La vie à l’école pratique fut une cruelle désillusion. Elle n’avait pas espéré marcher dans un sentier fleuri, mais celui-ci était vraiment trop dur. Dès les premiers mois, elle put juger de la distance qui séparait ses rêves humanitaires de la vraie réalité ; celle-ci ne tenait aucun compte des missions, des devoirs ou des vocations. Kate avait espéré secourir les misères, soulager les malades, consoler les malheureux… On l’obligea à faire cuire la bouillie des bébés ! En regardant ses compagnes l’acquitter de leur besogne quotidienne, elle s’aperçut que celles-ci n’avaient aucun idéal et apprenaient simplement un métier ; elles s’étaient faites infirmières comme elles se seraient établies couturières : pour gagner une vingtaine de dollars par semaine. Cette découverte la peina infiniment. À tout cela, s’ajoutaient la mauvaise nourriture, le manque de sommeil, l’insuffisance de repos, un travail excessif et l’effort nerveux nécessaire pour supporter cette existence purement matérielle. Malgré tout, elle remerciait Dieu de lui avoir donné un corps vigoureux et un cœur de bronze, et la prière exaltait son énergie.
Nous sommes ici trois femmes : la feuille morte, l’arbre en fleur et le bouton encore fermé.
— Quand part le prochain train pour Rhatore ? demanda
l’Américain.
Il n’y a pas de train, répondit l’indigène avec un temps
d’arrêt entre chacune de ses paroles, comme un phonographe.
— Pas de train ? Où est votre horaire ? Où est votre guide
des chemins de fer ?
— Il n’y a pas de train.
— Alors, qu’est-ce que vous faites là ?
— Monsieur, je suis chef de gare, et il est défendu d’injurier les employés de la Compagnie.
… Et la jeune infirmière, l’oeil fixe, contemplait son hôpital vide.
[ ...]
C’est dommage, dit l’indigène d’un air dégagé. C’est une conséquence du fanatisme et de l’intolérance religieuse du pays. Les mêmes événements se sont déjà produits plusieurs fois pour des motifs différents : une fois, ce fut pour des poudres médici-nales ; une autre fois, les malades prirent la vaseline pour de la graisse de vache ; une fois encore, ils prétendirent que les verres gradués étaient des vases sacrés…
Voyez-vous, le mariage est l’absorption d’un être dans un autre être : l’un des deux ne vit plus sa propre existence… C’est le rôle de la femme que de s’anéantir ainsi en son mari; je l’approuve, je l’admire, je l’envie, mais je ne puis m’y soumettre. Pour qu’une union soit heureuse, la femme doit se donner toute entière ; or, je ne m’appartiens pas et je ne puis vous offrir qu’une toute petite partie de moi-même, – celle qui n’est pas vouée à mon œuvre.
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