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Christiane Thiollier (Traducteur)Joan Bernard (Traducteur)
EAN : 9782266029612
385 pages
Pocket (01/03/1989)
  Existe en édition audio
3.88/5   3457 notes
Résumé :
La paisible petite bourgade était devenue une ville fantôme et personne n'osait parler de ce rire aigu, maléfique, enfantin.
Jerusalem's Lot n'avait rien de remarquable, sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingt ans auparavant. Et lorsque Bean Mears revient à « Salem », c'est seulement pour retrouver ses souvenirs d'enfance.
Mais, très vite, il devra se rendre à l'évidence :... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (366) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 3457 notes
Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Je le lis... je ne lis pas... je le lis... je ne lis pas... je le lis.. je ne lis pas…

ça faisait pratiquement 20 piges que je me posais cette question pour finalement le lire, c'est bien la peine de se faire chier à se décider, hein les filles.

Adolescent je ne lisais que du "Stephen King", j'étais persuadé de lire des trucs de grands, comme certainement tous les jeunes lecteurs de ma génération et pour être tout à fait honnête, je ne comprenais pas grand chose, un peu comme chaque adolescent qui se prend pour un adulte.

Quelques années avant mon premier jet, si on peut appeler ça un jet (♫et mes mains s'en souviennent…♫) une copine plus âgée avec qui j'entretenais une relation amicale (sans jet tout est amical), me conseilla de lire "Salem" : son meilleur roman de "King".

J'ai pris note mais je ne l'ai pas écouté, tout simplement parce que King commençait à me gonfler le kiki sévère… enfin "King" ou autre chose, à cette époque tout commençait à tourner autour de ce fameux Kiki, devenu pleureuse de compétition depuis sa première larme, mais là n'est pas le sujet, kiki est pudique donc par respect pour sa vie privée nous en resterons là…

Bon et puis les années sont passées, j'ai stoppé un peu mes lectures habituelles pour me concentrer plus sérieusement sur un autre style littéraire beaucoup plus imagé (♫et les pages s'en souviennent…♫), ça a duré un moment d'ailleurs ces conneries. quelques romans par ci par là, mais soyons sérieux : Kiki avait des arguments bien plus convaincants.

Enfin bref, j'ai fini par le lire, mais trop tard. le roman a pris un coup de vieux, point de vue scénaristique, tout a déjà été dit et répété sur les vampires, donc difficile d'être surpris. par contre je l'ai trouvé foutrement bien écrit : "King" est un auteur de fantastique qui souhaitait faire de la littérature, et parfois ça se voit.

Donc peu d'action avant la page 300, pas de grand frisson non plus, en même temps je suis rodé depuis "Twilight". Je n'ai jamais vraiment été embarqué : les personnages restent pour ma part bien trop naïfs pour être crédibles : "mais pourquoi ils n'appellent pas des potes, bordel de chiottes, ou l'armée, le FBI je ne sais pas. Pourquoi sont-ils si réticents face à l'évidence : ça se pose des questions et ça "blablatte, ça blablatte" pour essayer de se convaincre, six péquins seuls contre tous :

Pour l'exemple :

Bien évidement que la petite dame tout fluette fera l'affaire, certes elle s'inquiète un peu, se pose des questions devant la fenêtre de derrière, au couché du soleil, c'est censé être la maison des vampires quand même, seulement rien ne l'arrête notre "Buffy en herbe", et puis l'ado chétif qui l'accompagne sait de quoi il parle, elle peut compter sur lui pour couvrir son derrière.

Pour conclure : ce fut une lecture très plaisante avec une histoire sans éclat, à lire avant qu'il ne soit trop tard finalement.

"King" reste un auteur de talent que j'admire.

À plus les copains
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Salem est le premier livre qui a failli me faire mourir de peur, au sens propre du terme. Un soir d'insomnie, j'ai décidé de lire un peu ce roman en attendant le retour de Morphée (déjà, mauvaise idée, ça ne détend pas du tout). Juste au moment où le premier vampire gratte à la fenêtre de Mark Petrie, un abruti de piaf est venu percuter la mienne. L'ensemble de mes organes ont aussitôt décidé d'aller voir ailleurs s'il n'y avait pas un corps plus habitable dans les parages, et mon sang s'est glacé quelques secondes, histoire de ne pas attirer l'attention. En me recouchant quelques minutes plus tard, bien évidemment, ma peur s'était totalement évanouie. Mais j'ai quand même remonté les couvertures jusqu'à mon front. Parce qu'on ne sait jamais.

Jerusalem's Lot (Salem pour les intimes) est une petite bourgade du Maine. L'écrivain Ben Mears s'y rend afin d'écrire son prochain livre et d'exorciser ses vieux démons. Il a vécu à Salem étant jeune, et lors d'une cérémonie pour entrer dans une « confrérie », on lui a demandé de ramener un objet de la lugubre maison Marsten House. La vision d'un pendu qui a ouvert les yeux pour le regarder l'a marqué à vie. Ben découvre que Marsten House a été vendue à deux antiquaires, Barlow et Straker. Peu de temps après, un jeune enfant disparaît, et son frère meurt peu de temps après d'une anémie...

King s'est inspiré de Dracula pour écrire Salem, sans en faire une copie conforme. le end est un peu moins happy, et la religion a une meilleure place dans le récit et est plus travaillée (chez Stoker, elle m'avait semblé un peu naïve). le duel entre le vampire et le prêtre est d'ailleurs une de mes scènes favorites. Un bon roman d'horreur, au rythme soutenu, et qui provoque quelques frissons, même sans l'aide d'un oiseau nocturne !
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Jamais, pour ce qui me concerne, lecture n'a été aussi épique que celle-là !
Il faut dire aussi que mon amie Lily m'avait bien conditionnée. Dans le cadre de notre petit Challenge Lecture, il fallait valider le poste : âmes sensibles, s'abstenir...
"Lis-ça, m'a t'elle dit en me tendant Salem, il m'a valu quelques nuits blanches !". Mais la sage Iboo est futée, on ne la lui fait pas, à elle ! J'ai donc réservé cette lecture pour les après-midi ensoleillés, quand les oiseaux chantent et que la vie bat son plein.
Résultat, le bouquin comportant pas moins de 800 pages, il m'a fallu des semaines pour en venir à bout. Et... j'ai flippé quand même !
En effet, comme je ne suis pas encore totalement amnésique, des images angoissantes me revenaient à l'esprit certaines nuits de nouvelle lune où j'avais trop usé de caféine pendant la journée. Puis, est arrivé le moment où je me suis prise à penser que cette perte de contrôle sur mes émotions n'avait pas de sens car, la journée, même si elle me passionnait, cette lecture ne me déclenchait pas le moindre frisson de trouille.
Et j'ai compris... finalement ce qui me faisait le plus peur dans ce roman, c'était la peur d'avoir peur. Parce que "je devais" avoir peur. Stephen King, lui-même, nous l'annonce sur la 4ème de couverture : "Salem est l'un de mes meilleurs romans, l'un des plus effrayants aussi."

Donc, voilà... tous mes petits délires à présent confessés, je dirais que cette première rencontre littéraire avec Stephen King m'a vraiment emballée.
J'ai tout particulièrement aimé sa manière d'installer le suspens, de planter ce décor banal qui pourrait être le nôtre, de nous faire sentir "concernés", de sonder les âmes de ces petites gens dont il fait ses personnages... Il a une analyse très fine et très juste des caractères humains. On les reconnait ces hommes, ces femmes, ces enfants... Ils sont nos voisins, nos amis, notre famille. Du moins, ils pourraient l'être. C'est sans doute pour cela qu'on les suit sans résistance.

Un véritable écrivain que ce Stephen King. Un témoin de son époque.
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Ayant beaucoup aimé Simetierre, j'ai voulu réitérer l'expérience du King version horreur à travers une lecture commune avec mon ado.
Alors oui, Simetierre m'avait entièrement convaincue. L'atmosphère y est parfaitement restituée. Pour Salem, je suis plus mitigée. Beaucoup de personnages ici que le King prend plaisir à introduire un à un sans lien entre eux sauf d'être habitants de Salem. On se doute vite qu'il va arriver des problèmes à ces personnages.
Alors que Simetierre se concentre sur une seule famille. Ce qui permet l'empathie et l'attachement. Dans Salem, trop de personnages sans possibilité d'attache de mon côté.

Contrairement à Simetierre, j'ai trouvé que l'action se mettait assez vite en place et que l'horreur montait crescendo. Ce qui a évidemment davantage plu à mon fils. Horreur pour certains mais pas pour moi. Ce qui me fait peur, c'est plus l'ambiance, l'atmosphère, hémoglobine, zombies et loups garous, cela me fait plus rire qu'autre chose. Pas vraiment de gros frissons ici donc.
Bémol également sur le côté obscène en première partie qui m'a un peu parasitée ma lecture.

Par contre, ce que j'ai le plus apprécié dans Salem, c'est le talent du King à se servir de la nature pour soulever quelques passages poétiques de toute beauté. Il distille des pétales de rose dans des flaques de sang, et cela m'a énormément plu.

Un thème de vampires peut-être un peu désuet mais servie d'une écriture fine même si j'étais un peu en reste des sempiternelles descriptions du King que j'avais fini par beaucoup apprécier.
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Découvert récemment grâce à Nicola (@NicolaK) et Doriane (@Yaena), j'avais pas mal d'apriori sur Stephen King, notamment sur son style littéraire et son écriture.
Après plusieurs lectures, je dois reconnaître le talent indéniable de cet auteur. Il m'apparaît aujourd'hui comme un auteur-caméléon : il est à l'aise dans de nombreux genres littéraires, la fiction historique, le roman policier et le thriller, le fantastique et la science-fiction, l'horreur. Et je dois bien avouer que j'aime les auteurs qui savent se renouveler et nous embarquer vers des destinations inconnues.

Pour écrire « Salem », Stephen King explique dans la postface qu'il s'est inspiré du roman de Bram Stoker, « Dracula », des films et des comics d'horreur avec des vampires.

*
« Salem » se déroule à Jerusalem's Lot, une petite ville tranquille et agréable du Maine.
Mais si l'on s'approche au plus près de ses habitants, le lecteur s'aperçoit bien vite que beaucoup de mensonges et faux-semblants se cachent derrière l'apparente quiétude et douceur de vivre de cette petite bourgade rurale et pittoresque.
Ben Mears, un écrivain, revient 25 ans plus tard à Salem pour écrire un livre. Il a envie de renouer avec cette ville où il a vécu durant sa jeunesse et plus secrètement, faire le deuil de la femme qu'il aimait.
Dès son arrivée, son regard est attiré par la vieille maison dominant la ville, Marsten House. Cette vieille demeure mystérieuse et menaçante a une longue histoire. Il s'y est passé des choses étranges et terribles.

« La ville s'y connaît en ténèbres.
Les ombres nocturnes et les obscurités de l'âme n'ont pas de secrets pour elle. Les trois éléments qui la constituent, une fois réunis, forment un ensemble qui transcende ses composantes. La ville, ce sont les gens qui y vivent, ce sont les maisons qu'ils ont construites pour s'y réfugier ou y faire des affaires, et c'est la terre. »

Comme vous savez, j'aime les histoires où les maisons ont une mémoire et gardent en elles les douleurs, les violences de leurs occupants. Celle-ci exhale des relents fétides, elle semble hantée par une présence maléfique, malveillante.

« … il y a peut-être quelque chose de vrai dans l'idée que les maisons absorbent en quelque sorte les émotions qui y sont vécues et les retiennent comme... une charge, un potentiel qui ne s'activerait que sous l'intervention d'un catalyseur qui pourrait être, par exemple, un enfant imaginatif. Je ne veux pas parler de fantômes. Je veux parler d'une sorte de télévision psychique à trois dimensions. Ça pourrait même donner quelque chose de vivant. Générer une sorte de monstre, si vous voulez. »

*
Stephen King a le sens du détail. Sous sa plume généreuse et immersive, les mots créent une ambiance de plus en plus sombre et horrifique : ils empreignent dans notre esprit des images fortes, ils infusent une sensation diffuse de mal-être, une impression de danger latent à la venue de la nuit.

Là où l'auteur est vraiment très fort, c'est pour nous propulser dans un monde tourné en huis-clos. Il parvient à nous dépeindre l'esprit et l'ambiance des petites villes américaines isolées où tout le monde se connait, jusque dans leurs décors.
Si Stephen King prend son temps pour peindre la ville de Salem, il déploie également sa sensibilité et sa force narrative pour dessiner les portraits de ses habitants et percer leurs émotions, leurs sentiments, leurs désirs, leurs faiblesses et leurs défaillances. Là encore, l'auteur a beaucoup de talent pour s'insinuer dans l'intimité de ses personnages, s'infiltrer dans leurs pensées. Il leur crée un passé et un présent. Ces digressions créent des petites histoires à l'intérieur de l'histoire principale.

Dans les romans que j'ai précédemment lus, j'avais aimé la manière dont il amenait les différents personnages et lieux, cette lenteur dans la narration, cette exigence de vérité et de transparence sur ses personnages.
Néanmoins, cette fois-ci, dans « Salem », je me suis ennuyée sur la première moitié du récit. Il y a dans cette histoire de nombreux personnages secondaires que l'auteur développe avec justesse à la façon d'un immense puzzle, instillant par la même occasion des zones de tension. Pourtant habilement construit avec des allers et retours dans le temps, cela n'a pas suffi à me plonger pleinement dans l'intrigue que j'ai trouvée longue à démarrer, manquant de suspense et de rythme.

Il faut donc de la patience et de la persévérance au départ, car la suite du récit où tout est à sa place est vraiment prenante et vaut la peine au bout du compte. En effet, tout dérape et s'emballe, le réel s'efface, remplacé par une dimension horrifique : le narrateur et quelques survivants se retrouvent à lutter contre une force surnaturelle qui les dépasse et ronge Salem de l'intérieur. C'est lugubre et addictif à souhait.

« … quand il fait noir, tout ça paraît beaucoup plus vraisemblable. »

Parmi les thèmes fréquemment exploités par l'auteur, il y a ceux de l'image de l'écrivain et de l'acte d'écrire. le roman explore aussi le thème de l'enfance, de l'amitié et du courage, du deuil et de la peur, de la solitude et du sentiment de culpabilité.

*
Stephen King construit, avec facilité et efficacité, un monde sombre et effrayant. Il crée des personnages mémorables à l'image du Père Callahan. Passé la moitié du roman, le récit démarre véritablement, l'atmosphère s'alourdit d'une inquiétante étrangeté pour entraîner ses lecteurs dans les ténèbres.
Une lecture incontournable pour les amateurs de littérature d'horreur ou pour ceux qui veulent se faire un peu peur.

« Nuit, ne me surprends pas ici. »
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Citations et extraits (219) Voir plus Ajouter une citation
Un beau jour, on rencontre quelqu’un qui vous tient la main et qui vous aide à traverser le dédale de ces maisons hantées qui ont pavé votre route depuis vos premiers babillages de bébé jusqu’aux ronchonnades de la vieillesse. Jusqu’au jour où... jusqu’au jour où, comme ce soir, on découvrait qu’aucune de ces terreurs n’était morte, mais qu’elles étaient juste enfouies au fond de votre esprit, bien rangées, chacune dans un petit cercueil de la taille d’un enfant, avec une petite rose dessinée sur le couvercle. 
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(Postface écrite en 1999 par SK)
Je voulais prendre le contre-pied de Dracula. [...] Au début, je pensais faire gagner les vampires, et qu'ils se débrouillent avec le monde. Conduisez vos voitures, les gars ! Ouvrez vos restaurants ! BIENVENUE A JERUSALEM'S LOT, SPÉCIALITÉ DU BOUDIN AU SANG!
Mais mon histoire a pris une autre tournure - comme vous pouvez le constater- parce que certains de mes personnages humains se sont révélés plus forts que prévu. Il m'a fallu un certain courage pour les laisser grandir à leurs souhaits, mais j'ai fait ce sacrifice. Si j'ai jamais remporté une victoire, en tant que romancier, c'est bien celle-là. Les écrivains, depuis l'après-guerre (et encore davantage depuis la débâcle du Vietnam), ont pris goût au pessimisme, et trouvent beaucoup plus séduisant de construire des personnages qui, au fil des épreuves, perdent de leur noblesse et deviennent de plus en plus vils et mesquins. Mais voilà, Ben Mears, ai-je découvert, voulait devenir meilleur. Il voulait être un héros. Je l'ai laissé faire. Et je n'ai pas eu à le regretter.
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Quelque chose l’avait réveillé. Il resta immobile, les yeux levés vers le plafond, dans l’obscurité totale.
Un bruit. Du bruit. Mais non, la maison était silencieuse. Ah ! Ça recommençait. Un grattement.
Mark Pétrie changea de position et regarda du côté de la fenêtre. Danny Glick l’observait à travers la vitre. Sa peau était d’une pâleur cadavérique, ses yeux rouges et luisants comme ceux d’un animal sauvage. Un liquide noirâtre lui coulait des lèvres sur le menton et, quand il vit le regard de Mark fixé sur lui, il découvrit ses dents longues et pointues en un sourire hideux.
- Laisse-moi entrer, murmura la voix.
Et Mark ne sut si ces mots avaient traversé l’air nocturne pour lui parvenir ou s’ils avaient résonné à l’intérieur de son esprit.
Il sentit la terreur gagner son corps en une vague irrépressible, comme si sa chair, avant sa conscience, avait compris la situation. Jamais il n’avait eu aussi peur, prie encore que lorsqu’il avait senti ses forces l’abandonner au large de la plage de Popham, certain qu’il allait se noyer. Son esprit, pourtant encore enfantin en mille manières, évalua la situation en quelques secondes. Il ne risquait pas seulement la mort, mais bien davantage.
- Laisse-moi entrer, Mark. Je veux jouer avec toi.

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La ville a ses secrets et elle les garde bien. Ses habitants ne les connaissent pas tous. Ils savent que la femme du vieil Albie Crane est partie il y a des années avec un voyageur de commerce qui venait de New York - ou ils croient le savoir, car en réalité Albie a fendu la tête de sa femme après le départ du voyageur ; il lui a attaché un pierre aux pieds et il l'a balancée au fond du puits désaffecté.
Vingt ans plus tard, il est mort tranquillement dans son lit d'une crise cardiaque, exactement comme son fils Joe mourra plus tard.
Et peut-être qu'un jour un gosse s'égarera du côté du vieux puits couvert de ronces, peut-être retirera t-il les planches blanchies par les intempéries qui le recouvrent et apercevra-t-il dans les profondeurs le squelette de Mrs Crane. Elle le regardera de ses orbites vides et il verra sur sa cage thoracique le collier, couvert de mousse, offert par le trop charmant voyageur.
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C'est le père et le fils, se disait-on en les voyant.
Ils traversaient le pays en diagonale, nord-est - sud-ouest, dans une vieille Citroën. Ils ne se hataient pas, faisant halte ici ou là pendant un jour ou une semaine et empruntant de préférence les routes secondaires.
Partout où ils s'arrêtaient, l'homme achetait un journal du Maine, Le Courrier de Portland, et regardait s'il y trouvait quelques nouvelles d'une petite ville du nom de Jerusalem's Lot. Cela arrivait de temps en temps.
Un peu avant d'avoir atteint Central Falls, Rhode Island, il écrivit, dans des chambres de motel, le canevas d'un roman et l'expédia à son agent littéraire. Il avait été, il y avait de cela des millions d'années, avant que les ténèbres eussent obscurci sa vie, ce qu'on peut appeler un écrivain à succès. L'agent communiqua le projet à l'éditeur qui avait publié son dernier livre. Celui-ci manifesta un intérêt poli, mais d'argent il ne fut point question.
- Tout ce qu'ils vous permettent de sortir, c'est "s'il vous plaît" et "merci" dit l'homme à l'enfant.
Ile le dit sans trop d'amertume et cela ne l'empêcha pas de se mettre à l'ouvrage.
L'enfant ne parlait pas beaucoup. Son visage gardait une expression douloureuse et son regard était comme assombri par quelque triste paysage intérieur. Dans les restaurants et dans les stations-service où ils faisaient halte, il était poli, mais sans plus. On avait l'impression qu'il ne voulait pas perdre l'homme de vue un instant et que le seul fait de le voir disparaître dans les toilettes le rendait anxieux. L'homme essayait parfois d'évoquer Jerusalem's Lot, mais l'enfant refusait d'en parler et ne jetait jamais un regard sur les journaux que l'homme laissait traîner à dessein sous ses yeux.
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