 ans, en 1945 à Toulouse.
Joseph Kessel rappelle la conversation qu'il a eu sur ce personnage avec des officiers tcherkesses qui mettaient tous en exergue, de façon d'ailleurs fort exaltée, son immense courage et qui étaient offusqués qu'on lui refusait la rosette de la Légion d'honneur.
Ce sera finalement fait par le général De Gaulle à Alger, en janvier 1944.

Je peux recommander ce recueil de souvenirs de Joseph Kessel aux amateurs de dépaysement et à toutes celles et ceux qui apprécient le style joliment à part de l'auteur.
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Un tout petit ouvrage qui m'a permis de découvrir à la fois la Syrie et Joseph Kessel.
Ce récit de voyage est découpé en plusieurs chapitres très courts, ce qui facilite la lecture. L'écriture journalistique de l'auteur n'a pas pris une ride et permet de mieux comprendre toutes les soupes médiatico-journalistiques mal digérées du 20h.
Joseph Kessel fait état à la fois de l'aspect envoûtant et fascinant de la Syrie de par son histoire et ses habitants aux coutumes si éloignées des nôtres. Mais il ajoute aussi des "commentaires" sur la situation politique du pays : la Syrie comme carrefour où se côtoient tout un tas d'individus très différents tant sur un plan culturel que linguistique ou religieux. Et le protectorat français n'a pas arrangé cet équilibre ultra précaire.
Bien sûr tout n'est pas la faute de la France , mais la France a bien une part de responsabilité - comme les Etats-Unis en Afghanistan - dans la mesure où elle a voulu calqué "son" modèle chez "les autres" sans se soucier des habitudes et modes de fonctionnement de ce pays.
Un livre qui reste d'actualité (bien qu'écrit en 1926!) et permet de réfléchir avec des éléments cohérents sur ce pays.
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L'OBJET : Achevé d'imprimer le 30 novembre 1927 pour les éditions KRA sur les presses de R. & P. Deslis à Tours. Prix : 7fr.50. Je pense, en voyant que ces textes sont écrits entre avril et novembre 1926, et qu'on en est à la 8ème édition en novembre de l'année suivante que cette période était l'âge d'or du Livre. Les mots avaient alors plus de poids, plus de sens et n'avaient pas encore été massivement pollués par le cinéma et la télévision.
Le SUJET : Une dizaine de textes courts, sous forme de témoignages d'un voyage que fit Kessel dans ces années de protectorat français. Bien sûr si on compare avec l'actualité, on retrouve tous les ingrédients qui font la guerre d'aujourd'hui : les minorités (Druses, Kurdes ...), des cultures tribales, les luttes d'influences des grandes puissances ... Si on y ajoute maintenant la barbarie islamiste ; la poudrière explose. Kessel d'une écriture que l'on peut, sans ironie, qualifier d'académique, nous montre donc un pays multiculturel mais « complexe et révolté par nature ». Il fait aussi quelques portraits d'héroïques soldats français qui, aujourd'hui, passerait pour du patriotisme malvenu, mais à l'époque ... C'est seulement à la fin du livre que Kessel politise son propos par ces mots : « Il faut bien se rendre compte d'une chose, c'est que, quelque solution que l'on adopte, elle ne vaudra rien si elle n'est pas mise en oeuvre par les deux seuls leviers qui jouent en Orient : la fermeté et la courtoisie. Par fermeté il faut entendre la force et l'argent ; par la courtoisie, le respect des traditions, des coutumes et une justice sommaire mais droite. » A l'aune de l'actualité, je vous laisse juge de la pertinence de ces mots. Allez salut.
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Recueil d'articles datant de 1926 et ayant pour cadre la Syrie, déjà en guerre. Et surtout la Syrie sous mandat français depuis 1920, à la suite du démantèlement de l'empire ottoman à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Et donc, comment ça se passe ? Ben mal. Parce que la France s'installe comme une puissance coloniale, crée des divisions là où il n'y en avait pas, joue les communautés religieuses les unes contre les autres. Bref, on crée le bordel là où il n'y en avait pas.
Et ce d'autant que les gouverneurs qui se sont succédés n'ont que rarement fait l'effort, semble t-il, d'essayer de comprendre comment fonctionne ce pays, ne parlaient pas toujours l'arabe et surtout ne sont pas restés longtemps.
Kessel rappelle ce contexte politique, mais rapidement. Lui, ce qu'il met en avant, ce sont les hommes de troupe, ceux qui font la guerre. Militaire lui-même, il a plus d'affection pour eux que pour les diplomates. Il nous fait visiter et rencontrer les Syriens par le biais des conquêtes et des troupes locales qu'il a pu rencontrer.
J'avoue que même si je me suis dit que la Syrie n'avait pas eu un 20è ni un début de 21è siècle facile, le côté politique et le contexte m'a manqué dans ce recueil. Je comprends le choix de Kessel de montrer plus les hommes qui se battent, mais seuls 2 des articles (et encore : n'était pas dans le recueil d'origine et c'est celui que j'ai trouvé le plus intéressant) m'ont vraiment permis de comprendre pourquoi ces hommes se battent (enfin plus ou moins).
On croise aussi beaucoup de noms de villes qui sont à nouveau aujourd'hui victimes (et leurs habitants avec) de la folie des dominants.
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Que savons-nous de la Syrie ? L'actualité brulante du moment nous évoque en pays en guerre mais quoi d'autres ? Joseph Kessel, âgé de 28 ans signe son premier reportage sur ce pays en 1926. Folio, nous propose de nous plonger dans l'Histoire à travers le regard d'un écrivain de génie.

La Syrie a été très longtemps sous mandat français. L'armée se bat mais les raisons de ce combat ne sont pas toujours très claires. Les hommes sur place sont là pour agir et non pour réfléchir. Les politiques en France donnent des ordres sans vraiment prendre en compte les coutumes locales. Dans ce berceau des civilisations, des cultures se mélangent et s'affrontent dans des paysages sublimes. 27 religions cohabitent dans un fragile équilibre dans trois communautés (musulmans, chrétiens et les Druzes) très différentes. Les tensions sont palpables et les affrontements peuvent être féroces.

Joseph Kessel n'est pas un homme impressionnable. Ancien officier de l'aviation pendant la Première Guerre mondiale, il a voyagé dans le monde et rencontrer bien des hommes. Il aimé l'Orient et des noms comme Damas, Palmyre, Euphrate le fait rêver. Il prend part à des bombardements sans aucun état d'âme. Il fait son travail de journalisme tout en restant courtois et à l'écoute de tous ceux avec qui il va s'entretenir. Ces reportages sont représentatifs de l'esprit colonial de l'époque : conquérir à tout prix et ethnocentrisme. Cela a changé maintenant puisque effectivement la France ne sera aussi pas la moitié du monde arabe.

Le style de Joseph Kessel est particulier où le récit journalistique se rapproche du récit littéraire. Les descriptions sont pertinentes et pointilleuses. En lisant les pages, je pouvais voir la beauté des jardins de Damas, sentir l'ambiance des grottes souterraines ou sentir l'odeur particulière du dessert. Une immersion étonnante grâce à une plume surprenante et très agréable. Une expérience de lecture qui me donne très envie de poursuivre la découverte de cet auteur, académicien, aux mille vies, très prolixe.

Un reportage bien trop court où j'aurais apprécié lire encore une centaine de pages. Une vision d'un pays qui permet de mieux comprendre la situation actuelle le tout raconter par un journaliste de talent qui a voyagé dans le monde.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Les galons, ni les cheveux blancs ne sont une assurance qui vaille l'intégrité des muscles, la rapidité de décision, l'amour réfléchi du risque qui donnent la victoire.
Mais cette question dépasse le cadre syrien, car si la France trébuche un jour, nr sera-ce point pour ne pas avoir fait assez confiance à sa jeunesse ?
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La noble frise que compose une file de chameaux sur le crépuscule, l'agenouillement de ces bêtes admirables, leurs yeux patients et vagues - je les ai connus avant de voir une automobile. La grande lumière fixe, éternelle, où tournoient les vautours, les espaces où l'on sent Dieu - non pas un dieu étriqué par les religions mais le dieu des terres et des mers et des plantes et des pierres -, le galop des chevaux sauvages, la belle démarche des êtres primitifs - tout cela qui a nourri mes yeux innocents et que je n'oublie que trop - je le retrouve dès que le ciel devient plus haut, plus sec, plus dur, que les hommes prennent un regard de bêtes aux songes profonds et que la vie soudain plus vaste et plus calme respire comme une douce poitrine impitoyable.
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La légion !
Ce mot, pour tout esprit sensible au mystère, au courage, au hasard, a un pouvoir fascinant. Comment ne pas subir l'attrait de ces hommes au passé aboli et qui, dans les fatigues et les périls d'une guerre éternelle pour eux, trouvent leur refuge suprême ?
Ils passent lents, carrés, derrière les bêtes de somme. Ils ont des figures fermées comme des énigmes. Ils vont tête nue. Le soleil pesant ne les effraie pas, eux qui le portent en épaisses couches fauves sur les joues, les nuques et les fronts.
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Trop souvent, depuis la guerre, la France n'a pas su vouloir, dans un sens ou dans l'autre. Qu'elle ne reste pas en Syrie entre deux chaises.
Si l'on peut assurer la paix et le développement de la Syrie,— et alors le mandat deviendra, même pour nos finances, profitable —, qu'on emploie les moyens nécessaires.
La Syrie vaut la peine d'un grand effort. Le fait que déjà se montrent des prétendants à l'héritage du mandat français le prouve suffisamment. Mais, je le répète, mieux vaut abandonner la partie que de s'user à la jouer mal.
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Rien n'énerve autant les esprits que le sentiment de l'inutilité. On veut bien se battre et se battre bien, mais si cela sert à quelque chose. on a trop l'impression ici de recommencer sans fin la trame de Pénélope.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

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