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On imagine rarement comme il est difficile de parler d'un livre qui nous a bouleversé, qui nous a fait pleuré. Il m'a fallu ici près de deux semaines pour me décider à rédiger cet article sur Algernon.

Ce roman m'a d'abord un peu décontenancé puisqu'il est abordé sous l'angle de vue de Charlie, que l'on a poussé à raconter son expérience par des compte-rendu réguliers, avec ses propres mots. Les 10 premières pages sont donc bourrées de fautes d'orthographe … et puis, petit à petit, on voit son écriture s'améliorer, ses pensées s'approfondir. C'est au coeur même du texte, de ce récit que Daniel Keyes a inscrit l'évolution de Charlie, au fil des pages. Et c'est ce qui en fait un roman des plus touchants, qui m'est allé droit au coeur.

Au-delà de cette écriture et de cette construction particulière, le roman aborde de nombreuses questions brûlantes qui touchent à l'intelligence de l'homme. Comme le dit un des médecins : “Plus tu deviendras intelligent, plus tu auras de problèmes, Charlie.” N'était-il pas finalement plus heureux avant ? Il avait des amis, un travail. Quand il prend conscience qu'il devient plus intelligent, de nouveaux sentiments, des émotions nouvelles apparaissent : la première est la honte qu'il ressent, la honte envers l'ancien Charlie, toujours tapi en lui, que l'on a toujours pris pour un imbécile, dont on s'est moqué sans arrêt, sans qu'il ne s'en doute : “C'est facile d'avoir des amis si vous avez laissé les gens rire de vous.”

Ce déchirement est pourtant accompagné du plaisir d'apprendre, de maîtriser de plus en plus de concepts, de dépasser ses maîtres. Il se rend alors compte l'importance du savoir, même si cette découverte produit des bouleversements inattendus : “Je comprends que l'une des grandes raisons d'aller au collège et de s'instruire, c'est d'apprendre que les choses auxquelles on a cru toute sa vie ne sont pas vraies, et que rien n'est ce qu'il paraît être.”

En parallèle, il fait aussi l'expérience de ses premiers émois amoureux. le lecture comprend que l'ancien Charlie avait plus ou moins été bloqué dans sa puberté, puisqu'il n'avait pas été capable de comprendre ce qui lui arrivait et de le maîtriser. L'intelligence le rend donc à l'intégralité d'une vie réellement humaine.

Mais au final, il a l'intuition que l'intelligence n'est rien s'il n'y a pas le reste : l'amour, la douceur, la compassion. “L'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher [...] trop souvent la recherche du savoir chasse la recherche de l'amour. L'intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l'écroulement mental et moral, à la psychose.”

L'intelligence ne mène pas au bonheur, est-ce là une des morales du roman ? Je n'en suis pas sûre car comprendre le monde apporte aussi à Charlie le bonheur; montrer à sa mère qu'il a pu évoluer, également.

Des Fleurs pour Algernon est un livre qui se ressent, qui se vit. Plus qu'un roman de science fiction, c'est un roman psychologique, qui peut toucher tout le monde.
Un livre d'une incroyable modernité, universel.

“Exceptionnel s'entend aussi bien pour un extrême que pour l'autre, si bien que j'ai été exceptionnel toute ma vie.”
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Charlie Gordon é un atardé don le QI culmine à 70, Charlie é gentil avec tou le monde il veut simplement quon l'aime; Algernon, elle, é une petite souris de laboratoir.
Charlie travail dan une boulangeri, il fé les sals corvés, on le traite com un neuneu. Dan un gran laboratoir, des savans vienne de décuplé l'inteligence d'Algernon. Et si l'expérience pouvait ètre efectué sur un homme ? Charlie devien alor un instrument de laboratoir, com Algernon.
Ce trétemen apliqué sur Charlie et c'est toute sa vie qui é chamboulé. Il devien "quelqun"; il atteint un certin nivo d'intelligence, il compren les chose, les saisit et se ren vite conte du monde dan lequel il vi. Charlie finira par ne plu conprendre les gen, le monde qui l'entoure mais le plu tragic é qu'il finira par se perdre lui mème, par ne plus savoir qui il é. On s'inquiète bocou pour Charlie, pour son avenir. Réussira t il dan sa mission ?

Fascinant, troublant, émouvant, bouleversant, poignant, bref, autant de qualicatifs pour rendre compte de mon état d'esprit à la fin de ce roman. Il nous plonge dans le destin de cet homme, on le suit au jour le jour, au gré de ses évolutions.
Des fleurs pour Algernon est un véritable roman psychologique. L'auteur explore à fond son sujet.
Une oeuvre originale, poussée dans ses derniers retranchements.
Inoubliable et frapant... oups... frappant !
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Algernon, je voyais ce nom passer et repasser, comme un appel. J'ai succombé. Des fleurs, je lui en lance à la pelle, des immortelles par milliers.

Chacun des mots parle à l'intime de soi, touche à l'être profond parce que le panel des questions existentielles abordées est très très large. Nous sommes tous des êtres uniques, nous le savons, mais se faire accepter n'est simple pour personne. Un enjeu dès la naissance, capter le regard de sa mère, parfois dès le ventre, communiquer sa présence, haptonomie et émotion garantie. Susciter l'admiration du père, la jalousie de la fratrie… Charlie a vécu une enfance particulière, avec ce combat commun à tous les parents d'enfants différents, de vouloir à tout prix les intégrer, quel que soit le handicap, physique ou mental, avant de parfois accepter une solution plus adaptée, pour le bien-être de tous quand cela s'impose. Lutte perpétuelle entre acceptation et rejet. Les enfants entre eux sont sans pitié, c'est aussi l'école de la vie ; difficile pour ceux qui ne sont pas dans les clous.
Charlie, j'ai mal à ton enfance.

Sans une once d'empathie, l'autre devient invisible, absent du décor, et quoi qu'il fasse, se rira de lui, qu'il soit stupide ou bien génie. Mais qui manque à ce point d'empathie ?
La tolérance est une question d'éducation, le respect s'enseigne depuis tout petit, sans grand discours, juste en montrant l'exemple.

La question de la différence est bien sûr le coeur du sujet, et si l'on pense que seuls les simples d'esprit ont à souffrir de l'exclusion, c'est une erreur. Qui parle des «  imbéciles heureux » ? L'expression est un peu cynique aujourd'hui, mais pas tellement loin de la réalité. Ils ne se poseraient pas tant de questions ; ils seraient. Point. Vivre. Être.Alors que les grands équipés du cerveau, ceux qui sont encombrés de neurones hyperactifs, souffrent de trop de lucidité sur la nature humaine, d'une acuité exacerbée, d'une compréhension fine de la nature. Charlie ne semble-t-il pas opposé à l'utilisation des animaux en laboratoire ? Petites souris, mais singes aussi. Et pourtant, on soigne le cancer grâce aux expériences sur les animaux. Cette question me taraude, on peut limiter les dégâts.
Charlie visite les lieux d'accueil pour enfants et adultes handicapés, nous glissant au passage une réalité toujours d'actualité : un manque terrible de places, puisque ce sont des maisons définitives, les places ne se libèrent jamais vraiment.

L'auteur ne nous épargne pas non plus la vieillesse, avec l'apparition des troubles cognitifs, que l'on observe chez sa mère. Quoi de plus perturbant qu'une mère qui ne vous reconnaît plus ? Nous le vivons dans la famille en ce moment. Pas facile d'entendre une mère répondre à son propre fils au téléphone «  bonjour, madame ». Accepter. C'est tout. Aimer quand même.

Avec cette question d'intelligence augmentée, ce livre décrivait le transhumanisme avant l'heure, pas loin de l'intelligence artificielle qui nous effraie un peu, et d'ailleurs ça me rappelle un livre que je n'ai pas encore lu : « Le jour où mon robot m'aimera » de Serge Tisseron… Intelligence artificielle et sentiments ???
Avant, on nous parlait de surdoués… surdoués de quoi ? C'est toujours par rapport à une échelle de valeurs, en comparaison avec les mêmes catégories de personnes. Mais on les pensait surdoués en tout. Maintenant, les tests de dépistage ont changé, et ont cloisonné les secteurs de la douance. On peut être excellent en littérature et mauvais en math, avoir une mémoire phénoménale et aucune aptitude à la physique, et pourtant être assimilé à un enfant ou un jeune dit « précoce ». Nous parlons parfois de « zèbres »… toute la difficulté étant de développer la composante émotionnelle de la personnalité, au même titre que le reste. La maturité affective ne se construit pas dans les livres, mais dans le rapport à l'autre. Or, le rapport à l'autre est difficile quand le sujet est différent. L'ensemble du livre l'analyse très bien, dans tous les contextes : famille, amis, amours, profession, voisinage, etc.

S'accepter soi-même est le premier chemin pour se faire accepter des autres. Que l'on soit simplet ou génie.
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Des fleurs, des milliers de fleurs à la place d'étoiles, pour ce livre de l'américain Daniel Keyes. En brassées, en bouquets, en baquets, librement jetées au vent. Des fleurs de toutes les couleurs, blanches pour la pureté et l'épure du récit, rouges pour son incandescence, bleues pour sa profondeur, vertes pour l'espoir juste entrevu, très sombres pour la noirceur de l'âme humaine, des pétales mauves pour sa dimension spirituelle, des coeurs roses pour sa beauté. Des fleurs arc-en-ciel enfin pour la tolérance à la différence dont il se fait le chantre. Tant a déjà été écrit sur ce livre merveilleux, je me contenterais de m'étonner : pourquoi ai-je attendu si tardivement pour le lire ? Désormais avec moi sur mon île déserte, ce livre me permet de la colorer d'un large nuancier de sentiments et, surtout, à toujours veiller à saupoudrer douceur, compassion et amour aux personnes vulnérables que je rencontrerai, hélas seulement en rêve, esseulée sur mon île.

L'histoire est assez simple. Charlie, jeune homme de 32 ans, est un attardé doté d'un QI d'un petit garçon de 6 ans. Volontaire et très doux, il a été choisi pour subir une opération chirurgicale dans le but de le rendre plus intelligent. Cette opération inédite n'a jamais été faite sur un homme, seulement sur une souris au doux nom d'Algernon. Si cette opération réussit, elle permettra à l'avenir d'augmenter artificiellement l'intelligence de milliers de personnes comme Charlie, voire de rendre le monde très intelligent. Quelques jours avant l'opération il a été demandé à Charlie d'écrire, sous forme de comptes rendus journaliers, ce qu'il vit, ce qu'il ressent…Si ces comptes rendus sont d'abord infantiles et naïfs tant dans leur syntaxe, dans leur orthographe que dans la structuration de la pensée livrée, nous assistons peu à peu après l'opération, à travers précisément l'évolution de ces comptes rendus que nous sommes amenés à lire, à la transformation de Charlie dont l'intelligence ne cesse de progresser jusqu'à devenir incroyablement élevée.

« Si l'opération réussi bien je montrerai a cète souris d'Algernon que je peux être ossi un télijen quelle et même plus. Et je pourrai mieux lire et ne pas faire de fotes en écrivan et apprendre des tas de choses et être comme les otres ».

Au-delà de l'histoire dont le résumé tient finalement en quelques lignes, ce qui est étonnant et haletant est cette façon d'aborder les faits du point de vue de Charlie. Les comptes rendus laissent deviner en filigrane l'évolution incroyable, en peu de temps, du jeune homme. Tour à tour, nous sourions, nous avons le coeur serré, nous assistons, impuissant, à ce qui arrive : gagner en intelligence est finalement perdre en innocence et donc en bonheur… « Qui peut dire que mes lumières valent mieux que ta nuit ? » questionne le nouveau Charlie à l'ancien Charlie.

Cette construction brillante, remplie, l'air de rien, de questions existentielles, génère en effet une profonde empathie chez le lecteur. Comme si nous plongions dans son journal intime, nous éprouvons véritablement la détermination de Charlie, sa volonté de faire plaisir, ses incompréhensions et son impatience de « devenir un télijen », ses colères, l'éveil du sentiment amoureux et du désir. Nous observons, admiratifs, sa soif de connaissances et l'acquisition rapide de ces connaissances, de plus en plus approfondies, sa façon de raisonner qui devient de plus en plus complexe et structurée. Nous assistons, médusés, à la compréhension subtile de son passé et notamment du comportement maternel qui est source aujourd'hui de graves traumatismes, à l'éveil de son esprit de rébellion et de contradiction, voire à son intolérance pour toutes ces personnes qu'il prenait auparavant pour des génies et qui ne connaissent finalement que si peu de choses. Nous évoluons avec lui au fur et à mesure des comptes rendus. C'est brillant, c'est poignant, époustouflant tout en étant simple. du génie !

Le thème principal abordé par ce livre est bien celui de l'intelligence de l'homme. « Plus tu deviendras intelligent, plus tu auras de problèmes, Charlie ». On se demande, stupéfaits, s'il n'était pas plus heureux avant, avec ses amis (ses soi-disant amis) et son travail. En devenant plus intelligent de nouvelles émotions l'assaillent, il comprend combien sa mère a été cruelle avec lui, il éprouve de la honte envers l'ancien Charlie, toujours tapi sous le vernis d'éducation et de culture acquis, que l'on a toujours moqué sans même qu'il s'en doute, il se rend compte que la malice, le vol, les coups bas existent même envers des personnes bienveillantes. Il est conscient d'être un objet utilisé à des fins scientifiques et carriéristes. Il était peut-être bête avant mais heureux…d'ailleurs ne parle-t-on pas des « imbéciles heureux » ?

Autre thème, celui de la différence. Ce livre nous interroge d'une poignante façon sur le regard que nous pouvons porter sur des gens différents et vulnérables. Quelle position prenons-nous ? On ne peut s'empêcher de penser à nos propre réactions, notamment lorsque nous étions enfants, à nous qui avons peut-être harcelé, moqué ou au contraire défendu un enfant plus faible que nous…Par ailleurs, que ce soit en étant arriéré ou en étant devenu un génie, Charlie est différent et a du mal à trouver sa place dans la société. « Exceptionnel s'entend aussi bien pour un extrême que pour l'autre, si bien que j'ai été exceptionnel toute ma vie ».
Ce livre est l'incroyable quête existentielle de tout un chacun de sa juste place dans la société humaine, de l'acceptation de soi pour la trouver quelle que soit sa différence, tout le monde étant unique et donc différent à sa façon. Quant à l'intelligence, elle est relative et nous savons aujourd'hui combien cette notion revêt de multiples formes.

« Quelle est ma place ? Qui et que suis-je, maintenant ? Suis-je le produit de toute ma vie ou seulement des derniers mois ? ».

Et finalement, le message principal de ce livre, d'une humanité bouleversante, bouleversante aux larmes, est que l'intelligence est rien s'il n'y a pas l'amour, la bienveillance, la douceur, la compassion.

« L'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher (…) Trop souvent la recherche du savoir chasse la recherche de l'amour. L'intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l'écroulement mental et moral, à la psychose.”

Pour conclure, cette image qui résume de manière la plus imagée et poétique ce livre à mon sens, l'histoire d'un ressac fulgurant : « Tout autour de moi est en attente. Je rêve que je suis seul au sommet d'une montagne, que je contemple le panorama – des verts, des jaunes, et le soleil à la verticale, qui réduit mon ombre à une boule resserrée autour de mes pieds. Quand le soleil baisse dans le ciel de l'après-midi, l'ombre se déroule et s'étire vers l'horizon, longue et mince, loin derrière moi… »
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Je dis de certains livres : "sitôt lu, sitôt oublié". Celui-ci n'en fait assurément pas partie. Plus d'un mois après l'avoir achevé, j'ai toujours des passages entiers clairement en mémoire, et de nombreuses interrogations tournent encore dans ma petite cervelle.
Imaginez que vous soyez d'une intelligence limitée et que des médecins vous proposent de servir de sujet pour une expérience dont le but est d'augmenter vos capacités. Voyons un peu ce qui pourrait vous arriver.
- Vous ne comprenez pas vraiment ce qu'on va vous faire (normal, puisque votre intelligence de départ est limitée). Vous aimeriez ?
- Vous ne comprenez pas non plus ce qu'on attend de vous. Vous aimeriez ?
- Vous ne comprenez pas trop les transformations qui s'opèrent en vous. Vous aimeriez ?
- Vous ne contrôlez rien, vous subissez. Vous aimeriez ?
- Alors que votre intelligence se développe, vous vous rendez compte de qui vous étiez avant, et vous en avez honte. Vous aimeriez ?
- Vous comprenez parfaitement les gens et les faits, vous êtes devenu réellement très intelligent, c'est spectaculaire. Avoir une compréhension fine du monde et des êtres, pouvoir tout apprendre, tout savoir, ce doit être grisant tout de même. Oui, mais... parler économie, philosophie et autre à un niveau stratosphérique, ça vous éloigne du commun des mortels, jusqu'à ne plus pouvoir communiquer. Avant, vous étiez trop limité, maintenant, vous êtes trop savant. Vous aimeriez ?
- Vous comprenez que votre transformation est malheureusement réversible, et que vous allez rapidement redevenir celui que vous étiez au début. Et vous êtes horrifié à l'idée de tout perdre, à l'idée de redevenir le crétin dont on se moque, à l'idée de ne plus rien comprendre. Vous vivez le drame de celui à qui on annonce qu'il est atteint de la maladie d'Alzheimer alors qu'il est encore en pleine possession de ses facultés, et qui voit le gouffre s'ouvrir sous ses pieds. Vous aimeriez ?
Voilà ce qui arrive à Charlie dans ce livre.
Un petit extrait de Platon dès la première page ("la vue peut être troublée de deux manières et pour deux causes : quand on passe de la lumière à l'obscurité, ou bien le contraire, de l'obscurité à la lumière"), puis le lecteur se trouve embarqué dans une histoire bien étrange.
Charlie Gordon a été choisi comme cobaye dans une expérience novatrice dont le but est d'augmenter le QI d'une personne attardée. Tout se passe pour le mieux au début, Charlie passe de l'obscurité à la lumière, mais hélas, tout comme pour la souris Algernon qui subit la même transformation, arrivera le moment du retour à l'obscurité.
Le lecteur suit ce parcours à double sens à travers les compte-rendus que Charlie rédige quasi quotidiennement.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en entamant cette lecture dont le début m'a laissée totalement perplexe. Attention pour la phrase suivante, n'allez pas croire que j'aie fumé la moquette, ou que mon correcteur d'orthographe soit tombé en panne.
O débu Charlie fé plin de fote, il écri dé chose tré simple, o fur et a mesure il maîtrise mieut l'ortografe, le vocabulaire et la syntaxe, on sent sa compréhension du monde et des gens s'améliorer. Il se transforme complètement.
Voilà qui donne un aperçu de l'écriture du livre. Au début, Charlie écrit de façon phonétique des phrases courtes relatant des faits très simples. Il a des connaissances très limitées et ne comprend pas grand-chose à ce qui lui arrive. Les premières pages sont ainsi bien déstabilisantes, et je me suis demandée dans quoi je m'étais embarquée. Mais rapidement, grâce au traitement qu'il subit, Charlie évolue. le changement est spectaculaire et particulièrement bien rendu : orthographe, vocabulaire, syntaxe, complexité des phrases et de la pensée. Au fil des pages on suit les progrès, et l'on comprend rétrospectivement des passages qui étaient restés obscurs. Un tour de force d'écriture.
Mais l'intérêt de ce roman ne se limite largement pas à cet aspect. Si l'histoire peut paraître finalement assez simple, elle est incroyablement riche par les thèmes qu'elle aborde et les interrogations qu'elle soulève.
Peut-on profiter de la faiblesse de certains (animaux, déficients mentaux, etc.) pour les prendre comme sujets d'expérimentation ?
Jusqu'où peut-on imposer quelque chose à une personne "pour son bien" ?
Est-on plus heureux en étant plus intelligent ? Vaste question !
J'ai trouvé particulièrement intéressant de suivre la vision que Charlie a de lui-même, car dès qu'il devient suffisamment intelligent, il analyse sa vie de façon très lucide. Sa façon de se voir et de se juger évolue au fur et à mesure de sa transformation.

Voilà un livre qui m'a profondément émue. Une lecture intense qui m'a bousculée et fait ressentir des émotions diverses et variées.
L'histoire m'a fait penser au film "l'éveil" avec Robert de Niro et Robin Williams (paix à son âme), dans lequel un jeune chercheur administre un remède à un groupe de malades mentalement très affectés pour les faire en quelque sorte renaître. Leur évolution est tout à fait comparable à celle de Charlie, et par les images, le film amène aux mêmes interrogations que celles soulevées dans ce livre.
Pour conclure, je ne comprends pas du tout pourquoi Des fleurs pour Algernon est estampillé "science-fiction". "Science", oui. "Expérimentation scientifique", oui. Mais pour le reste, non. Certes, c'est une histoire inventée, on imagine : "et s'il se passait ceci...". Mais l'expérience médicale que l'on fait subir à Charlie n'est même pas détaillée, l'intérêt du récit n'est pas là. Ce roman ne décrit pas une hypothétique société futuriste. Il ne fait pas intervenir de créatures étranges. Tout est purement humain, profondément humain. Et c'est pour cela qu'il m'a autant émue.
C'est sûr, la petite souris Algernon va trotter encore longtemps dans ma tête.
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Ce livre est à emporter sur mon île déserte !
Il fait partie de ces moments de lecture qui peuvent ou doivent nous transformer en profondeur car il propose une belle introspection sur notre capacité à comprendre sans juger la souffrance qui peut habiter un être ayant une perception limitée de son environnement.
J'ai lu un certain nombre de critiques et me suis rendu compte que les ressentis sont variés, le curseur allant de l'agacement à la plus belle des empathies. Cette histoire ne peut pas laisser indifférent car elle nous parle de notre rapport aux autres, plus précisément elle nous interroge sur le regard que nous pouvons porter sur des gens différents et vulnérables.
Sommes nous du côté des harceleurs ou sommes nous pleins de compassion ? Tout au long de cette lecture il y aura matière à se souvenir de certains jugements que nous aurons portés "à l'emporte pièce" à certains moments de notre vie, j'ai adoré cette lecture pour le tourbillon émotionnel qu'elle a suscité en moi.
Le parti-pris de l'auteur sur le journal de bord de Charlie et ses fautes d'orthographes du début en auront agacé certains, cela peut se comprendre dans la mesure où cela rend l'identification au héros difficile. Cela dit ici le fond compte plus que la forme, Charlie à le QI d'un enfant mais il n'est pas un enfant, sa perception de son environnement est même inférieure à celle d'un enfant qui serait plus critique avec des faux amis qu'il ne peut l'être, ne distinguant pas la moquerie dont il est la cible de l'intérêt qu'il croit susciter.
Avec l'augmentation de l'intelligence et la prise de conscience, viendront la révolte et l'amertume, et avec le déclin d'Algernon la peur et le désespoir...
C'est une histoire cruelle car on aurait aimé que Charlie s'en sorte, qu'il y ait un "happy end", mais il faut boire le calice jusqu'à la lie, mon ressenti est que cette injustice était nécessaire à la morale de cette histoire pour nous faire prendre conscience que l'on vit "ici et maintenant", et qu'à défaut de pouvoir agir ou aider efficacement, il reste à réfléchir avant de porter un jugement sur l'autre, celui qui doit vivre avec moins de moyens et de capacités.
La souffrance des autres ne m'indiffère pas et elle n'est pas toujours apparente, c'est peut-être l'une des nombreuses raisons qui me font aimer ce livre dont je conseille régulièrement la lecture autour de moi.
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Limité intellectuellement, Charlie Gordon vit dans un monde de naïveté et de bonheur, souriant à tout le monde, même à ceux qui se moquent de lui. Mais voilà qu'on lui donne la possibilité de subir une opération chirurgicale qui devrait pouvoir considérablement augmenter son intelligence. Inédite sur l'homme, l'expérience semble en effet montrer des résultats particulièrement prometteurs sur une souris nommée Algernon…

Vu le temps que j'ai mis à enfin me décider à lire cet ouvrage, Charlie Gordon n'est probablement pas le plus grand imbécile de l'histoire. Les nombreuses références que Richard Powers fait à cet ouvrage dans son excellent roman « Sidérations » m'ont finalement convaincu de lui laisser sa chance et ceux qui, comme moi, sont effrayé par le côté « science-fiction » du récit doivent bien comprendre qu'il ne s'agit ici que d'un point de départ qui permet surtout de livrer un roman psychologique d'une profondeur rare.

Alors certes, les premières pages peuvent surprendre, voire même mettre grammaticalement KO les puristes de la langue française. Livré sous forme de journal intime, le récit partage en effet les pensées de ce jeune homme qui a une maîtrise disons assez limitée de l'orthographe. Heureusement, les effets de l'opération se font très vite sentir, éliminant progressivement les fautes de syntaxe de ces comptes rendus journaliers et améliorant considérablement le confort de lecture après une dizaine de pages. Ouf !

Ce procédé narratif particulièrement ingénieux permet non seulement de constater l'évolution intellectuelle fulgurante de Charlie au fil des pages, mais dévoile aussi progressivement toute l'intelligence de ce récit imaginé par Daniel Keyes. Au fur et à mesure que son QI augmente, Charlie va certes prendre plaisir à apprendre, à comprendre et à s'élever intellectuellement, mais il va surtout également créer un fossé de plus en plus grand avec le monde bienheureux dans lequel il vivait. L'intelligence s'avère en effet très vite un cadeau empoisonné qui ne mène pas forcément au bonheur escompté.

Devenant de plus en plus intelligent, Charlie va d'une part revoir son passé sous un nouveau prisme, réalisant que son entourage se moquait de lui et rejetait sa différence, le poussant même à ressentir de la honte envers celui qu'il était. Puis, il va d'autre part commencer à se lasser de toutes ses personnes qui l'entourent et qui n'ont dorénavant plus l'esprit assez vif pour lui. Evoluant beaucoup trop vite pour trouver sa place dans le monde qui l'entoure, Charlie va progressivement s'éloigner de celui qu'il était, de ceux qu'il aimait et du bonheur en général… pour finalement constater qu'il était probablement plus heureux quand il était con…

Reposant sur un point de départ intelligent et une construction brillante, « Des fleurs pour Algernon » s'avère être un récit psychologique foncièrement humain, poignant, bouleversant et fascinant, débordant de questions existentielles et abordant des sujets sensibles, tels que la différence, la tolérance, les troubles de la mémoire ou les dangers de la science.

Incontournable !
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"Un bon livre, c'est un livre qui te fait mal quand tu le refermes."

Cette année 2012 est un bon millésime car riche en "coups de cœur" littéraires.

Ces coups de cœur, je les dois aux critiques sur Babelio, qui m'ont données envie d'enrichir ma bibliothèque, mais aussi à certains membres qui m'ont conseillé des livres dont ils se doutaient qu'ils me procureraient des heures de plaisir.

Et bien, ce livre, c'est aussi grâce aux bonnes critiques lues sur Babelio et surtout grâce au fait que Métaphore me l'ai recommandé comme j'hésitais avec un autre titre.

Cette œuvre de science-fiction (que je n'aurais eu l'idée de lire), je l'ai acquise et lue dans le cadre du challenge "Romans Cultes" organisé par Métaphore.

C'est grâce à son challenge que j'ai découvert cette pépite.

"Des fleurs pour Algernon" fera, lui aussi, partie de ces romans qui me hanteront encore longtemps après avoir tourné la dernière page.

Pourtant, ma première impression, en commençant ma lecture, fut un écarquillement des yeux pas possible.

En effet, sur la première ligne, je venais de lire "Conte randu" et je me suis dit qu'il devait y avoir une grève des correcteurs, le jour où le livre fut édité.

La deuxième ligne me fit tiquer aussi sur une faute d'orthographe énorme et là je me suis dit qu'il devait y avoir une subtilité que je n'avais pas vu, étant donné que j'avais commencé ma lecture en buvant mon premier café, au réveil.

Ok, c'est Charlie Gordon, le "héros" qui nous parle et vu qu'il est arriéré mental, ces fautes d'orthographe sont normales.

Le personnage de Charlie est sympathique, on aurait presque envie de gueuler sur tous ceux qui se moquent de lui, sans que Charlie s'en rende compte.

Évidemment, il est toujours plus facile de se moquer de ceux qui ne savent pas se défendre, cela nous rend plus fort...

Charlie ne veut qu'une chose, devenir "un telligent". La science le fera, mais les rêves, une fois qu'ils sont réalisés, ne sont pas toujours agréables et Charlie va le découvrir à ses dépens.

Puisque son QI se développe, Charlie va tout doucement se rendre compte que les autres se moquaient de lui, qu'il peut éprouver de la colère, que lui aussi peut devenir condescendant envers les autres parce qu'ils n'ont pas un esprit aussi vif que le sien.

Voilà donc un roman qui m'a pris aux tripes, me laissant à la fin avec une boule dans la gorge parce que l'issue est tout tracée.

J'ai suivi l'évolution de Charlie, son retour dans son passé, dans ses souvenirs qui sont remontés à la surface durant l'augmentation de son QI, j'ai souffert avec lui en découvrant que sa mère, après avoir fait comme si son fils était "normal", a tout fait pour le rendre intelligent, préférant se dire que c'était de la paresse plutôt qu'une déficience mentale.

Le début est fort prenant, on remarque de suite l'amélioration de Charlie en lisant ses billets où les fautes s'estompent, où les phrases deviennent de plus en plus construite.

L'homme ayant toujours eu peur de ce qu'il ne connaît pas, de ce qui est différent de lui, voilà que les collègues de travail de Charlie ont peur de lui, ne veulent plus le voir, son niveau d'intelligence étant tellement élevé, qu'ils se sentent en infériorité devant lui.

Et vu qu'ils s'élevaient en écrasant un plus faible, une fois que le faible d'esprit devient un génie, ça les rabaissent.

Le pire c'est que Charlie devient comme eux, regardant les autres qui sont moins vifs d'esprit que lui, avec supériorité, changeant de personnalité, perdant même son sourire qu'il affichait tout le temps auparavant.

Si une partie du livre peut sembler moins importante, je l'ai lue avec avidité parce qu’elle signifiait aussi la révolte de Charlie qui en avait marre de ne pas être traité en être humain et sa fuite, avec Algernon.

Arriéré avant, cobaye ensuite, il se révoltait contre ceux qui le considérait comme leur "propriété", comme s'ils lui avaient donné naissance. Ils traitaient Charlie comme Algernon, la souris blanche devenue intelligente, elle aussi, suite à une manipulation scientifique.

L'auteur ne s'appesantit pas non plus sur la vie de misère de Charlie, distillant plutôt tout cela dans les rapports écrits par Charlie, lorsqu'il se souvient et comprend. Je pense que c'est encore pire de cette manière. On a mal avec lui.

La fin est prenante, vous collant une boule dans la gorge lorsque Charlie se rend compte que le processus s'inverse...

Je l'ai terminé avec les larmes aux yeux, tant je m'étais attachée au personnage et tant il est déprimant de se rendre compte de sa déchéance.

C'est comme lorsqu'une personne atteinte d'Alzheimer se rend compte, dans un bref moment de lucidité, qu'elle perd les pédales... Ça lui fait mal et aux autres aussi.

Ce livre a beau être de la science-fiction, il illustre de belle manière les dangers de la science ou de la médecine, lorsqu'elle utilise son savoir à mauvais escient.

Comme le disait Rabelais : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Et c'est la vie et l'âme de Charlie qu'ils ont ruiné, même si le fait de devenir aussi intelligent était son rêve. Ceci dit, l'enfer est pavé de bonnes intentions...

Le mal était plus fort que le bien qui fut fait et, ma foi, ils auraient mieux fait de lui ficher la paix, à Charlie !

Après un roman pareil, un de ceux qui me hantera longtemps après que la dernière page se soit tournée, il me faut lire un roman simple, un roman avec un meurtre ou un truc léger, une lecture qui ne prendra pas la tête, qui ne me nouera pas les tripes, ne me causera pas de l'humidité dans les yeux, un truc du genre...

Lire un Harlequin ? Non, j'ai dit "divertissant", pas "abrutissant" ! Oh, vite, un San-Antonio !

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Mes amis-lecteurs le savent déjà, j'ai beaucoup plus de difficultés à exprimer les raisons qui font que j'ai aimé un livre que de développer un argumentaire cinglant sur un ouvrage qui m'a déçue. Sachant que, de plus, je ne m'étends jamais sur le sujet du livre en question - considérant que le résumé éditeur, visible par tous, est fait pour ça - ma chronique sera donc brève.

À la fois cruel et tendre, classé SF mais étonnamment réaliste, très bien amené, finement dosé dans l'émotion qu'il suscite, ni trop ni trop peu, juste ce qu'il faut pour nous cueillir sans résistance.
Quarante années plus tard, Daniel Keyes confiait que Charlie et Algernon ne l'ont jamais quitté. Et j'avoue que, moi-même, je ne les oublierai pas de sitôt.
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Il s'appel Charlie Gordon et il rev de vnir inteligent. Pour ça qu'après la boulangerie i va a l'écol dé ariéré pour a prendre a lir é écrir ché Miss Quiniam. Cé difficil pour de vnir inteligent, mé il fai baucou d'é for.
Pi les profeseurs Nemur et Straus son venu le voir é lui ont de mandé si il voulé devnir inteligent mais il falai fair dé test et se fère opéré. Alor Charlie tou conten il a di oui. Et pi il voulé batre la ptite souri Algernon qu'été plu rapid que lui dan le labirint.
L'opération sé bien passé et Charlie Gordon devient très rapidement un homme d'une intelligence extraordinaire. Il se met à dévorer les livres et à accumuler avec une facilité déconcertante des connaissances dans tous les domaines de la science et des arts telles qu'il devient un génie. Peu d'hommes, même le professeur Nemur, sont désormais capables de rivaliser avec lui.
Mais passer ainsi de l'ombre à la lumière, et d'une manière si soudaine, comporte de grands risques. Ceux qu'il croyait être ses amis quand il était arriéré se moquaient en fait de lui, et cette réalité dont il prend conscience lui fait terriblement mal. Il se rend compte que les hommes sont tout à la fois petits, mesquins et terriblement complexes. Son passé d'arriéré mental l'obsède, et il revit les scènes traumatisantes de son enfance.
Ce livre, du moins tel que je le vois, est d'abord un livre sur la solitude de celui qui est différent, échappe à la norme. Arriéré ou génie, les hommes mettent Charlie à l'écart du groupe. Dans le premier cas, c'est pour le railler ; dans le deuxième, c'est parce qu'ils en ont peur.
Un peu comme on se révolte contre les atteintes de l'âge, Charlie part en guerre contre son destin inéluctable. Malgré la fin prévisible de cette histoire, on n'en demeure pas moins captivé jusqu'à la dernière ligne en espérant que Charlie parvienne à échapper à la fatalité.
C'est l'histoire désespérée d'un homme qui voulait avoir des amis, qui voulait aimer.
Un livre poignant, for et emou van.

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