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Critique de peloignon


Ce recueil, réunissant quatre excellentes traductions de textes de Kierkegaard par Tisseau, est un véritable coffre à trésors spirituels.
Le choix de ces oeuvres nous paraît par contre arbitraire. Si les Stades constituent une continuité éclairante à Ou bien...ou bien et que le fait de trouver ces deux livres sous un même couvert constitue la réalisation d'un fantasme formidable pour tout amateur de Kierkegaard, le fait qu'on y ait mis aussi La reprise et La maladie à la mort constitue un supplément, certes apprécié, mais inexplicable. Ceci dit, nous ne bouderons certainement pas notre plaisir : cet étonnant amalgame est une merveille!
Ou bien...ou bien, c'est un échange de lettres entre un esthète et un éthicien, comprenant aussi le journal d'un séducteur ainsi qu'un discours édifiant, le tout présenté par un éditeur, Victor Eremita, qui nous explique comment il est tombé sur toute cette paperasse. Ce qui fait l'unité du livre, c'est la réflexion sur la possibilité de vivre l'amour de la manière la plus haute qui soit à partir de divers points de vue qui se positionnent les uns par rapport aux autres. L'ensemble est ludique, riche, profond, fascinant.
Ce livre, qui sera le seul succès littéraire qu'obtiendra Kierkegaard de son vivant, demeure la meilleur entrée en matière que l'on puisse trouver si on désire s'initier à sa pensée d'exception.
La reprise est écrite par un jeune poète de l'existence cherchant la rédemption de l'échec de sa vie amoureuse. L'intention du récit, très dense, consiste toutefois, avant tout, à présenter la catégorie de la reprise afin de l'opposer à la médiation hégélienne.
Stades sur le chemin de la vie, c'est une sorte de suite à Ou bien...ou bien. Ils s'amorcent avec un banquet, où le modèle de Platon est actualisé au XIXe siècle afin que l'ensemble des pseudonymes kierkegaardiens (auxquels s'ajoutent un modiste) qui n'ont pas atteint le stade éthique ou religieux puissent se rencontrer, le temps d'un instant fugace et discuter d'amour. L'ironie kierkegaardienne s'y épanouie à merveille. Au banquet suivent divers propos sur le mariage de l'éthicien d'Ou bien...ou bien, en continuité avec ce que l'on trouvait dans le précédent ouvrage. Enfin, la dernière section présente la triste mélancolie de Frater Taciturnus, personnage qui veut exister religieusement sans y parvenir. Écrite volontairement pour être pénible au lecteur, cette longue dernière section y parvient largement, mais c'est souvent dans la souffrance que l'on apprend le plus.
Enfin, La maladie à la mort est une des réflexions les plus profondes et brillantes que j'ai eu l'occasion de lire sur l'existence et l'existence religieuse chrétienne en particulier. Kierkegaard entre alors, dans une nouvelle période de sa production. Son pseudonyme d'anti-Climacus, contrairement à tous les autres, lui est supérieur du point de vue éthico-religieux et incarne l'idéal vers lequel il travaille. On peut faire un parallèle avec le pseudonyme de Zarathoustra que prendra Nietzsche dans la même intention de présenter son idéal en acte, mais la différence entre les deux est que la positivité de l'idéal est présente ici, contrairement au Zarathoustra dont n'apparaît jamais que la seul dimension strictement négative et critique.
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