Nouvelle : genre littéraire qui ne me convient pas.
Stephen King : auteur que j'aime beaucoup.
Au pays des sixièmes, quand un élève oublie son cahier, il s'excuse, dans le couloir, avant de rentrer dans la classe en t'expliquant pourquoi (même si ça fait dix fois que tu dis que ce n'est pas le bon moment pour te parler quand tu dis « bonjour » aux autres. Quand un élève lève la main, c'est pour répondre à une question ou te demander de répéter la consigne. Quand tu demandes aux élèves de travailler, ils travaillent. Quand tu proposes une activité aux élèves, ils sont toujours partant. Quand il y a un contrôle, ils stressent. Quand tu te fâches, ils sont impressionnés.
Au pays des troisièmes, quand un élève oublie son cahier et que tu as le malheur de lui faire remarquer, tu te fais engueuler que c'est pas grave et qu'en plus c'est pas de sa faute. Quand un élève lève la main, c'est pour demander à aller aux toilettes ou bien à aller à la poubelle (j'adore quand ils demandent ça, parce que je peux les imaginer rentrer dans la poubelle et c'est hilarant – intérieurement. En général, je leur réponds « non, non, tu peux encore servir », mais ils ne comprennent jamais que c'est de l'humour). Quand tu demandes aux élèves de travailler, ils se taisent (pendant deux minutes). Quand tu proposes une activité aux élèves, ils regardent tout de suite la pendule avec leur désespéré. Quand il y a un contrôle, ils trichent. Quand tu te fâches, ils te ridiculisent (à raison cela dit).
L'année passée, j'avais (entre autres), une sixième de rêve, les 6A et une troisième de cauchemar, les 3B.
Bon, les 6A étaient géniaux et c'était largement au détriment des autres classes de 6ème, peu pourvus en élèves doués, en élèves qui participent dans le respect de leurs camarades, en élèves calmes, en élèves sérieux, en élèves autonomes. Mais bon, je les avais et c'était effectivement le rêve d'aller en classe avec eux. Tout se passait toujours bien à toute heure de la journée, n'importe quelle journée de la semaine.
Et les 3B, le cauchemar dès le lundi neuf heures. du refus de répondre qui tourne mal, au vide sidéral. Pas un pour rattraper l'autre. E., encore assez gentil garçon l'année d'avant qui a tourné mauvais esprit. P., nouvelle dans l'établissement, plus intéressée par les garçons que par les cours de maths, qui avait décidé de s'y mettre après avoir gagné un concours de nouvelles et ça a duré trois jours, qui aurait dû avoir son brevet mais qui l'a pas eu. N. et E., deux bavards incasables dans le plan de classe. E., je l'ai observé en contrôle refaire son chignon pendant dix minutes. M., lui l'a eu son brevet c'est dingue, qui me dit que c'est moi qui les empêche de travailler (m'a coupé le sifflet ce jour-là, j'en ai oublié de prendre son carnet que de toutes façons il avait jamais). Et G., qui m'a répondu environ deux fois « bonjour » sur les 60 où il est entré dans ma classe (il a été beaucoup absent, moi aussi et beaucoup de cours ont sauté), qui a refusé de changer de place et refuser de sortir de ma classe, qui s'est exclamé un jour où je criais sur une élève « c'est génial, on dirait une scène de ménage sur internet ».
Et si je parle de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, où j'avais décidé d'écrire cette critique, j'ai croisé un seul élève en allant faire mes courses au supermarché : G.
Sweat à capuche au rayon fruits et légumes, je me suis sentie extra-terrestre à la manière dont il me regardait, à trois mètres de là. J'ai souris et j'ai dit bonjour. Il m'a répondu. Fin du cauchemar (pour moi, malheureusement pas pour lui).
Alors clairement, une heure de 3B l'année dernière était bien plus angoissante que ce livre de
Stephen King, avec son vampire de train fantôme et ses fantômes à la manque.
Celle avec le dentier sur pattes m'a bien plu tout de même…
Mais pour relativiser, je répète encore que je n'aime pas les nouvelles. Il me faut du temps en littérature.
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