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EAN : 9782732033846
32 pages
Sorbier (05/04/1994)
4/5   4 notes
Résumé :
... Soliman-ben-Daoud était un sage. Il comprenait le langage des animaux, celui des oiseaux, des poissons et des insectes. Il comprenait ce que disaient les rochers, au profond de la terre, lorsqu'ils se penchaient l'un vers l'autre et se mettaient à grommeler ; il comprenait aussi ce que disaient les arbres quand ils frémissaient au milieu de la matinée...
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Vous savez à peu près tous les conséquences que peuvent avoir un battement d'ailes de papillon à l'autre bout du monde ; mais savez-vous quelle répercussion peut avoir un coup de pied de papillon ? C'est pour tâcher de répondre à cette douloureuse et capitale interrogation que Rudyard Kipling nous embarque dans un conte presque digne des Mille Et Une Nuits.

Suleiman ben Daoud est un monarque ô combien sage, puissant et vénéré. Mon petit doigt me dit qu'il possède à la main gauche un anneau digne de faire surgir des bordées de Djinns et autres Ifrites bien décidés à accomplir la plus menues de ses volontés. (Les Ifrites sont assignés aux tâches sur les Djinns, voilà pourquoi il est conseillé de toujours mettre une serviette sur ses genoux — NdC.)

Mais Suleiman est sage et pas orgueilleux pour deux sous. Il a certes une légère tendance polygame et ce ne sont pas ses quelques neuf cent quatre-vingt-dix-neuf épouses qui diront le contraire. Toutefois, il en est une autre, Balkis, qui est la favorite de son coeur et qu'il ne considère pas à l'égal des sus-nommées.

Elle aussi est sage et magnanime, pas comme les 999 mégères à peine apprivoisées qui n'ont de cesse que de se crêper le chignon alors même que ce comportement indispose leur maître et souverain qui, dès lors, préfère s'isoler dans ses jardins luxuriants. Seule Balkis se détache de la meute et observe en secret l'amour de sa vie.

Il suffirait de presque rien, d'un cornet d'Ifrites ou d'une paire de Djinns, pour venir à bout des protestations sans fin et du comportement indigne de ces maîtresses de harem venues de tous les confins des mondes connus. Mais Suleiman a des scrupules ; il rechigne à faire montre de ses pouvoirs et à paraître orgueilleux.

Jusqu'au jour où, grâce à ses pouvoirs inhérents à l'anneau, il surprend et comprend la conversation d'un mâle papillon en discussion serrée avec sa belle. le papillon lui déclare en substance que s'il ne se retenait pas, en un coup de pied, il ferait voler en éclat le beau palais de Suleiman.

Le monarque s'en tient les côtes et pleure de rire mais il comprend, ô combien, le désarroi de ce brave papillon qui peine à juguler les exigences de sa partenaire. Suleiman décide donc de passer un petit marché avec le papillon histoire d'en mettre plein les antennes à la papillonne et qu'elle rabaisse un peu son caquet.

Au signal convenu, c'est-à-dire un coup de pied de papillon, le palais de Suleiman ben Daoud se volatilise dans les cieux et la papillonne en a les ocelles qui pendent… mais cette scène n'avait pas pour seuls témoins le roi et les deux papillons… Je vous laisse découvrir ce qu'il en adviendra…

Bref, du Rudyard Kipling pur jus, toujours aussi grand conteur. J'admire ce talent même si je goûte un peu moins le fond de ses histoires qui ne me fond pas toujours une très grande impression. Mais ce n'est que mon avis, un frêle coup de semelle de papillonne, autant dire, pas grand-chose.

N. B. : Il est à noter que ce conte, issu des Histoires Comme Ça, est l'un des seuls du recueil d'origine à ne pas être un conte étiologique.
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Kipling a habitué ses lecteurs aux parfums exotiques mais ici les épices de l'Inde laissent place aux capiteuses senteurs florales d'un jardin d'Orient.

A travers ce conte tout en finesse qui évoque avec délectation le palais du roi Salomon, fils de David, ce sont les charmes voluptueux du harem royal, peuplé de ses mille épouses, qui agissent sur l'imagination comme un parfum entêtant. Hélas pour le Roi, nul bonheur n'est parfait, et ses nombreuses femmes oisives lui tapent sur les nerfs plus qu'elles n'enchantent ses sens... Réfugié dans son jardin, il rencontre un papillon mâle guère plus heureux que lui et pour à peu près les mêmes raisons. L'infiniment puissant et l'infiniment fragile vont s'allier... le temps d'une bonne leçon.

C'est un pur hasard si j'écris cet avis de lecture le jour censé rendre un hommage universel aux femmes à travers le monde ***vilaine grimace et grincements de dents, j'aime qu'on rende hommage aux femmes chaque jour*** mais cette spirituelle histoire du "Papillon qui frappait du pied" rend autant justice à la sagacité des hommes qu'à celles des femmes. Alors que Kipling nous décrit les femmes du harem royal avec la dose élémentaire de misogynie de son temps, c'est finalement à la belle Reine de Saba, la plus aimée de Salomon, que revient la meilleure ruse... afin de ramener la paix au sein dudit harem.

Bien que Salomon use d'un grand pouvoir pour se faire le complice du papillon dont le malheur est d'être dominé par sa femelle à s'en arracher les antennes, c'est un fait que sa puissance lui vient de ses pouvoirs magiques et de ses djinns bien plus que de son jugement - pourtant si réputé ; à l'inverse, sa reine use, quant à elle, de son intelligence et agit inspirée par l'amour et la compassion, incarnant avec naturel la majesté et la grandeur.

Au-delà des interprétations qu'il suggère, j'ai beaucoup aimé ce conte tout simplement parce qu'il respire l'humour et la poésie et s'inscrit dans un décor des Mille et Une Nuits propice au rêve et à l'exaltation. Un petit plaisir à ne pas bouder et qui donne des ailes... de papillon.


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Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge XIXème siècle 2017
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Suleiman ben Daoud était un réellement vraiment sage monarque. […] Il épousa des femmes tant et plus. Il épousa neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes, sans compter Balkis la Très Adorable : et elles vivaient toutes dans un grand palais d'or, au milieu d'un ravissant jardin d'eaux vives. La vérité, c'est qu'il n'avait pas besoin de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes ; mais, en ce temps-là, tout le monde épousait beaucoup de femmes et, naturellement, il fallait que le Roi en épousât encore bien davantage, rien que pour montrer qu'il était le Roi.
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Il n'y eut jamais
Du bout du vaste monde jusqu'ici
Reine semblable à Balkis.
Mais…
Mais Balkis parlait à un papillon
Comme on ferait à un ami.

Il n'y eut jamais
Depuis que s'est mise à tourner la terre
Roi semblable à Salomon.
Mais…
Salomon parlait à un papillon
Comme ferait homme à son frère.

L'une était Reine de Saba
L'autre était Maître de l'Asie
Tous les deux parlaient à des papillons
Quand ils se promenaient là-bas
Loin de leur patrie.
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Suleiman-bin-Daoud était sage. Il comprenait ce que disaient les bêtes, ce que disaient les poissons et ce que disaient les insectes. Il comprenait ce que disaient les rochers au plus profond de la terre quand ils se penchaient les uns vers les autres en gémissant ; et il comprenait ce que disaient les arbres quand ils frissonnaient au milieu de la matinée.
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– Elle veut que je tape ! Elle veut voir ce qui arrivera, ô Suleiman-bin-Daoud ! Tu sais que je ne peux rien, et maintenant elle ne voudra plus jamais croire un mot de ce que je dis. Elle se moquera de moi jusqu’à la fin de mes jours.
– Non, petit frère, dit Suleiman-bin-Daoud, elle ne rira plus de toi jamais.
Et il tourna l’anneau sur son doigt […] et, grande merveille ! quatre Djinns énormes sortirent de terre à l’instant.
– Esclaves, dit Suleiman-bin-Daoud, quand ce monsieur qui est là sur mon doigt (c’est là qu’était posé l’impudent Papillon) tapera du pied, […] vous ferez disparaître en un coup de tonnerre mon Palais et ces jardins. Lorsqu’il tapera une deuxième fois, vous les remettrez à leur place soigneusement.
– Maintenant, petit frère, retourne à ta femme et tape du pied à cœur joie.
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Suleiman-bin-Daoud […] épousa neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes, sans compter Balkis la Très Adorable ; et elles vivaient toutes dans un grand palais d’or, au milieu d’un ravissant jardin d’eaux vives. La vérité, c’est qu’il n’avait pas besoin de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes ; mais, en ce temps-là, tout le monde épousait beaucoup de femmes et, naturellement, il fallait que le Roi en épousât encore bien davantage, rien que pour montrer qu’il était le Roi.
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