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Le grand poète et homme de science perse vécu au coeur du Moyen-âge iranien. de son oeuvre, on retient principalement les quatrains persans ou « rubaiyats » que j'ai lu (éditions de minuit). Enfin, lu… pas sûr. Plus que jamais, la guerre des traducteurs fait rage de sorte que je n'ai pas la certitude d'avoir lu Omar Khayyâm. Mais ce que j'ai lu est résolument fluide, agréable, métaphorique peut-être.

Ces réflexions sceptiques sur le monde social sont presque des avertissements de moraliste : « Souffre seul », « il vaut mieux que tu te fasses peu d'ami », « l'anxiété du lendemain est inutile » etc.

« Si la raison me tourmente encore, je lui cracherai au visage Une gorgée de vin... pour qu'elle dorme ! ». Mais le thème principal de ces vers m'as littéralement « saoulé ». Khayyâm fait les louanges du vin à longueur de strophe car « le vin est un rubis liquide, et la coupe en est la mine ». Aviné, le poète encourage son lecteur à boire, contre le coeur qui saigne de chagrin, contre l'assaut des doutes et du monde.

« Bois du vin... c'est lui la vie éternelle ». On comprend aisément le malaise, dans un Iran où même un panaché n'est pas au menu, d'assumer un héritage aussi provoquant, le scepticisme religieux de Khayyâm, la sensualité de ses poèmes et sa provocation à l'ébriété comme remède interpelle : dans quelle mesure est-il encore enseigné ? Ou est-ce une interprétation occidentale ? En effet, certains traducteurs s'insurgent, le vin est métaphorique, s'agirait-il d'une parabole théologique ?

Quoiqu'il en soit, et malgré la frustration de pas savoir très bien à quel point ce qu'on a lu est fidèle à ce qu'a écrit Khayyâm, l'expérience est agréable, simple et imagée. La récurrence du thème, qui jamais ne se dépasse ou ne s'approfondi véritablement, peut éventuellement lasser alors, c'est comme pour ce que vous savez…à lire avec modération.

Qu'en pensez-vous ?
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En apparence, une poésie simple et sympa qui chante l'ivresse et le Carpe diem, une irrévérence mélancolique qui invite à se réjouir et qui clame la sagesse de ne pas être sage.
Irrévérencieux au point que, d'après ce qu'Amin Maalouf écrit dans son livre-hommage à Omar Khayyam, après sa mort en 1131, en Perse « chaque fois qu'un poète composait un quatrain pouvant lui attirer des ennuis, il l'attribuait à Omar; des centaines de faux vinrent ainsi se mêler aux robaïyat de Khayyam, si bien qu'il devint impossible, en l'absence du manuscrit, de discerner le vrai. »
Les Robaïat sont donc peut-être l'oeuvre de toute une bande de poètes indociles, ce qui, contrairement au narrateur du livre d'Amin Maalouf, me réjouirait plutôt.
Les quatrains de Khayyam (& co?) sont sans doute moins simples qu'ils n'y paraissent: ils font l'objet d'un travail considérable d'interprétation et de traduction - au moins une cinquantaine en Français -, certains soulignant par exemple l'utilisation d'un vocabulaire soufi qui donnerait aux poèmes une dimension plus spirituelle que pochtronne. Bon, l'un n'empêche pas forcément l'autre, comme Omar Khayyam l'a dit bien avant avant Boris Vian:
« Amoureux et buveurs, dit-on, sont voués à l'enfer.
À cette absurdité l'esprit ne peut se faire.

Si vont en enfer qui aime et qui boit,
Le paradis demain
comme la paume de la main
sera désert. »
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Khayam était un grand savant perse. Né au milieu du XIème siècle, il s'est intéressé entre autres aux équations du trois et quatrième degré , à l'astronomie (et à instaurer les années bissextiles), aux coefficients binomiaux. Un homme en avance sur son temps.
Parallèlement , il écrivait des quatrains (Rubayat).
Lecture très agréable , où l'auteur ne peut s'empêcher de boire du vin à chaque ligne ou presque , demandant à Dieu de regarder la bonté de son coeur et non ses beuveries ou ses courses trépidantes derrière les tulipes , à savoir les filles.
Khayam veut croire à Dieu, à sa bonté mais n'en veut aucune contrainte. Lui il croit au jus de vigne , va à la mosquée pour changer ses tapis et pense que l'on devrait jeûner de prière plutôt que de vin.
Bon , il a eu quelques soucis avec les religieux durant sa vie.
Il y a aussi de l'autodérision puisque l'auteur n'hésite pas à se mettre en scène.
Une lecture agréable , forcément dépaysante, et qui remise dans son contexte est sacrément surprenante.
Khayam , un peu comme les poètes Tang Li Baï ou Du Fu est un épicurien.
Il croit en un Dieu que jugera la bonté de son coeur et non pas son asservissement.
J'ai découvert cet auteur , non pas en lisant l'histoire des mathématiques ! , mais dans le dictionnaire insolite de la Turquie dont je vous ai déjà parlé. Qu'encore une fois, je ne saurais trop vous conseiller.
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Né en Perse dans la région du Khorasan vers 1050, fils d'artisan (son père était fabricant de tentes), Omar Khayyam, de son vrai nom Omar Iben Ibrahim el-Khaiami (littéralement Omar, fils d'Abraham, fabricant de tentes) est un des plus grands poètes célébrés encore aujourd'hui dans tout le Proche et le Moyen-Orient.

C'est tout d'abord en tant que mathématicien, géomètre et astronome qu'il acquière une grande renommée. Dès 1074, il publie de nombreux traités d'algèbre qui font autorité. C'est bien plus tard que le savant homme connaîtra une renommée littéraire, notamment en publiant les Robâiyât (Quatrains), textes courts composé de quatre vers. Oeuvre essentielle d'Omar Khayyam, les Quatrains seront découverts tardivement en Europe. La première traduction est faite en 1851.

Ces Quatrains n'ont pas été écrits dans le silence et la solitude que requiert le travail d'écriture mais composés lors de soirées de retrouvailles que l'auteur organisait dans sa demeure avec ses amis. Ces textes courts sont comme des sentences, des pensées douces mais toutes empruntes de scepticisme, de pessimisme voire de blasphème. En Perse, à une époque où les pouvoirs religieux et politique exerçaient une forte influence sur les esprits, les textes d'Omar Khayyam, circulaient en secret auprès de ses lecteurs.

Épicurien, goûtant aux plaisirs de l'éphémère mais rejetant toute forme de vie mondaine, penseur critique envers son époque et ses contemporains, contemplatif face au divin mais très méfiant à l'égard de tout dogme et du pouvoir religieux, Omar Khayyam apparait aujourd'hui encore comme un esprit libre, un penseur tout à fait à part.

Les thèmes de ses Quatrains sont toujours liés à l'impermanence de la vie, des êtres et du temps, à la nécessité de vivre pleinement les plaisirs et les saveurs de l'amour, de l'amitié et de tout ce que nous offre la nature (l'auteur fait dans ses textes une grande place au vin, symbole d'un attachement à la terre mais aussi rempart contre les vicissitudes de la vie).

La lecture d'Omar Khayyam agit comme un révélateur d'une époque, de consciences très attachées à leur condition, à leur quotidien, aux usages en cours dans une société dirigée par un pouvoir politique et religieux omniprésent.

Plusieurs siècles plus tard, les résonnances de la Perse du XIème siècle sont nombreuses qui viennent jusqu'à nous, lecteurs, témoins d'un monde actuel en quête de sens.

"Ô coeur, puisqu'en ce monde le vrai même est une hyperbole,
Pourquoi t'inquiéter à ce point de ce trouble et de cet abaissement ?
Livre ton corps au destin, et ton âme à la merci des heures ;
Ce que la plume a écrit ne sera pas raturé pour toi."
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Voilà une réédition récente des poèmes d'Omar Khayam, dans la collection bien nommée « Habiter le monde poétiquement ». Tout un programme. Un défi, même.

Khayam, je connaissais de nom. Comme tout le monde. Mais la lecture du très beau roman de Victoire de Changy, « l'ile longue », m'a incité à découvrir cet auteur au-delà de tout ce qu'on peut en lire ici ou là. Car la poésie d'Omar Khayam ne laisse pas indifférent …

Et quelle excellente idée, car la poésie de Khayam est un véritable vent de fraîcheur, d'originalité et liberté, en ces temps empesés d'opinions à deux balles, de majorité faisant loi, de diktats de vie saine et de jeunesse éternelle, de détournement de la foi à des fins politiques ou privées … Et j'en pense bien sûr.

Cela fait du bien de recevoir cette invitation à boire le vin auprès de jolies jeunes tulipes ou roses (euh j'ai transposé bien sûr, j'opte pour ma part les jeunes acrobates, bergers ou poètes, mes préférés …) et à s'enivrer tant qu'il en est encore temps, avant qu'on ne retourne à la poussière.

À lire et à relire sans modération, en savourant un verre de vin … Ou de bière, bien sûr.
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Omar Khayem est un grand savant su Moyen-Age .Il est à la fois poète, mathématicien , astronome et philosophe .
En tant que mathématicien, il est le premier qui traita systématiquement des équations cubiques .
En tant qu' astronome , il mesura avec une grande précision la durée de l' année .
Sa notoriété , il la doit surtout à ses beaux et célèbres poèmes "Robâiyate"ou " Les Quatrains ".
le poète Khayem est poète mystique ou soufi .Il a été frappé par la petitesse de l' homme comparée à
l' immensité de l' Univers !
Pour le poète ce qui compte c' est l' amour de la créature pour son créateur !
Pour le soufi ou le mystique, il doit arriver à un état où la créature se confond avec son créateur c' est à dire arriver à l' extase ! le poète Khayem est un adepte de Bacchus, la divinité du , car la boisson du vin le mène vite à l' état qu' il veut atteindre .
En lisant ce poète, il ne faut être réducteur et voir en lui un alcoolique loin de là car ce poète est un philosophe et un sage .
Les " Robâiyates" de Khayem est un merveilleux poème et sa lecture est toute plaisir et sagesse .
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Omar Khayyâm, poéte persan, astronome et soufi.
Comme toute poésie, il faut laisser du temps entre deux poèmes pour atteindre la profondeur de la pensée et des mots, comme il faut du temps à la poussière pour se déposer.
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Grand mathématicien du Moyen-Âge, astronome, Omar Khayyam est aussi poète et philosophe. Dans ses quatrains, il prend ses distances avec la recherche scientifique qui l'a motivé dans sa jeunesse pour se plonger dans une contemplation toute épicurienne, se contentant de prendre la vie comme elle vient et de picorer les petits moments de bonheur qui se présentent.

Les seuls plaisirs qui trouvent grâce à ses yeux sont l'amour d'une femme et le vin, breuvage qui fait souvent son apparition dans ses poèmes.
« Je bois du vin comme la racine du saule boit l'onde claire du torrent.
Allah seul est Allah. Allah seul sait tout, dis-tu ?
Quand il m'a créé, il savait que je croirais au vin.
Si je m'abstenais de boire, la science d'Allah serait en défaut. »
Pas sûr que les théologiens soient parfaitement en accord avec ce raisonnement !

Poèmes à déguster sans modération, à l'ombre d'un arbre, un verre de vin à la main.
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J'ai découvert ce poète persan du 11éme-12ème siècle grâce au bel ouvrage d'Amin Maalouf : Samarcande. et depuis je suis sous le charme. ces quatrains sont beaux, légers parfois avec des vers consacrés au vin qui sont très beaux mais que l'on pourrait lui reprocher au nom d'une interprétation dure de l'Islam.

cet ouvrage est paru chez Albin Michel avec une traduction de Omar Ali-Shah.
je ne sais pas si j'ai coché le bon dans la liste car il y a eu beaucoup de traductions....
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J'ai siroté ces quatrains dans la traduction d'Omar Ali-Shah, érudit soufi du siècle dernier. A la fois juge et partie mais non dépourvu d'arguments convaincants*, il soutient qu'Omar Khayyām est resté fidèle au soufisme, branche mystique de la religion musulmane qui s'oppose à une lecture littérale du Coran et permet certaines métaphores telles que le vin, pour désigner le principe fondamental de l'ivresse spirituelle. C'est possible, étant donné la proximité culturelle et chronologique de Khayyām avec de grandes figures du soufisme telles que Rûmî ou Saadi. Quant à savoir s'il ne s'est pas détourné ironiquement de la religion pour chercher un plaisir plus terrestre, c'est toute l'ambiguïté qui agite encore les commentateurs. L'inspiration poétique de Khayyām conserve une part de mystère, qui rejaillit dans les brefs quatrains exhalés comme des épigrammes :

« Un souffle sépare l'infidélité de la foi ;
Un autre distingue la certitude du doute.
Alors, chéris le souffle, ne le traite jamais à la légère -
Un tel souffle n'est-il pas la moisson de notre être ? »

Là où certains traducteurs tels qu'Edaward Fitzgerald ont donné de ce poète une image proche d'un nihiliste athée (ce qui fait dire à Fernando Pessoa dans le Livre de l'intranquilité, que « tout vient de la non-raison » chez Khayyām et aboutit à la « désillusion »), il se pourrait que l'un des plus grands savants du Moyen Âge cherche plutôt à « obtenir une vision plus claire de Dieu » (je cite là Ali-Shah) en étalant ses doutes au grand jour, à la manière des malâmatî, soufis de la « voie du blâme ». Moquerie contre Dieu ou soumission à son dessein, la poésie de Khayyām brasse en tout cas une imagerie universelle, avec parfois des accents de philosophie déterministe, sans doute influencée par ses activités de mathématicien et d'astronome :

« Quand les chevaux sauvages du Ciel ont obtenu leur selle,
Quand Jupiter a lancé son premier éclat, puis les Pléiades,
Mon sort a été publié depuis le Tribunal de Dieu,
Comment puis-je errer ? J'agis comme il est écrit. »

Que l'alcool soit le prélude à l'anabase ou au simple coma éthylique, la transe qu'il induit permet de flouter les limites des cinq sens, et donc du corps et de l'esprit.

« Si seulement je contrôlais l'Univers de Dieu,
Ne voudrais-je pas effacer ces Cieux imparfaits,
Et de rien édifier un vrai Paradis,
Où toute âme atteindrait le désir de son coeur ? »

Je lève mon verre à cette idée.

*Notamment ses réfutations, preuves à l'appui, des contresens commis par les traducteurs occidentaux dont le plus célèbre, Edward Fitzgerald, ne connaissait que très peu le persan, devant s'aider d'un dictionnaire... et de son intuition.
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