AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226319418
600 pages
Albin Michel (12/10/2016)
3.79/5   579 notes
Résumé :
"J'ai confectionné quelques petites choses pour toi, Fidèle Lecteur. Viens, assieds-toi près de moi. Je ne mords pas. Sauf que... nous nous connaissons depuis très longtemps, toi et moi, et je me doute que tu sais que ce n'est pas entièrement vrai. Hein ? "

Un homme revit sans cesse sa vie (et ses erreurs), un journaliste provoque la mort de ceux dont il prépare la nécrologie, une voiture dévore les badauds... Dans ces 21 nouvelles, précédées chacune ... >Voir plus
Que lire après Le bazar des mauvais rêvesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (106) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 579 notes
Tout d'abord, merci à Doriane qui m'a fait comprendre que je dépensais du fric inutilement alors qu'il suffisait de prendre le recueil dans son intégralité. Je saurais pour la prochaine fois, qu'il faut bien chercher dans la cadavrothèque, sinon on a que des bouts d'organes.
Voilà, c'est chose faite !! AprèsSale gosse et A la dure, me voilà avec le corps en entier.

Un multivers littéraire, une dune de sable divinatrice, des couples en difficultés, un enfer administratif, une morale douteuse flagellante, un innocent pas si innocent, un môme diabolique, une voiture affamée, un ange de la mort sexy, un riche souffreteux qu'on aurait peut-être dû laisser souffreteux et autres joyeusetés parfois juste sombres, parfois carrément macabres…
Bien que l'ensemble soit très intéressant, j'ai eu quelques coups de coeur, notamment pour Ur, Nécro, Mile 81, le Petit Dieu vert et Sale gosse.
Je vais encore encenser le maître de l'horreur : quel conteur extraordinaire !!
J'ai beaucoup aimé également ses « anecdotes » qui donnent l'impression que Stephen King nous parle personnellement à nous lecteurs, comme à des potes de chambrée.
Bon Halloween à tous, j'ai des doigts d'ogresse à confectionner !!

Commenter  J’apprécie          826
Stephen est un vieil ami. J'aime en général tout ce qu'il fait a quelques rares exceptions.. et j'avoue que ce recueil de nouvelles m'a plu..sauf une : Ur !
je n'aime pas tellement quand les auteurs font de la publicité mal venue. Je trouve dommage qu'un auteur comme Stephen King "renie" les versions papiers des romans. Mais bon il est comme beaucoup et a besoin de payer des impôts.. donc passons... et puis je crois que je peux tout lui pardonner en fait.

En dehors de cela comme toujours le maître touche juste.. le frisson est présent sur certaines, l'horreur aussi, mais là ou il excelle par dessus tout c'est dans les sentiments humains : amour, souffrance, amitié,etc...
J'ai une affection toute particulière pour Batman et Robin ont un accrochage. Un fils s'occupe de son père atteind de la maladie d'Alzheimer. Comme beaucoup a l'heure d'aujourd'hui un membre de ma famille est lui aussi atteind par cette maladie. Et j'ai trouvé le King très bon dans sa façon de décrire les moments de lucidité du malade...
Je ne vais pas détailler toutes les nouvelles , elles sont bonnes voire très bonnes.
Je vais juste rajouter que pour ceux qui connaissent assez bien l'oeuvre de Stephen King c'est aussi un régal de retrouver des petites touches de ses vrais romans... la tour sombre par exemple. Il a aussi fait des clins d'oeil a pas mal de monde et j'ai été très touchée par celle faite à son fils dans mile 81 (c'est pas grand chose pourtant mais j'ai apprécié).
Et puis dans les recueils j'aime aussi beaucoup quand les auteurs prennent la plume pour donner quelques explications sur leurs textes.. et là, Stephen m'a bluffée sur certaines

Je tenais aussi a souligner la couverture de ce livre qui est juste merveilleuse...a tel point que j'envisagerais bien de m'acheter un chateau afin de pouvoir avoir une bibliothèque immense pour y ranger mes bouquins sur la face et non plus sur la tranche.. car c'est crime de lèse majesté de cacher une si belle couverture.
Commenter  J’apprécie          765
Même si je pense que King n'est jamais meilleur que lorsqu'il écrit des romans fleuves, j'ai toujours apprécié ses nouvelles. C'est donc avec grand plaisir que je me suis plongée dans ce "bazar des mauvais rêves". Comme tout recueil, le résultat est inégal, il y a de l'excellent, du bon et du moins bon.

Je vais commencer par ce qui fâche, une nouvelle qui m'a mise en rogne, tant par sa faible qualité que par son propos. Ecrite à l'occasion du lancement de la Kindle, "Ur" met en scène la liseuse d'Amazon. Je ne suis pas forcément hostile au concept, d'autant plus que l'intrigue est plutôt sympa. Mais, une fois n'est pas coutume, c'est le traitement qui pêche. Il y a de grosses longueurs, je me suis souvent ennuyée. Et le récit ressemble parfois à une longue publicité. Je n'ai pas compter combien de fois les mots "kindle" et "amazon" apparaissaient mais c'est juste insupportable et transforme une histoire qui aurait pu être efficace en un produit bassement mercantile. Quant à certaines réflexions, je ne les ai simplement pas digérées. Je suis adepte de la lecture sur support papier, et je n'ai aucune intention de me mettre à la liseuse. Je comprends tout à fait qu'on puisse lire de cette façon (gain de place, économies) mais je n'apprécie pas que mon choix soit moqué par l'auteur. Libre à moi de penser que rien ne peut remplacer un livre papier et je pense que cette opinion ne fait pas de moi une ringarde, ou une "ancienne" selon les termes de King. Lorsque le personnage principal, d'abord hostile avant de succomber à la liseuse, dit à ses élèves (il est prof de lettres) que les livres sont des objets réels, des amis, évoquant l'odeur et le bruit du papier, il se voit répondre que les livres ce sont des idées et des émotions et que seul le contenu compte. Certes, le contenu reste le plus important mais l'émotion ne vient pas que des mots. Les sensations viennent aussi d'un rituel de lecture. La 1ère émotion que je ressens avec un livre est sensorielle, le toucher, la vue, l'odorat... Et selon moi, un des trésors offerts par la littérature est l'échange. Vous me direz qu'on peut partager des livres numériques. Certes. Mais ce partage n'est pas tout à fait le même qu'avec un livre papier, tout comme l'échange de fichiers MP3 n'a pas la même valeur émotionnelle que celui d'un vrai disque. Et j'ai bondi lorsqu'au détour d'une phrase le narrateur dit qu'il va en librairie "en partie mû par la pitié" car "même le chat qui passait le plus clair de sa vie à somnoler dans la vitrine paraissait mal nourri". Alors là, Stephen, ça ne passe pas. Si les libraires sont "mal nourris" c'est en grande partie à cause d'Amazon et consorts. Et l'amour des livres, c'est là qu'il est, en librairie, pas dans les entrepôts géants d'Amazon. Ce n'est pas par pitié que j'achète en priorité en librairie. C'est d'abord pour moi un acte de résistance (à petite échelle). Ensuite, c'est pour moi un plaisir, une joie que d'entrer dans un endroit rempli à craquer de bouquins. Et puis, un libraire qui parle et conseille avec passion, c'est autre chose qu'un algorithme "si vous avez aimé cela, vous aimerez...". Bref, sur ce coup King m'a vraiment déçue.

Mais je ne peux pas rester fâchée longtemps avec mon vieux pote Stephen lorsque je lis des petits bijoux tels que "Mile 81", "Morale", "Herman Wouk est en vie", "A la dure" ou "Nécro".
Si on retrouve certains éléments très classiques chez King (l'alcoolisme qui est un thème récurrent, les portraits de l'enfance toujours aussi justes, les héros écrivains...), on sent aussi que King a vieilli. La nostalgie de l'enfance est un peu moins au coeur des récits. Les thèmes de la vieillesse et des liens familiaux prennent une place très importante (évolution déjà visible dans les derniers romans du maître). A l'instar de "Premium Harmony", récit sans aucun élément surnaturel qui évoque la banalité d'une vie ordinaire avec justesse et subtilité. "Batman et Robin ont un accrochage" fait également la part belle à l'intime avec ce portrait d'un homme et son père atteint d'alzheimer. le ton réaliste et émouvant de cette tranche de vie se conclut sur une explosion de violence suffocante.
Certaines nouvelles sont aussi l'occasion de découvrir un King différent. Ainsi "Eglise d'ossements", une poésie en prose, révèle une facette inattendue de l'auteur.

Mais la nouvelle qui m'a le plus interpellée est sans conteste "le petit dieu vert de l'agonie". Cette nouvelle que King a écrite à la suite de son grave accident et qui a pour sujet la douleur physique, n'est peut-être pas la meilleure du point de vue littéraire mais elle m'a remuée de façon très intime. C'est à la lecture de ce genre de récit que je me dis que King a un talent rare pour mettre des mots sur les sensations les plus difficiles à décrire. Pour avoir connu un épisode de souffrance physique extrême (même si pour moi, cela a duré beaucoup moins longtemps que pour King), j'ai perçu toute la vérité qui transpire de ce récit. C'est à moi que King parlait. Lorsqu'il parle de la douleur comme d'une entité palpable, tangible, qui palpite à l'intérieur de soi, j'ai retrouvé ce que j'avais vécu. Lorsqu'un personnage dit à l'infirmière qu'elle a, la faute à l'usure du métier, oublié la compassion et l'empathie face au malade qui souffre, j'ai lu les mots que j'aurais voulu dire aux infirmières et aux médecins. King évoque si bien la douleur physique, ces moments où le corps n'est que torture, où on a tellement mal que rien n'existe en dehors... On ne se sent pas seul au monde, on se sent dans un autre monde... Et même une fois le corps guéri, une fois la souffrance disparue, on se souvient de ce "voyage au pays de la douleur", on la revit en cauchemars, elle n'atteint plus le corps mais a laissé une marque indélébile sur l'âme.

Rien que pour ce genre de miracles littéraires, Stephen King aura toujours pour moi une place à part, dans ma bibliothèque et dans mon coeur de lectrice.

Challenge Pavés 2016-2017- 4
Commenter  J’apprécie          5918
Ce que j'ai ressenti: …Des cauchemars, à dévorer des yeux…

J'aime beaucoup l'incipit de ce synopsis, et finalement, ce qui rend cette lecture si intime avec cet auteur grandiose, ce sont toutes ses introductions qu'il nous livre juste avant, ces petits plaisirs de lecture délicieuses et qui accompagnent merveilleusement nos pires peurs…En effet, on apprend que le King était stressé de venir au Grand Rex devant ses fans, pendant que nous , nous trépignions d'impatience, de cette venue exceptionnelle à Paris…*ah ♫souvenir, ♫souvenirs♫* … Des jolis clins d'oeil, des infos inédites, des instants partagés, cela rend cette ballade dans ce Bazar plus immersive dans l'imaginaire de cet écrivain génialissime!

Si je ne devais me rappeler que d'une seule, je choisirai Ur…J'aimerai bien justement trouvé ce Kindle rose et lire tous les inédits réels et fictifs de Stephen King justement!!!!Je pense que c'est le plus joli pouvoir qu'il est donné à un objet, et cette nouvelle m'a, non seulement plu, mais donné envie de découvrir Hemingway…Et sincèrement si je l'avais eu, moi je me serai contentée de garder jalousement ce secret, et de partager mes lectures d'un autre monde, avec ma binomette chérie… (mais qu'elle est chou, ma Stelphique ! ©Cannibal)…Qui a dit qu'au Bazar des Mauvais Rêves, on ne pouvais pas rêver tout court???!!!

Stephen King nous régale toujours de mettre en scène Objet ou Personnages exceptionnels, pour toujours repousser plus loin les limites de nos peurs. Que ce soit la voiture dévoreuse de Mile 81, Une Dune de sable devin , ou les enfants de Sale Gosse ou de Billy Barrage, son imagination nous emmène toujours plus loin. D'un rien, il refait un monde rempli d'ombres et de prédateurs à l'image de A la dure et Une mort ou Un Bus est un autre monde. Tout est fait pour qu'on ne voie plus le quotidien comme il se doit, mais comme il pourrait devenir ( Premium Harmony, Morale, Après_vie, Nécro, le tonnerre en été) . Il est aussi un fin connaisseur de la nature humaine et de ses travers, et nous donne tout en douceur des reflets de notre société malade ( Batman et Robin ont un accrochage, Feux d'artifice imbibés, Hermann Wook est toujours en vie, Tommy le petit dieu vert de l'agonie). Bref, vous l'aurez compris, c'est un grand panache de bonnes nouvelles et de jolis moments de lecture…

Et là, je suis juste agréablement surprise de savoir que le King écrit de la poésie!(Eglise d'ossements)!!Il est donc parfait cet auteur à mes yeux!!!Je vous l'avais bien dit!!!! Maintenant allez zou, piocher votre nouvelle préférée avant que des dents ne se referment sur vous…

Ma note Plaisir de Lecture 8/10
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          404
Stephen King nous donne de ses nouvelles. Vingt au total, accompagnées d'un gros supplément d'âme. Dix huit histoires inédites et deux déjà connues en français (« A la dure » édité dans la version poche de Nuit noire, étoiles mortes, et « Sale gosse » sorti en numérique pour marquer la venue du Maître à Paris en 2013). le tout accompagné d'une longue introduction et d'un texte introductif pour chaque nouvelle. Et ça, ça change tout.

Un mot sur ces textes de présentation, tout aussi passionnants que les nouvelles elles-même. L'auteur y fait preuve d'une telle proximité avec le lecteur qu'on a littéralement l'impression qu'il s'adresse directement à nous. Comme s'il nous susurrait à l'oreille la genèse de chaque histoire. Ça permet de poser un oeil différent sur son travail et ce qu'il a voulu proposer, et une autre perspective sur son inspiration. C'est juste fabuleux d'ainsi entrouvrir la porte de l'esprit du King et de découvrir techniques, motivations et mystères de son écriture.

Vingt histoires donc, certaines courtes, d'autres proches de la novella. du King pur jus mais pas seulement, du King à l'ancienne mode ou plus moderne, du King défendeur et intercesseur de la littérature américaine aussi.

L'auteur s'amuse dans ce bac à sable qui porte bien son nom. Un bazar, un bric-à-brac où l'on découvre pêle-mêle des univers aussi variés que ludiques, aussi étonnants que sombres.

Certaines histoires sentent fort le terreau des premiers amours de l'écrivain, alors que d'autres explorent des contrées inédites pour lui. Il ne s'en cache pas et propose pour certaines de véritables exercices de style où il s'amuse à écrire « à la manière de » sans jamais perdre sa spécificité, ni singer. C'est sa manière de déclarer son amour pour la littérature américaine, ancienne ou contemporaine, traditionnelle ou de genre. Son amour fou des livres et des histoires des autres.

Mine de rien, ce fut un bel exercice pour moi aussi, en tant que lecteur. Découvrir ou me confirmer les styles d'écriture que j'aime et ceux que j'aime moins, tant il sait passer de l'emphase au style sec avec talent. le bazar des mauvais rêves ou un pur moment ludique tout autant qu'un voyage dans toutes les littératures, dans LA littérature tout court.

Chacun aura ses préférences tant les récits sont diversifiés, tant les émotions sont de couleurs diverses (avec une prédominance pour les teintes sombres, bien évidemment).

J'ai été touché par sa Morale (huitième histoire du recueil), emballé (c'est pesé) par son Après-vie, électrisé par son Nécros spirituel. Et j'ai applaudit des deux mains pour sa nouvelle Ur qui est tout autant un magnifique hommage aux auteurs qu'il adore (dont Hemingway) qu'un récit franchement provocateur. Il fallait oser proposer un texte sur l'amour des romans et du pouvoir de la littérature au travers d'une histoire sur… la Kindle d'Amazon. Sacré King !

Qu'ils soient basés sur un fait divers ou d'inspiration plus fantastique, qu'ils parlent de douleur ou de relations humaines, les récits de ce pavé de 600 pages ont tous (à des degrés divers) leur propre personnalité. Avec comme point commun le talent unique de Stephen King. le bazar des mauvais rêves n'est en rien une plongée poussiéreuse dans d'obscurs textes, mais bien de nouvelles preuves du talent protéiforme et unique du Maître.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          374


critiques presse (2)
Telerama
23 novembre 2016
Une chaleureuse expérience de « littérature commentée », une berceuse complice au seuil des « mauvais rêves ».
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
03 novembre 2016
Le maître de l'horreur y donne... bien sûr, dans l'horreur, mais également dans le fantastique, la science-fiction et dans le drame psychologique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (160) Voir plus Ajouter une citation
Jimmy Golding ne croyait plus aux voitures-monstres depuis l'époque où il avait vu ce film, Christine, quand il était petit, mais il savait que parfois, des monstres peuvent se cacher dans des voitures.
Commenter  J’apprécie          360
Je l'ai déjà dit et je le répète, les histoires sont pareilles aux rêves : si saisissantes soient-elles tant qu'elles se déroulent, elles s'évanouissent vite une fois le travail terminé. Vous venez de lire un prologue maladroit (mais vrai) à l'énoncé d'un simple fait : j'ai dû savoir naguère ce qui a inspiré celle-ci, mais je ne m'en souviens pas. Peut-être une phrase entendue au hasard. Ou la vision d'un pot à biscuits sur lequel était marqué NE JAMAIS LAISSER SE VIDER, ou quelque chose comme ça. Je n'en sais rien du tout.
Je suis allé récemment au cinéma en matinée, avec très peu d'autres spectateurs dans la salle. Deux employés jouaient avec un canard en peluche trouvé après la projection du dernier dessin-animé destiné aux enfants. Je me suis dit : "Peut-être est un canard magique qui accorde des voeux quand on appuie dessus." Je vais donc écrire dès que j'en aurai l'occasion une nouvelle intitulée « Le canard en peluche ». Et si quelqu'un me demande dans un an ce qui a inspiré cette histoire-là, je ne m'en souviendrai pas.
Sauf, bien sûr, si je me réfère à cette introduction.

Page 821 - Introduction de l'auteur à la nouvelle « Cookie Jar ».
Commenter  J’apprécie          50
p.471-2.
« J’en suis persuadé, l’apaisa-t-il. Et je suis persuadé que vous faites bien votre métier. Je suis persuadé que vous avez vu votre lot d’imposteurs et de comédiens. Vous connaissez leur engeance. Et je connais la vôtre, mademoiselle, parce que j’en ai vu maints spécimens auparavant. Rarement aussi jolis que vous » - finalement une trace d’accent : choli au lieu de joli - « mais leur attitude condescendante vis-à-vis de la douleur, une douleur qu’ils n’ont jamais éprouvée eux-mêmes, une douleur dont ils n’ont même pas idée, est toujours la même. Ils travaillent dans des chambres de malades, ils travaillent avec des patients qui connaissent divers degrés de détresse, de la douleur légère à la plus profonde et fulgurante agonie. Et au bout d’un certain temps, cela finit toujours pas leur paraître ou bien exagéré ou bien carrément fabriqué, n’est-il pas vrai ?
- Non, ce n’est pas vrai du tout », dit Kat.
Qu’arriverait-il à sa voix ? Subitement, elle était devenue toute petite.
« Non ? Quand vous pliez leurs jambes, et qu’ils crient à quinze degrés - ou même à dix - est-ce que vous ne pensez pas, d’abord dans un coin de votre tête, plus de plus en plus frontalement, que ce sont des tire-au-flanc ? Qu’ils refusent de faire leur dur travail ? Peut-être même qu’ils cherchent à se faire plaindre ? Quand vous entrez dans leurs chambres et que leurs visages pâlissent, est-ce que vous ne vous dites pas : "Ah, il faut encore que je me coltine cette espèce de limace feignasse." N’êtes-vous pas - vous qui un jour êtes tombée d’un arbre et vous êtes cassé le bras, pour l’amour du Ciel - de plus en plus dégoûtée chaque jour quand ils implorent qu’on les rallonge dans leur lit et qu’on leur donne un peu plus de morphine ou autre ?
- C’est trop injuste », dit Kat... mais à présent sa voix était à peine plus haute qu’un murmure.
« Il fut un temps, lorsque tout ceci était encore nouveau pour vous, vous saviez reconnaître l’agonie, dit Rideout. Il fut un temps où vous auriez cru ce que vous allez voir d’ici à peine quelques minutes, parce que vous saviez au fond de votre cœur qu’un intrus malsain était logé là. Je veux que vous restiez afin que je vous rafraîchisse la mémoire... et votre sens de la compassion égaré en chemin par la même occasion.
Commenter  J’apprécie          20
J'aimerais pouvoir vous dire que je vais finir par devenir fou si je n'avance pas, mais je ne suis même pas sûr de pouvoir devenir fou, tout comme je ne peux ni chier ni dormir.
Commenter  J’apprécie          340
En montant la colline, elle se dit que leur effort de toute une vie pour faire de la beauté avec des mots est une illusion.
Commenter  J’apprécie          362

Videos de Stephen King (200) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stephen King
« Holly » de Stephen King, traduit par Jean Esch, lu par Colette Sodoyez l Livre audio
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (1904) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quiz Stephen King !

Quel est le premier livre de King a avoir été publié ?

Shining
Dead Zone
Carrie
Le dôme

10 questions
1716 lecteurs ont répondu
Thème : Stephen KingCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..