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EAN : 9782072584152
125 pages
Gallimard (01/06/2015)
3.42/5   52 notes
Résumé :
Alerté par la silhouette d'une femme entraperçue dans la rue, Estienne est assailli par le souvenir d'une histoire vécue onze ans plus tôt.
C'était en 1921. Il voulait rejoindre sur la Volga, pour faire un reportage, une équipe de secours aux affamés envoyée par les Américains. Après une journée d'errance et une nuit de débauche à Berlin, il repart vers l'est et s'arrête en Lituanie où son visa pour la Russie se fait attendre. Il rencontre Nicolas Naoum et se... >Voir plus
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« Toujours, la vue d'un convoi prêt à glisser sur les rails polis qui ceignent et ceinturent la terre m'a fait battre le coeur ».
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Ma faute : C'était une erreur de casting. le titre, la couverture, ainsi que ce que j'en avais lu, en diagonale pour ne pas défleurer l'intrigue, m'avaient laissé penser que le récit se déroulerait principalement dans un train - et c'est de cette ambiance dont j'avais envie en l'ouvrant. Or, ce n'est pas le cas.
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Dans les années 1930, le narrateur (qui présente des similitudes avec l'auteur) se promène avec un ami lorsqu'il croise une silhouette féminine qui lui rappelle sa folle passion pour femme, rencontrée au cours d'un voyage (plus précisément au cours d'une halte entre deux trains, d'où l'erreur^^), il y a dix ans de ça.
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Il en fait alors le récit à son compagnon : comment il a eu envie de laisser l'aviation et le journalisme pour partir à l'aventure, rejoindre une équipe de secours humanitaire sur la Volga ; comment les voyages en train l'ont toujours attiré, comment dans le contexte les wagons ont été fouillés ; mais surtout, comment une fois arrivé en Lituanie, son visa pour la Russie se fait attendre, comment il rencontre des révolutionnaires dont l'une dont la fougue et la pureté l'attirent ; et comment devant son rejet, l'aventure tourne en nuits de débauche avec d'envoûtantes tziganes, jusqu'au retournement final.
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J'ai failli abandonner à la page 60 tellement ce n'est pas ce que je voulais lire ! J'ai tenu bon parce qu'objectivement, 120 pages, ce n'est pas très long et que la plume de Kessel est malgré tout assez facile à apprécier. Elle aide à se glisser dans un contexte qui est somme toute pas inintéressant à découvrir, mais qui ne m'a pas captivée non-plus. Alors je n'ai pas de conseil à vous donner sur ce livre, à vous de voir s'il vous intéresse, mais vous êtes prévenus : le récit - et la rencontre - ne se passe pas dans un train !
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Pour l'ambiance chaude du train qui transperçait la glace, j'avais beaucoup aimé Les Sirène du Transsibérien.
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« Je regardais à peine le paysage à travers la vitre contre laquelle crépitait une pluie d'automne. le miracle était à l'intérieur, dans cette boîte close, vernie et capitonnée et dans les battements de mon coeur fondus aux halètements de la bête métallique qui m'emportait, m'emportait… »
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Sous ce titre suggestif une invitation au voyage. Voilà un court récit souvenir aux accents nettement autobiographiques écrit par J. Kessel en 1932... Un homme se raconte. Paris dix ans plus tôt, sautant à bord d'un train couchette dont le terminus est Riga ce jeune homme de fort tempérament, qui rappelle par bien des côtés l'auteur, regarde défiler vers l'Est les paysages sans joie des lendemains de la Grande Guerre, derrière la vitre de sa cabine feutrée propice à toutes les rêveries. Ce narrateur Jean Estienne est aussi un aviateur plein d'aplomb et de hardiesse tout juste démobilisé qui fait des débuts dans le journalisme. Tête brûlée il a juste l'idée de gagner à ses frais un pays qui pourrait être le sien (sa mère y étant née tout comme celle de J. K.) : la Russie. Pays dont il connaît la langue et qui l'aimante par son actualité. S'imaginant par-dessus le marché qu'un reportage "prodigieux" au milieu des convulsions révolutionnaires récentes va lui ouvrir les portes de la gloire au retour.

Derrière l'autoportrait très réussi de jeunesse le personnage de Jean Estienne se révèle vite des plus attachant. Sa nature impatiente et l'impétuosité de ses élans ne masquent ni sa sensibilité extrême ni sa fragilité, encore moins la précarité du but qu'il s'est fixé et des moyens qu'il se donne ensuite pour (ne pas) l'atteindre... Bien avant son arrivée dans les brumes de la Baltique et sa rencontre avec quelques activistes socialistes révolutionnaires russes opposants, réfugiés à Riga, une place pour le doute s'immisce dans le récit et lui confère sa dimension hasardeuse et insolite. Dans le brimbalement du compartiment et la traversée des frontières lituanienne et lettone, pays qui viennent d'accéder à l'indépendance, l'obtention d'un visa autant que les intentions réelles du narrateur pour pénétrer dans cette Russie désirée vers laquelle tendent ses affects, à la fois éternelle et à présent soviétique, apparaissent bigrement problématiques.

Wagon-lit conserve un pouvoir d'attraction romanesque fort. Le trajet tout d'abord, via Berlin et Kovno, jusqu'à Riga et le "climat" d'une lecture prise dans les rumeurs de l'Histoire y sont évidemment pour quelque chose : étapes ponctuées de fouilles et de contrôles aux frontières nouvellement dessinées ou encanaillements divers, quand il faut que la chair exulte, dans des établissements bien moins distingués que les grands hôtels européens ornant la littérature bon genre. Le narrateur entre "foi et inconscience" incarne à la perfection un stade de la jeunesse où la mobilité des désirs contradictoires contrevient totalement à la gravité générale ambiante. L'énergie qui le pousse en Russie est celle-là même qui l'en éloigne. Il est prêt à "rompre les amarres" en restant à Riga avec une bande de tziganes quand surgit un soir Nina, la jeune apprentie révolutionnaire à qui il s'est lié, pour l'extirper de son bouge... Une belle entreprise ferroviaire, téméraire et inaboutie, un chassé croisé Est/Ouest dont l'issue fantasmée ne pouvait s'écrire qu'avec les mots d'une rêverie partagée et dans la poésie d'un Wagon-lit...




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Estienne raconte le voyage qu'il fit en 1921, voyage qui devait le mener de Paris aux bords de la Volga et qui le mena à Kovno en Lituanie ..pas plus loin mais quel voyage!
Une fois de plus Joseph Kessel a su me charmer. Une plume élégante, un phrasé addictif, je me suis laissée emporter .
Un court roman sans aucun doute grandement autobiographique, une immersion dans un univers proche de la Russie familiale quittée par sa famille suite à la Révolution , une écriture ample et rapide, le voyage a un goût de trop peu
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Joseph Kessel fait partie de ces auteurs dont la vie rend l'oeuvre encore plus forte. Après l'écoute du podcast de France Culture qui lui est consacré, je ne pouvais résister à le lire de nouveau. « Wagon-lit », court récit au accent autobiographique, raconte un bref séjour de jeunesse à Kosnov en Lituanie fait d'alcool et de rencontres fulgurantes.

Estienne, jeune homme de 23 ans fraîchement démobilisé, rêve d'aventure et de voyage. Il saisit l'occasion l'opportunité de faire un reportage sur des populations affamés vivant le long de la Volga pour partir. Après une nuit de débauche à Berlin, il est bloqué en Lituanie. Il y rencontre des russes militants révolutionnaires exilés et les soirées Tzigane. Il navigue entre deux femmes, Nastia qui lui fait rêver d'orient et Nina, une femme russe pleine de contradictions.

Récit d'aventures ratées, de rêves fous qui tournent court, « Wagon-lit » m'a vraiment emporté. Estienne par son désir d'absolu, par son énergie qu'il ne parvient pas à canaliser, se brûle et se perd. Il se laisse entraîner dans l'alcool et les plaisirs charnels, oubliant même son but de départ. Dans cette ville qu'il ne connaît pas, envouté par le courage des révolutionnaires et la liberté des Tziganes, il cède à ces démons. Par ses rêves et ses contradictions, par sa frénésie et sa passion, Estienne est un personnage incandescent.

La narration m'a happé dès le début. A bord de ce wagon lit, dans les rues de Berlin comme à Kosnov, les écho de l'Histoire les soubresauts des désordres géopolitiques des années 20 nous parviennent. J'ai parcouru les paysages désolés et les villes de l'est avec l'appétit d'Estienne. Chassé-croisé des voyages fantasmés est/ouest, « Wagon-lit » nous dit l'ardeur de la jeunesse et la soif des ailleurs. Il nous offre également des personnages intenses dont les portraits sont dressés avec brio. En quelques mots Kessel nous fait sentir leur aura, nous offre une image claire de ce qui émane d'eux.

Ce roman très court n'en est pas moins ardent. On y devine la fougue du jeune Kessel qui se dessine sous les traits d'Estinne. Oui décidément, emprunter les chemins des auteurs-aventuriers apportent un supplément de fougue à la lecture.
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WAGON LIT de Joseph Kessel "Gallimard 1932" 125,- pages

"Combien de fois, dans mon enfance assez pauvre, ai-je rêvé sur les quais des gares devant les rames uniquement composées de wagons-lits et qui contenaient pour moi toute l'essence, toute la magie du voyage terrestre. Sur leurs flancs les pancartes portaient les noms des capitales, des grandes villes inconnues. Ils y menaient directement. A l'intérieur brillaient doucement des bois polis, des velours. Les femmes, dans les couloirs, paraissaient plus belles, les hommes plus audacieux."

Interpellé par la silhouette d'une femme rencontré par hasard dans la rue le narrateur se souvient d'un curieuse aventure vécue en 1921. Il voulait rejoindre sur la Volga, pour faire un reportage, une équipe de secours aux affamés envoyée par les Américains. Après une journée d'errance et une nuit de débauche à Berlin, il repart vers l'est et s'arrête en Lituanie où son visa pour la Russie se fait attendre. Il rencontre Nicolas Naoum et ses amis, Russes exilés, militants révolutionnaires animés d'un bel idéal, Nastia, la Tzigane, reine de ses nuits de plaisir et d'ivresse, et surtout la déroutante Nina, tantôt lointaine et tantôt folle, tenaillée par son désir de connaître Paris. Estienne l'aidera à réaliser ce rêve. D'une bien étrange manière, sans quitter la Lituanie.

Curieux texte que celui là. le présent et les souvenirs se mêlent dans une danse curieuse.
Un bonheur de découvrir Kessel différent, sensuel et explosant sous l'emprise de ses souvenirs.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il me semblait que sur la campagne plus nue et plus sévère à chaque tour de roue, passait un vent sauvage, un vent qui soufflait de l'Orient profond, des steppes russes. C'était un sol de transition, une large et rude entrée vers des peuples, vers des climats farouches. Une émotion chaude et virile m'oppressa quand les cendres d'un triste soir commencèrent à couvrir cette terre de rigueur et de pauvreté.
L'électricité s'alluma dans notre compartiment. Les fantômes du dehors disparurent. Il n'y eut plus de réel que les reflets de la lumière sur les bois polis, le rythme du train et ce sentiment de sécurité douce et profonde que donne seule une cabine close, moelleuse, roulant dans la nuit au milieu d'un pays inconnu.

Chapitre IV, p. 35 - 36.
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Je regardais à peine le paysage à travers la vitre contre laquelle crépitait une pluie d’automne. Le miracle était à l’intérieur, dans cette boîte close, vernie et capitonnée et dans les battements de mon coeur fondus aux halètements de la bête métallique qui m’emportait, m’emportait…
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Trop d'éléments auxquels j'étais plus qu'un autre sensible avaient concouru à porter mes nerfs à la limite de la résistance: mon dessein aventureux, l'attrait de la Russie secrète et tragique, les charmes du wagon-lit, les séductions du dépaysement, de l'arrachement, de l'évasion, les frontières successives et pesamment gardées, le cliquetis d'armes qui avait accompagné la cadence du train, la fascination qu'exerçaient sur moi Cyrille Ivanovitch et ses amis.
Il fallait de toute nécessité que l'espèce d'orage chaleureux amassé en moi par ces courants magnétiques éclatât avec rapidité. On ne peut pas supporter longtemps une charge pareille, même si elle est composée d'une substance généreuse. Je suis sûr que si l'on m'avait donné les moyens, dans les premiers jours qui suivirent mon arrivée en Lettonie, de passer la frontière, j'aurais mené mon enquête comme je me suis quelque fois battu en avion, c'est à dire pas trop mal. J'aurais trouvé là une issue naturelle pour les démons exigeants qui me possédaient.
Au lieu de cela, j'avais rencontré les tziganes du Frankfurt.
Or, ils fournissaient sur place pour quelqu'un d'aussi peu défendu que moi contre leur action et sur un plan sensuel, orgiaque, animal, une aventure presque égale en plénitude, en risque, en poésie, à celle que j'avais eu le projet d'aller chercher en Russie.
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Il occupait une pleine de poussière, de bouts de cigarettes en carton et meublée d'une table, de quelques chaises et d'un classeur en noyer. Si ces détails me sont restés présents à la mémoire c'est qu'ils ne répondaient en rien à ce que j'attendais d'un antre veillé par d'aussi rudes sentinelles. Et l'homme qui travaillait là me surprit tout autant par son insignifiance. J'étais entré les nerfs en alerte, prêt à parer à je ne sais quelle attaque, quelle traîtrise.Je trouvais dans un bureau peu soigné, un bureaucrate médiocrement mis, aux traits mous, aux yeux éteints. Toute mon humeur offensive en fut déroutée.
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L'alcool, quand il est honnête, me donnait toujours une impression de détente, d'exorcisme physique. J'avais sans doute trop de force à dépenser que je n'employais pas et qui faisait explosion dans l'ivresse. Après quoi je dormais comme un morceau de fonte et dévorais comme un ogre. Mes réserves réparées, j'étais prêt à recommencer une nuit blanche. Et même je ne pouvais guère y échapper puisque j'entrais dans le crépuscule avec une vivacité toute matinale. Ainsi commençait une série de débauches qui ne pouvait être rompue que par une obligation de travail ou par une catastrophe.
Je connaissais le mécanisme. Il avait joué avec assez de rigueur durant mes permissions. Il ne m'avait jamais inquiété, car il arrivait automatiquement à fin de course avec le terme du congé. Alors le vol, l'escadrille, la discipline me reprenaient.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

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