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EAN : 9782070461936
208 pages
Gallimard (05/02/2015)
3.88/5   169 notes
Résumé :
Ettore Majorana m’est “tombé dessus” lorsque je commençais mes études de physique. À lui seul, il incarne la contradiction la plus radicale qui fût jamais apportée à tout ce qui est ordinairement considéré comme ordinaire chez les physiciens. Il est une singularité pure, qui a surgi dans l’Italie des années vingt, au moment où la physique venait d’accomplir sa révolution quantique et de découvrir l’atome.
Né en 1906, Majorana fut un théoricien fulgurant. Ses ... >Voir plus
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Une fois n'est pas coutume, Étienne Klein a remisé au vestiaire sa blouse d'enseignant physicien pour endosser un trench-coat couleur mastic et un borsalino de détective privé... Car Monsieur Klein, cette fois-ci, nous raconte la surprenante enquête qu'il a menée personnellement, un essai digne des meilleurs polars noirs des années 30. C'est d'ailleurs dans ces années-là que se situe l'action principale de l'intrigue. Nous quittons (mais pas tout à fait) la hard science pour le hard boiled !

Ettore Majorana a tout d'un personnage de roman : physicien infiniment doué, il est présenté comme l'un des scientifiques les plus prometteurs de sa génération. Mais comme nul n'est parfait en ce bas monde, il est aussi perçu comme pathologiquement introverti, timide, et peu apte aux relations humaines. Sa fulgurante carrière de physicien des particules et ses idées d'avant-garde bousculeront pourtant la communauté scientifique italienne de l'époque (dont le prix Nobel Enrico Fermi) « avec la vivacité d'un météore » précise la plaque commémorative posée sur l'immeuble où il est né. Car, en effet, Ettore disparaît mystérieusement le 26 mars 1938. Il a alors 31 ans.

Sur les raisons de sa disparition, le mystère reste total. Son corps n'a jamais été retrouvé. Tout au plus peut-on, à l'instar de Sherlock Holmes, chercher à entrevoir la vérité après avoir examiné toutes les pistes et éliminé les hypothèses les plus saugrenus. On a presque tout dit sur la disparition de Majorana (et j'en rajoute un peu pour le fun) :
- Il s'est suicidé lors d'une traversée à bord d'un paquebot reliant Naples à Palerme, ou à son arrivée dans l'une de ces deux villes ;
- Il a trouvé refuge dans un monastère, où il a conservé l'anonymat pour le restant de ses jours ;
- Il s'est exilé en Argentine, à moins que ce ne soit au Venezuela (ça dépend des différents témoins qui prétendent l'avoir rencontré des années plus tard) ;
- Il a été enlevé par les services secrets d'un pays ennemi aux ressortissants à l'accent guttural pour travailler sur la bombe atomique ;
- Il a été enlevé par des extra-terrestres intéressés par ses travaux utilisés dans la mise au point de moteurs supraluminiques ;
- Il est devenu SDF, ne supportant pas l'idée d'avoir raté le prix Nobel ;
- Il a basculé dans une autre dimension, après la découverte d'une particule susceptible d'engendrer un excès de matière noire et de provoquer des trous de ver dans le continuum spatiotemporel…

Étienne Klein n'explore pas tous les scénarios exposés ici, loin s'en faut, mais son enquête, devenue obsessionnelle au fil du temps, le conduit quand même à se rendre en Italie, pour rencontrer les derniers témoins, la famille, pour visiter avec émotion les différents lieux fréquentés par le physicien, pour refaire le dernier trajet connu afin de mettre au clair ses idées par une ultime reconstitution, comme s'il devait élucider une scène de crime…

Étienne Klein n'apporte avec cette enquête aucun scoop de nature à révolutionner l'histoire des sciences. Il ne creuse pas les scénarios spéculatifs en laissant ce travail aux journalistes à sensation (les pistes argentine et vénézuélienne ont été récemment réactivées par des enquêtes italiennes) mais se contente simplement de remettre au goût du jour un physicien longtemps ignoré, et s'appuie, en bon scientifique, sur les faits avérés (à savoir les courriers et les témoignages directs authentifiés).

En annexe, le lecteur trouvera deux petits développements indispensables, de nature à satisfaire sa curiosité : une rapide présentation des contributions de Majorana à la physique quantique, montrant en quoi elles continuent d'intéresser la recherche actuelle (neutrino, antimatière, matière noire), et une thèse concernant l'un des motifs de la disparition du physicien : son refus de participer à la conception d'une bombe atomique dont il entrevoyait les conséquences irrémédiables.

Le lecteur exigeant pourra regretter l'absence d'explications scientifiques plus poussées sur les théories de Majorana ainsi que l'absence d'une démonstration plus convaincante levant le voile sur la disparition du savant. Des essayistes en tout genre nous abreuvent régulièrement de révélations tonitruantes et de vérités enfin révélées – sur l'identité de Jack l'éventreur, sur l'assassinat de JFK, sur l'authenticité du Saint-Suaire… – et on s'était un peu habitué à ça, même si chacune des théories invalidait la précédente. Rien de tel en science. Nul ne sait vraiment si les neutrinos se révèleront être « de Majorana » ou « de Dirac ». Nul ne peut prédire si des particules supersymétriques seront un jour découvertes dans le LHC. Nul ne sait dans quelle dimension cachée de l'espace-temps a atterri Majorana. Il n'empêche que le présent essai d'Étienne Klein, même s'il n'apporte pas toutes les réponses malgré l'imperméable et le chapeau mou, reste, comme toujours avec cet auteur, accessible à tous et passionnant de bout en bout.
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Autant prévenir tout de suite : ce livre n'est pas une lecture légère. Mais, peu épais (208 pages, annexes et bibliographie comprises), il est passionnant et d'une grande richesse.

Majorana, dont j'ignorais le nom et l'existence avant d'entendre Etienne Klein en parler, est un génie dont ‘'les travaux ont porté sur les particules élémentaires, les forces nucléaires et l'antimatière. Certains ne furent compris que dans les années soixante. D'autres sont encore à déchiffrer. Cet authentique génie, de la trempe de Galilée et de Newton, avait «des dons qu'il était le seul au monde à posséder à son époque». Mais de tels dons ont leur contrepoids : Majorana ne savait pas vivre parmi les hommes, et c'est la pente pessimiste et tourmentée de son âme qui finit par l'emporter.'' (je cite l'auteur). Voilà, résumé en trois phrases, le contenu du livre.
Suivre cette destinée extraordinaire et fulgurante c'est :
- mettre un orteil dans des théories scientifiques auxquelles se référent de nos jours nombre de chercheurs (‘' les travaux de Majorana parlent aux chercheurs d'aujourd'hui, comme s'il leur avait intensément préparé le terrain, creusant des pistes auxquelles il est le seul à avoir songé.'') ; je l'avoue, certaines explications me sont passées un peu au-dessus de la tête car mes connaissances en physique sont très basiques et très incomplètes
- naviguer dans une époque (les années 1920/1930) de foisonnement dans le domaine scientifique (les prémices de la physique nucléaire) et de grands bouleversements politiques (la montée du fascisme en Italie où est né et vit Majorana et en Allemagne où il y effectue un séjour scientifique pendant quelques mois)
- côtoyer des scientifiques de renom et assister, au quotidien, à la vie de ces équipes de haut vol
- suivre la vie d'un être génial mais totalement inadapté au monde des hommes, désintéressé (il a volontairement laissé à des collègues la paternité de ses découvertes, ce qui a valu un prix Nobel à deux d'entre eux) et en recherche constante de ce que les autres humains ne voit pas (‘' le réel, le vrai, n'a rien à voir avec ce qui est concret et se laisse atteindre par des mathématiques très sophistiquées'' : il a inventé un langage pour décrire ce qui paraissait impossible ou n'était pas concevable à l'époque)
- être confronté à la solitude de plus en plus pesante d'un enfant surdoué (et donc décalé par rapport à son entourage), d'un élève surpassant ses maîtres et d'un jeune chercheur tellement en avance sur son époque qu'il est incompris (voire ignoré) de la majorité de ses congénères.

Enrico Fermi, directeur de l'Institut de Physique dans lequel Majorana entre en 1928 et prix Nobel de physique en 1938 (prix qu'il doit, en partie, aux travaux de Majorana), dit de ce dernier : ‘'Il existe diverses catégories d'hommes de science : les scientifiques de deuxième rang, hommes de la périphérie inaptes à se relier au centre même de la science, qui font simplement de leur mieux mais ne vont jamais bien loin ; les scientifiques de premier rang, qui parviennent à des découvertes de grande importance, fondamentales pour le développement de la science (pour info : Fermi se plaçait dans cette catégorie) ; enfin, les génies, de la trempe de Galilée et de Newton. Majorana est de ceux-là ; il a des dons qu'il est le seul au monde à posséder. Malheureusement, il lui manque ce qu'il est courant de trouver chez les autres hommes : le simple bon sens. Et sans ce pragmatisme ordinaire, la vie quotidienne peut facilement tourner au désastre''


Vous l'aurez compris : ce livre est un exposé (succinct) de théories scientifiques, une étude anthropologique et sociologique et un roman policier, l'auteur cherchant à éclaircir la disparition de Majorana. Et il n'est pas dénué d'humour : j'ai ri en lisant l'anecdote du scientifique qui, au lieu de sortir de l'ascenseur surchargé qui refuse de démarrer, saute au moment d'appuyer sur le bouton… et l'ascenseur démarre.
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En écoutant Etienne Klein sur France Culture, j'ai eu envie de découvrir les talents littéraires de l'animateur, scientifique renommé et alpiniste chevronné. Et je suis tombé en arrêt sur ce livre qui proposait un audacieux jeu d'équilibriste entre le traité scientifique de vulgarisation et la biographie. de plus ce Majorana ne me disait rien de rien …. Illustre inconnu dont je me suis empressé de dévorer l'évocation par E Klein.
Ettore Majorana fait partie de ces étoiles filantes comme Evariste Gallois ou encore Mozart qui éblouissent le monde à leur passage mais se consument pour s'éteindre presque aussitôt. Son art à lui, c'est la physique atomique, quantique assortie d'une capacité de calcul hors du commun. Mais ce génie est pour le moins effacé et semble avoir désespérément cherché à effacer toutes traces de lui. Et ce notamment par sa disparition si énigmatique et au final si représentative de la vie de cet homme si peu fait pour la vie ordinaire.
Etienne Klein a su tenir mon intérêt tout au long de ce récit en réussissant le tour de force de mettre en perspective les travaux de Majorana et tout l'intérêt presque divinatoire qu'on lui donne actuellement. Un livre au final qui peut intéresser un large public, curieux et pas forcément expert en physique quantique.
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Cette biographie romancée est un petit livre de 200 pages à peine qui raconte la vie d'un physicien incroyablement doué, un pur génie, Ettore Majorana. Celui-ci a mystérieusement disparu sans laisser de traces dans les années 30, à l'âge de 32 ans, en Italie, une disparition encore aujourd'hui non expliquée et un mystère non résolu.
Alors qu'il fait partie d'une bande de physiciens passionnés par leurs recherches, tous enthousiastes, Ettore Majorana semble vivre en dehors du monde, n'éprouver aucune joie extérieure, ne se fondre dans aucune relation intimiste. Il se passionne pour la physique des particules et en particulier pour les applications autour de la théorie des neutrinos (dont je n'avais jamais entendu parler je vous rassure).
Ses découvertes majeures ne sont pas encore toutes élucidées aujourd'hui, c'est dire à quel point il était en avance sur son époque...
A-t-il eu peur des conséquences de ses découvertes pour l'humanité ? Avait-il des dons de prémonition ?
L'auteur remonte à ses premières rencontres virtuelles avec Ettore Majorana, qui ont déclenché son envie d'en savoir plus. Il nous décrit l'enfance du physicien, sa vie de famille et son incroyable passion (don ?) de jeunesse pour les mathématiques, puis devenu adolescent, son désir de devenir ingénieur...mais, le destin en décidera autrement. En effet, alors qu'il fait des études pour le devenir, Ettore Majorana croise Enrico Fermi, un jeune chercheur en physique quantique, une nouvelle discipline montante. Majorana abandonne alors ses études pour s'intégrer à son équipe...les "ragazzi."
Mais c'est un jeune chercheur timide et discret qui ne veut jamais publier ses travaux. L'important pour lui est d'avoir des réponses à ses questions, pas de se faire connaître...et s'il les note, c'est pour lui seul, pour s'en souvenir, souvent d'ailleurs il les écrit sur un simple paquet de cigarettes qu'il va jeter ensuite sans regret... une fois les cigarettes toutes consumées.
Voilà le lecteur pris au piège...voulant en savoir davantage sur cet étrange et fascinant personnage, un génie c'est certain, pour qui le monde ne va pas assez vite, qui est toujours en avance sur les autres et sur son temps, tout en étant totalement exclu du monde, inadapté et finalement très seul...
Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences, "hanté" depuis des années par ce personnage hors du commun, peu connu en France (totalement inconnu par moi avant la lecture de ce roman), mais célèbre en Italie, nous livre ici une biographie romancée passionnante, à la portée de tous, bâtie comme un polar, pleine d'humour et de poésie.
Je reconnais ne pas avoir tout compris des détails qui étayent le récit concernant les découvertes scientifiques autour de la physique quantique, faites par le groupe de physiciens (j'ai fini je l'avoue par quelquefois les survoler, sachant d'avance que je n'y comprendrai rien ou presque) mais le propos n'est pas là finalement.
Tout est dans la description d'une ambiance particulière : celle de l'époque et de la recherche scientifique (très différente de celle d'aujourd'hui), des liens d'amitié et de respect entre les chercheurs, de la vie en Italie, légère dans ce milieu universitaire malgré la montée du nazisme, et de la passion pour la physique et les Sciences en général, qui les unit.
Le drame intérieur vécu par cet homme solitaire, car incapable de communiquer avec ses semblables, explique peut-être son étrange disparition...qui reste aujourd'hui encore un mystère non élucidé.
L'auteur nous raconte les faits, des anecdotes sur le personnage et sur ses amis. Il détaille ses propres recherches qui l'ont menées jusqu'en Italie et en Allemagne. Il nous propose donc de marcher dans ses pas et du coup, nous fait connaître ce grand génie du XXe siècle...
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Le physicien italien Ettore Majorana a disparu le 27 mars 1938 , à l'âge de 32 ans, sans laisser de traces, ayant au préalable annoncé sa probable disparition à ses proches. Pourquoi un physicien comme Etienne Klein lui dédie-t-il un ouvrage entier ? Parce ce quasi-inconnu du grand public était un physicien exceptionnel, hors du commun même, et ce petit livre fait un bon travail en nous démontrant pourquoi.

Klein nous présente un homme très atypique, calculateur de génie, presque autiste dans sa timidité et son refus des honneurs, et qu'il n'hésite pourtant pas à comparer à des géants comme Galilée et Newton. Une très lourde comparaison, s'il en est! Klein étaye ce grandiose hommage par une argumentation qui fait mouche: les thèses défendues par Majorana étaient si en avance sur son temps que ce n'est qu' aujourd'hui qu'il devenu un nom incontournable de la physique moderne. En fait , un demi-siècle avant même que le concept de Matière Noire n'émerge comme LE mystère et LA priorité de la physique d'aujourd'hui, les théories du jeune génie italien contenaient peut-être déjà en germe une possible solution, réalisant ainsi une extraordinaire prouesse intellectuelle, incomprise pendant longtemps. Cela reste à prouver, bien sûr.

Ce livre n'est pas du tout technique, et s'attarde bien en effet sur la courte vie et la personnalité hors du commun du savant italien. Klein fait en passant un très chouette portrait de la bande de ragazzi qui entouraient le fabuleux Fermi et de l'ambiance qui régnait chez les physiciens durant la période qui vit naître la physique quantique. On sent bien que Etienne Klein est personnellement motivé par son sujet, rencontrant les descendants, visitant les lieux de vie de Majorana, s'interrogeant pertinemment sur les raisons qui poussent un tel homme à renoncer à sa vie. La lecture de son enquête est aussi agréable qu'informatrice, jetant de la lumière sur la carrière de Majorana, mais aussi sur ses idées philosophiques, source peut-être d'un certain mal de vivre.

Klein termine son ouvrage en nous livrant des hypothèses fondées sur les dernières informations concernant la dernière journée du physicien, ce qui laisse celui-ci un peu comme le proverbial chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant. Si les circonstances de la disparition sont intéressantes, cela reste un peu anecdotique et l'on sera plus sûrement ému en pensant à ce qu'aurait pu accomplir cet homme étonnant.
En lisant sur Majorana, on ne peut s'empêcher de penser à Evariste Gallois, génial mathématicien de 21 ans qui n'eut qu'une seule nuit pour écrire sa théorie fondamentale, avant de se rendre au duel à l'aube dont il devinait l'issue fatale. Voilà deux jeunes hommes exceptionnels dont la science a été privée trop tôt, l'un par une coutume barbare et l'autre par une blessure intérieure que l'auteur ici ne peut qu'esquisser.

A noter que le livre finit par un appendice plus technique mais bienvenu sur les théories de Majorana.

Un bon livre donc, facile à lire, presque émouvant et toujours intéressant sur un homme qui mériterait d'être plus célèbre. Recommandé !!
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critiques presse (4)
Lexpress
20 décembre 2013
"Penser n'équivaut pas à exister", tel est le douloureux constat que nous adresse Majorana depuis son refuge, loin des hommes. Etienne Klein nous le rend magnifiquement fraternel et signe un grand livre existentiel.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
04 décembre 2013
Cet essai est aussi un vrai roman littéraire, existentiel, sur le mystère du génie humain. Etienne Klein est non seulement un brillant physicien [...] mais il est aussi un bon vulgarisateur, un écrivain de talent et un alpiniste confirmé ayant besoin de se frotter aux sommets pour, sans doute, mieux cerner la fragilité et la beauté humaine.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
04 décembre 2013
Le chercheur-détective interroge et déduit – mais la solution, au final, s'évapore. Peu importe, car cet échec a la poésie, la grâce d'un roman noir, de ceux qui effleurent sans jamais déflorer et nous laissent, comme l'auteur lui-même, sur un trottoir de Palerme, seuls avec notre admiration.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
01 octobre 2013
Loin d’une biographie classique ou d’un cours sur l’apport du physicien, ce livre en donne une image plus large.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Majorana pourrait ainsi avoir résolu un problème capital de l'astrophysique à une époque où ce problème ne s'était pas encore posé et où les mots pour le dire n'existaient pas tous...
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Il a compris une chose essentielle ; il n’y a finalement que deux grandes possibilités de contact avec la réalité matérielle : le contact brut, direct, qui bute sur les choses, les soupèse et en infère leurs diverses propriétés ; et le contact « en miroir », qui, par un jeu de correspondance entre le visible et l’invisible, remplace la présence des choses par leur mise en concepts. C’est cette seconde sorte de contact, consistant à doubler la réalité matérielle par autre chose que son apparence première, à la sublimer en un jeu d’équations incompréhensibles pour le commun des mortels, qui donne toute sa puissance opératoire à la physique. Celle-ci vise à proposer de la matière concrète une représentation abstraite qui permettra, en retour, à l’issue d’une sorte de galipette, de la saisir en ce qu’elle est vraiment. En définitive, nos sens ne nous apprennent rien sur ce qui se trame en profondeur dans la matière, à l’abri de nos grossiers percepts.
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A Leipzig, Majorana lit Schopenhauer, l'homme d'un seul livre, Le Monde comme volonté et représentation. Le ténébreux philosophe y explique que la souffrance est le fond de toute vie et son propos ne peut que séduire ceux qui ont une sensibilité un peu plus aiguë que la moyenne à la souffrance universelle. On y trouve d'ailleurs l'une des phrases les plus tristes de toute l'histoire de la philosophie : " La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui"... Il est difficile de concevoir que Majorana ait jamais pu s'ennuyer - trop haute température cérébrale -, mais il n'est pas difficile de l'imaginer amarré à son mal-être tout autant qu'à la physique.Et je préfère ne pas trop parler ici de la façon dont Schopenhauer (ce grand élaguer de la chasteté qui eut quelques liaisons mais fréquenta surtout les femmes par nécessité et "hygiène") conçoit l'amour. Sous sa plume, il devient une activité stéréotypée et cocasse qui concerne les seuls intérêts de l'espèce, laquelle veille à ce que se répète indéfiniment l'illusion de l'amour, nécessaire à la permanence de ses desseins aveugles. Difficile, sans doute de tomber amoureux avec un tel viatique en bandoulière...
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Dans sa bibliothèque se trouvait en bonne place Science et Méthode, d'Henri Poincaré, ans lequel on peut lire ces phrases : "Il suffit d'ouvrir les yeux pour voir que les conquêtes de l'industrie qui ont enrichi tant d'hommes pratiques n'auraient vu le jour si ces hommes pratiques avaient seuls existé, et s'ils n'avaient été devancés par des fous désintéressés qui sont morts pauvres, qui ne pensaient jamais à l'utile, et qui pourtant avaient un autre guide que leur caprice. C'est que, comme l'a dit Match, ces fous ont économisé à leurs successeurs la peine de penser."
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Il invente pour l'occasion une nouvelle méthode de représentation des groupes qui lui fournit l'outil mathématique pour écrire une équation à la fois quantique et relativiste, valable pour toutes les particules élémentaires. Un pur chef-d’œuvre qui tient en neuf petites pages. Lorsque Wolfgang Pauli le découvrira, en 1940, lui qui d'ordinaire ne complimente personne déclarera être impressionné par sa puissance conceptuelle. Dans les années 1960, Eugene Wigner, croyant découvrir une nouvelle représentation des groupes, ne fera que redécouvrir ce que Majorana avait mis au jour. (...)
Cet article de 1932 sur le spin des particules a passé trente-cinq ans au cimetière des oublis avant d'être redécouvert et ressuscité, tel un Bel au bois dormant. Ainsi, Majorana a élaboré son propre idiome, qui se révèlera dans la seconde moitié su XXe siècle un espéranto de l'exactitude.
C'est à partir des années 1960 que son nom, associé à diverses notions, équations, particules ou théories, envahira presque tous les champs de la physique à mesure qu'elle se perfectionnera et gagnera en maturité : forces de Majorana, transition de Majorana, équation de Majorana, champ de Majorana, transformation de Majorana, algèbre de Majorana, neutrino de Majorana, fermions de Majorana, sphère de Majorana... On pourrait parler d'une « majoranisation » progressive de la physique.
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Où en est-on de l'exploration de la planète rouge ? Y enverra-t-on bientôt des hommes ? Comme l'a écrit notre invité Francis Rocard : "Certains pensent que l'entreprise est impossible. Pourtant, l'impossible est aujourd'hui en préparation."
Pour aborder toutes ces questions passionnantes, Etienne Klein reçoit : Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d'exploration du système solaire au CNES. Virgile Malarewicz, jeune docteur en planétologie martienne, dont le travail de thèse a porté sur la formation et l'évolution de la croûte primitive martienne.
Visuel de la vignette : le film "Seul sur Mars" ("The Martian"), sorti en 2015. L'acteur américain Matt Damon incarne l'astronaute Mark Watney resté seul sur la planète rouge dans un campement. (TWENTIETH CENTURY FOX) / AFP
#mars #astronomie #espace __________ Retrouvez d'autres grands entretiens scientifiques par ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrr_Kd-8Hzj20Jo6qwhHOKI7
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