Le roman diffuse une atmosphère rétro, l'ambiance surannée de la Chine traditionnelle – à Shanghai, première moitié du XXème siècle – et du milieu aristocratique, bourgeois et propriétaires terriens.
Le destin tragique de deux
familles dans cette Chine où d'importants bouleversements politiques et sociétaux s'annoncent. La fin d'une époque se dessine.
« Mon roman n'est que le chant funèbre de l'ancienne société agonisante ».
Un roman là où l'argent acquis sans travail entraîne et pousse ces
familles sur la pente des malheurs, déclin et ruine.
Monsieur Li, écrivain de retour à Shanghai, revoit Monsieur Yao son vieil ami d'enfance. Ce dernier lui offre l'hospitalité dans sa belle résidence où bungalow et jardin du repos seront propices à l'écriture de son futur roman…
Gentiment accueilli chez son ami, Monsieur Li surprend le jeune Yang venu cueillir quelques fleurs dans le jardin…
La curiosité de Monsieur Li est attisée par l'attitude du jeune garçon, la confiance et la lucidité des domestiques lui vaudront quelques confidences éclairantes…
« (…) nous avons beau ne pas avoir étudié, nous autres domestiques, nous savons distinguer le bien du mal et le vrai du faux, et tout cela nous fait aussi beaucoup de peine. »
Un père fortuné, réputé pour sa vantardise et sa futilité, peu clairvoyant envers son fils paresseux, gâté à l'excès, égoïste… Une deuxième épouse, jeune, belle et intelligente qui apporte chaleur et bienveillance, dotée d'une grande patience, résignée… Et ce jeune garçon chassé du jardin par les serviteurs, et dont l'histoire intrigue…
Le jardin de cette belle demeure en commun, l'histoire de deux jeunes adolescents du même âge et pourtant très différents, à la destinée bien sombre…
« J'ai toujours pensé que le romancier avait une âme de bodhisattva pleine de compassion pour la misère humaine. S'il n'en était pas ainsi, comment pourrait-il compatir aux malheurs de tant de personnes, comment sa plume pourrait-elle mettre au jour la tristesse de tant de gens ?»
De confidences intimes et douloureuses en émotions intenses et contenues, en consolations pudiques ; le roman raconte des histoires d'honneur et de dignité, où il s'agit d'assumer, toute sa vie durant, les faux pas de son existence.
C'est un jardin paisible et silencieux, là où le camélia fleurit, et sur son tronc quelques caractères gravés… Les gardénias et les jasmins parfument l'air de leurs effluves ainsi que les osmanthes aux jolies fleurs, un ravissement pour les yeux et l'on entend les moineaux se chamailler dans les branches.
Une riche demeure au jardin inspirant, pourtant empreint d'histoires tristes, de lumière aussi, de tendresse et de nostalgie.
Les secrets s'y dévoilent, sur les histoires de
famille, d'héritages, chagrins et préjugés au rendez-vous.
Pudeur, sensibilité et poésie dans l'écriture. Un roman portant des valeurs d'humanité et d'humilité.
« Mon coeur est lié aux autres. Si l'on rit, je suis heureux ; si l'on pleure, je suis triste. Je vois bien toutes les souffrances et tous les malheurs de ce monde, mais j'y vois encore davantage d'amour. Il me semble entendre dans les livres des rires de reconnaissance et de satisfaction. Mon coeur en est souvent réchauffé comme au
printemps. La vie est après tout une belle chose… »
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Pa Kin, grand écrivain chinois reconnu, est né dans cette superbe demeure, et son roman est inspiré de son vécu.
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Si une partie de l'histoire est très développée à un certain moment, j'aurais aimé, dans la lignée, une fin moins précipitée à mon goût. Mais l'essentiel était dit.
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