Je ne m'étonne point que cet auteur ait marqué le monde éducatif, par son style et sa composition,
Joseph Kessel n'innove pas. Cela reste très académique. Remarquable dans la progression narrative, dans la description des personnages et dans la peinture des paysages, tout est bien réglé, au point que parfois cela le devienne trop. Certaines scènes frôlent le cliché : un verre se brise dans une main piquée par la colère, des chaînes ne résistent pas à l'énergie d'un homme en révolte. Cette perfection narrative devient alors problématique à cause de la prévision des événements.
Du point de vue de l'histoire,
Joseph Kessel évoque la vie de ses compatriotes exilés de la Grande Russie après la Révolution bolchevique de 1917. de nobles aristocrates déchus, confrontés aux difficultés des classes laborieuses, entament alors une nouvelle vie, assumant cette relégation sociale ou au contraire la niant dans l'ivresse des nuits parisiennes des Années Folles. le récit se focalise sur le personnage d'Hélène Borissovna, qui nourrira l'intrigue par sa terrible et noble fierté. Cette belle peinture est tout de même desservie par le manichéisme de
Kessel. Pour l'auteur, Montmartre est un univers diabolique, malsain, anormal. On ne peut qu'y sombrer, que s'y souiller, ce qui crée un amalgame entre descente sociale et descente morale.