— M. Bowman est l'un des hommes les plus splendidement bâtis que j'aie jamais rencontrés. Je ne vois pas ce que tu peux trouver à redire à son apparence.
— Son maintien, marmonna Hannah.
— Quoi, son maintien?
— Il ne se tient pas droit. Sitôt dans un fauteuil, il s'avachit.
— C'est un Américain. Ils sont tous ainsi. Le poids de leur portefeuille les entraîne vers le bas.
Je vous en prie, épousez-moi pour que je cesse d'essayer d'être heureux et qu'enfin je le sois ; tout simplement.
- C'est un emploi rémunéré. Je ne reçois pas de gages, mais plutôt une pension.
La tête inclinée de côté, il l'observa avec attention.
- Quelle est la différence?
- Des gages impliqueraient que je suis une domestique.
- Je vois. Et que faites-vous en échange de cette pension?
Son insistance était vraiment irritante.
- Je tiens compagnie à lady Natalie, je bavarde avec elle et, à l'occasion, je joue les chaperons. Je fais aussi un peu de couture et je rends tous les petits services susceptibles de faciliter l'existence de lady Natalie, comme de lui apporter son thé ou d'effectuer quelques courses.
Une étincelle moqueuse palpita dans son regard sombre.
- Mais vous n'êtes pas une domestique.
Parfois, il existait des amitiés rares et merveilleuses dans lesquelles les liens d'amour étaient plus fort qu'entre soeurs véritables.
- Pers... personne ne sait comment s'y prendre avec les hommes, déclara Evangeline d'un ton ferme. Ils ne savent même pas comment s'y pren... prendre avec eux-même.
La sagesse populaire voulait qu'une femme dans sa situation rencontre un jour un autre homme et qu'elle oublie tout de Rafael Bowman. Mais elle ne voulait pas d'un autre homme. Il n'en existait pas d'autre comme lui.
Saint-Vincent quitta le lit et revint avec un grand coffret de cuir. Il le posa sur la table toute proche.
- J'ai apporté les bijoux de famille, annonça-t-il.
- Je sais, répondit-elle d'un ton languissant.
Il s'esclaffa en suivant la direction de son regard.
- Non, mon ange, les autres bijoux de famille.
Il suffisait d'une heure passée en sa compagnie pour savoir à peu près tout ce qu'il y avait à savoir sur elle.
Je parle d’amour véritable, de celui qui vous fait éprouver de la fureur, de la joie et du désespoir tout à la fois. De cet amour qui vous incite à toutes sortes de sacrifices pour le bien de l’autre.
- Mon grand-père m'a dit un jour que le secret du bonheur, c'est simplement d'arrêter de le chercher.