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EAN : 9782916136295
222 pages
Les éditions du Sonneur (13/10/2010)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Mangal Singh, écrivain raté, chauffeur d’autocar sur la ligne Gaya-Phansa, deux villes de l’État indien du Bihar, ressasse son amertume et observe les passagers embarqués ce jour-là. Parmi eux, Fadarah l’eunuque, qui aspire à une nouvelle existence, un homme d’affaires angoissé, une matriarche hindoue convaincue de sa supériorité sociale, un jeune garçon qui rentre dans son village après avoir commis le pire... Des individus loin de leur chez-soi, issus de cultures ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Mosaïque de destins et de trajectoires, le premier roman de Tabish Khair, publié en 2004 (et en 2010 en France aux éditions du Sonneur, traduit par Blandine Longre), reconstruit par morceaux un petit monde en mouvement autour du trajet d'un bus reliant en une journée, Patna à Phansa, dans l'état du Bihar.

Enchaînant des chapitres très courts, fragments poétiques d'un puzzle, Tabish Khair assemble en artisan virtuose le kaléidoscope des trajectoires des voyageurs et de tout ce qui gravite autour du bus, microcosme perméable, marqué par les destins et pensées de ses passagers, par le spectacle des routes et les incidents émaillant le trajet, en particulier au moment des arrêts.
Deux voix nous guident dans ce voyage, celle de Mangal Singh, le chauffeur du bus toujours en mouvement, écrivain raté et observateur insatiable des passagers, et celle d'un second narrateur, évoquant la maison de son enfance et ceux qui l'habitaient, les destins passés de personnages qu'on recroisera parfois, comme une métaphore des fondations de la mémoire et de ce qui y est stable.

Rasmus le danois aux origines indiennes monté dans le bus après la panne de sa voiture avec chauffeur s'agrippe à sa mallette remplie de billets de banque, le jeune Chottu a pris la fuite, recherché pour vol et peut-être pour un délit plus grave, Mme Mirchandani, vieille femme richement vêtue est pleinement consciente de sa position, Parvati, un ancien eunuque, tente de devenir une jeune femme convenable, Zeenat la très belle domestique a sans doute été une ancienne prostituée ; chaque destin progressivement se dévoile, révélant aussi la complexité des codes et le cloisonnement social de la société indienne.

«Quelques uns des passagers somnolent […]
Quand un cahot les réveille en sursaut, ils ont parfois des marques sur leur visage, les plis qu'ont dessinés le bord de la fenêtre ou le revêtement du siège, encore à moitié pris dans les rets du sommeil. Mangal Singh remarque les motifs que forment ces plis quand l'autocar est à l'arrêt et qu'il peut se retourner afin d'examiner ceux qu'il conduit vers différentes destinations, leurs nombreuses histoires séparées se mêlant les unes aux autres durant ces quelques instants seulement, pour ne plus former qu'un unique récit de sommeil et de voyage, un roman de voyage, pense-t-il, et il se met à rire, ce qui surprend de nouveau les femmes, qu'il rassure cette fois en bouchant l'une de ses narines d'un doigt et en se mouchant sur la route qui défile à toute allure. »

Dans ce récit où tout est mouvement, on entraperçoit par les vitres du car des images de l'Inde, les champs morcelés, les villages en bord de route, un graffiti incongru exhortant à lire Proust et la vision de ce commerçant qui répand de l'eau devant sa boutique de confiseries pour «apaiser» la poussière.

«Un homme d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un banyan blanc et d'un lungi à carreaux, sortit de la boutique, un seau en inox à la main. de l'eau débordait du récipient. Avec des gestes habiles, l'homme plongea ses mains dans le seau et les agita pour répandre des arcs d'eau autour de lui. Les gouttes tombèrent sur la poussière sèche du bord de la route, d'abord en l'éclaboussant, puis en formant de véritables lassos, des lassos d'eau qui, espérait l'homme, obligeraient la poussière à rester au repos pendant les premières heures de la circulation matinale.»

Mouvement et apaisement, le lecteur a le sentiment d'être un passager privilégié au coeur de ce labyrinthe de destins.
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Un voyage en car en Inde. Un car privé, plus confortable et plus cher qu'un bus privé, mais quand même sacrément défraîchi. Nous suivons ceux qui l'ont emprunté : conducteur et contrôleur, et les voyageurs qui ont payé leur billet. Avant et après. Une plongée dans des existences, dont le voyage dans ce car constitue un moment révélateur. Des hommes et femmes, des pauvres et riches, ceux qui ont un chez eux et ceux qui le cherchent. Une plongée dans les réalités d'un pays multiforme. Drôle parfois, parfois tragique, sordide et belle à la fois. Des vies qui déraillent, d'autres qui s'épanouissent.

Un très beau roman qui donne le sentiment de s'immerger dans la vie quotidienne indienne. Dans les destins de ces personnages, qui représentent chacun un aspect de ce pays continent. Avec un certain humour et second degré. Ecrit dans une langue belle, à la fois sobre et évocatrice. Avec une intelligence rare, et une façon de mener la trame romanesque d'une façon originale et fortement pensée. Sans une seule fausse note. Un grand plaisir de lecture, et de quoi réfléchir et rêver un bon moment. Que demander de plus ? Juste de pouvoir trouver d'autres livres de l'auteur.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La vie, il la voit comme une série de petites images immobiles, presque figées, et il ne sait pas vraiment quelle image – capitale ou secondaire – serait, dans sa mémoire, la gravure d’un moment, d’un jour ou d’un voyage en particulier. Certains collectionnent les timbres, les bouteilles ou les pièces de monnaie ; lui, il collectionne les images, quelle idée de collectionner une chose aussi inutile, sans aucune valeur marchande, et il lui faut en collectionner, des images, encore et toujours !
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Soudain, sorti de nulle part, un graffiti inscrit en devanagari sur un mur en ruines : Proust Padho !
Lisez Proust !
C'est quoi, se demande-t-il, ce putain de Proust ?
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